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3,72

sur 523 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Exit les longues et belles phrases, les tournures syntaxiques recherchées et le vocabulaire distingué. Dans Rhapsodie des oubliés, les phrases vont droit à l'essentiel, les mots claquent et le vocabulaire est souvent brut et cru.

En donnant la parole à Abad, un jeune blédard libanais -pardon : « primo-arrivant »- de 13 ans et en usant d'un langage de rue à la fois grossier et sans filtre, inventif et drôle, mais qui en changeant de perspective sait parfaitement s'adapter pour devenir plus littéraire, plus doux, plus poétique aussi, Sofia Aouine signe un premier roman détonnant, vibrant, percutant de justesse et de sincérité.

Rhapsodie des oubliés est un roman qui parle vrai. Aucune surenchère ici, aucun misérabilisme. Juste la description d'une réalité sociale telle qu'elle existe aujourd'hui dans les quartiers sensibles des grandes villes françaises.

Bienvenue à la rue Léon, Barbès, Goutte-d'Or, Paris XVIIIème

A travers les émotions et les réflexions d'Abad, l'auteure raconte un quartier et ses habitants et offre une voix aux oubliés, à tous ces êtres abîmés qui vivent, ou plutôt survivent, dans un quartier gangrené par la crasse, la misère et la violence.

Rhapsodie des oubliés est un roman sur les rêves avortés et sur les envies d'amour grandes comme le monde.

S'il nous livre des fragments de sa vie en posant un regard lucide et sans concession sur le monde qui l'entoure et plus particulièrement sur sa famille défaillante et son quartier comportant son lot de désespérés et de dégénérés, Abad s'accorde parfois de brefs instants de répit dans son besoin de s'anesthésier la vie. « Sur le boulevard des rêves brisés », il ose parfois espérer un avenir meilleur.

Alors qu'il est en pleine explosion hormonale et commet bêtise sur bêtise, trois femmes croisent son chemin et vont lui apporter, chacune à leur façon, un peu d'espoir et de lumière, un rempart face au monde qui le dégoûte: Ethel, la dame « d'ouvrir dedans » aka Shrek, qu'il insulte mais qu'au fond il aime bien; Odette, la voisine aux cheveux poussière dont la mémoire flanche de plus en plus et de plus en plus souvent et qui lui a offert une seconde maison et presque une seconde mamie; Gervaise, la prostituée camerounaise aux destin tragique, avec « ses yeux de chats et un visage d'ange sur un corps de pute » et cette « tendresse de maman au fond des yeux ».

Ethel, Odette, Gervaise. Trois femmes qui révèleront un Abad attentionné, sensible aux autres et très touchant dans sa quête d'amour et de liberté.

Sofia Aouine signe avec Rhapsodie des oubliés un très beau premier roman. Fort, intense et profondément humain.


Lien : https://livrescapades.com
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Dans ce 1er roman, Sofia Aouine enfonce sa plume parfois très fort dans le papier pour décrire l'âpreté de l'univers du jeune Abad. D'un portrait à l'autre on découvre le périmètre dans lequel s'est inscrit l'enfance ballotée du héros. Tous ces personnages qu'il y côtoie ou qu'il croise constituent une grande famille, avec ceux aimés, et tous les autres, les détestés. le propos est abrasif, cru, mais terriblement percutant. Les vicissitudes de la vie ont allongé les distances entre les êtres et, dans cette ode à la nostalgie qui ne dit pas son nom, l'auteure conclut superbement dans son épilogue :"Ce qui nous lie, ce sont les enfants que nous avons été".
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Rue Léon .
Une ville dans la ville .
[ ma rue a la gueule d'une ville bombardée, une gueule de décharge à cul ouvert, une rue qui ne dort jamais, où les murs ressemblent à des visages qui pleurent ...]

Un arabe .
Deux grand yeux noirs .
Qui bouffent l'esprit .
[ les adultes oublient toujours leur enfance, c'est pour ça qu'ils deviennent des vieux cons ]

Un monde qui dégoûte .
Une putain de vie .
Et parfois des sourires, pour changer .

Les souvenirs qui remontent .
Le coeur au bord des lèvres , en miettes .
Les longs silences des rêves brisés .

[ on avait tous un point commun en dehors de nos familles un peu cassos : on voulait grandir sans entraves, sans dieu, sans maître, vivre vite et atteindre même un bout de cette jouissance autorisée uniquement aux gens bien nés ]

Un récit bouleversant .
Une lecture moderne, actuelle .
Avec un style particulier .
C'est brut et brute .
C'est pas gai, c'est triste, c'est vrai .
C'est pas poli et toujours pas poli .

[ une course contre le temps, contre la société, une course pour la vie ]
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Ce livre c'est avant tout une rencontre. Peu probable au départ puisque, tu le sais, ce n'est pas vraiment mon genre littéraire de base. J'y suis allée comme ça pour le fun, pour avoir mon nez dans des livres, pour m'asseoir quelques instants dans ce lieu de perdition qu'est une librairie.
Elle était là avec son éditrice, on s'est dit bonjour puis elle a commencé à parler de son livre et là, y a un truc qui s'est passé. Un de ces trucs que tu ne peux pas expliquer sous peine de tomber dans l'ésotérisme ou la sorcellerie. Va savoir ce qui s'y prête le mieux.
La passion, l'authenticité, l'émotion, la force, la puissance, la douleur, la tristesse, l'espoir, l'empathie, l'amour, l'aura ...tout ...comme je l'ai rarement ressenti.
J'ai gobé ses paroles, j'ai absorbé cette histoire, son histoire et en suis restée bouche bée.
Une fois rentrée, j'ai éprouvé le besoin de m'engloutir dans cette lecture. Une envie irrésistible de plonger dans cette rhapsodie pour ne pas l'oublier...

Et ce fut drôlement bon. Clairement à la hauteur de ce que j'en avais entendu.

"Rhapsodie des oubliés" c'est le récit d'Abad, un gosse de treize qui tente tant bien que mal...plutôt mal...de grandir, de se forger dans un quartier difficile. Ce quartier de la Goutte d'or, je ne le connais pas mais, au travers des mots de Sofia, je l'ai découvert comme si j'y étais. Je peux pas dire que j'ai envie d'y passer des vacances, mais quoi qu'il en soit, les rencontres que j'ai faites dans ce drôle de quartier sont inoubliables. Des vieilles dames, des putes, des djihadistes en devenir, des dealers, des clodos, des immigrés, des cassos en tout genre...bref tu l'as compris, le panel complet de toute une ville, de toute une vie. Beaucoup de douleurs dans ces destins mais aussi beaucoup d'amour et d'espoir.

Tu ressentiras les odeurs, la chaleur. Tu ressentiras chaque émotion et tu verras chaque coin de rue comme si tu y étais, caché à observer cette "faune" en pleine action. Action de vie à l'état pur.

Elle te raconte tout ça avec des mots qui te transpercent. Des mots qui filent droit à ton âme et à ton coeur avec spontanéité, authenticité. Des mots qui te filent, par moment, des ruisseaux dans les yeux...comme les mots de Colette, ceux de la fin qui m'ont littéralement foutu la boule à la gorge...

C'est beau. C'est fort. C'est puissant et c'est à lire absolument !
Lien : https://sangpages.com/2020/0..
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Ce roman, depuis sa sortie, fait beaucoup parler de lui...et on comprend pourquoi, car, pour un premier roman, c'est une franche réussite !

À travers, l'histoire d'Abad, c'est tout le mal-être de la jeunesse, tout le mal-être des habitants de la banlieue qui nous est présenté, grâce notamment à cette écriture particulière, qui flirte avec le comique (bien que ce langage soit réel) et qui, certes, respire la violence contenue, mais également toute la compassion de l'auteur pour ces fameux oubliés dont elle a fait des héros : les immigrés, les prostituées, les jeunes de la banlieue, la fille de déportés...

Un roman au style, certes, particulier, mais qui est une véritable réussite sur toute la ligne.
Lien : https://leslecturesduprofess..
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Avec mes remerciements à Babelio.com et Audiolib

« Ma rue raconte l'histoire du monde avec une odeur de poubelles. Elle s'appelle rue Léon, un nom de bon Français avec que des métèques et des visages bruns dedans.

Alerte coup de coeur

Et d'entrée de jeu ma note de 10/10 pour ce premier roman qui m'a laissée sur le cul, comme dirait le héros du livre !

En regardant vivre Abad, 13 ans, dans le quartier parisien de la Goutte d'Or, on se remémore inévitablement le Momo de la vie devant soi d'Emile Ajar, celui de Philippe Hayat (Momo des Halles), celui de la vie est un long fleuve tranquille ou bien encore le Antoine Doinel des 400 coups. Mais Abad, adolescent en pleine puberté, est profondément ancré dans notre époque. Il s'exprime avec un langage cru, très cru même parfois (âmes coincées s'abstenir). Il raconte son quartier, les putes qui marchent, les Femen à poil, les Barbapapas (barbus islamistes), les Batman (filles voilées), il raconte les branlettes avec les potes, le crack, les trafics de came, la violence, la case psy (la dame à «ouvrir dedans» qui lui offre un cahier pour raconter), l'aide sociale à l'enfance, Netflix, Facebook et Twitter... et puis il y a aussi la fille d'en face et les premiers émois amoureux, Gervaise, les livres un peu ... la vie quoi ... sa vie !

Et tout ce joli univers porté par une verve acérée, une gouaille authentique (parfaitement restituée par la voix de l'actrice Ariane Ascaride) et un rythme effréné (je l'ai «lu» en deux fois), mais aussi par des pages pleines de tendresse et de douceur qui rendent hommage aux mères, aux vieux, à l'amour, à l'amitié.

A la première occasion, je cours acheter le livre pour le feuilletter, l'annoter, pour rire encore, finir mon paquet de mouchoirs et m' imprégner davantage de ces images et de ces odeurs pour ne pas oublier ces oubliés et je vous invite à en faire de même.
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Abad, petit exilé libanais, a 13 ans et, avec ses parents il vit à Barbes, Goutte d'Or dans le 18ème. Sa rue, son univers c'est la rue Léon « Un nom de bon français avec que des métèques et des visages bruns dedans [...] Une rue qui ne dort jamais, ou les murs ressemblent à des visages qui pleurent»
Il est malicieux, turbulent, plein de vie et il arpente son quartier avec un regard plein de lucidité et de tendresse. Aux prises de l'adolescence, son principal souci ce qui lui torture la tête c'est l'amour et surtout le sexe. Obsession qui le conduiront, lui et ses compères de bêtises, dans la catégorie des «primo-délinquants ». Pour éviter la récidive il sera sommé d'aller voir « la dame censé guérir son dedans » Madame Futherman, la psychologue. Au fil de ses rendez-vous « d'ouvrir dedans » Abad nous raconte son quartier, sa rue aux odeurs de poubelle, ses habitants cosmopolites.
Ce livre est le récit de tranches de vie: ceux qu'on ne voudrait pas voir ceux qui vendent leur corps pour survivre, ceux qui dés l'école sont stigmatisés par leur nom ou leur origine, ceux qui honteux de ne pouvoir subvenir à leur famille préfèrent disparaître, ceux qui se droguent, ceux qui frappent, ceux qui hurlent, ceux qui tombent dans l'extrémisme, le fanatisme, « ces Barbapapa qui veulent faire de la rue Léon leur califat » et qui enferment leurs soeurs sous des voiles les transformant en Batman.
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C'est un texte plein de rythme avec des phrases qui claquent, des mots qui s'entrechoquent. Un livre où cohabitent l'humour, le cocasse et la plus insoutenable détresse. Mais ce sont aussi de magnifiques portraits de femmes: Ethel la psychologue, Gervaise la prostituée camerounaise, Odette la voisine grand-mère de substitution chez qui Abad se réfugie tous les soirs après l'école ou encore Nour, « la fille d'en face » qui offrira ses premiers baisers dans le local à poubelle.
Un récit plein de verve, de gouaille,percutant et imagé. Une langue crue pour une réalité cruelle ou l'émotion n'est jamais loin rendant ce personnage des plus attachants.
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Les avis du Kawa
Abad, 13 ans, vit dans le quartier de Barbès. Rêvant de vivre pleinement sa vie et d'échapper à son destin, il tente de briser les règles imposées par sa famille
C'est l'histoire d'un Gavroche d'aujourd'hui. Sofia Aouine dresse un portrait truculent du 18eme arrondissement de Paris et de ses habitants. Délinquants, égarés, dealers, clodos, putes, maquereaux, vieux, immigrants...elle leur donne une voix avec une langue de la rue, imagée, créative, irrésistible. Un livre beau, fort et bouleversant. Un grand et gros coup de coeur!
Un livre choc, brillant avec des passages profondément émouvants comme l'histoire d'Ida. Dans une galerie de damnés, quelques fleurs comme Odette ou Gervaise mais les fleurs s'accordent mal de la souffrance, même si elles parviennent à redonner un peu d'espoir ou de vie à l'être en errance. Horreur de l'exil. Blessure indélébile. Cancer du salafisme parfaitement observé.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Coup de coeur!! Pour un premier roman, c'est une sacrée réussite ! Je me suis régalée et j'ai adoré suivre les tribulations de l'inoubliable Abad qu'il est difficile de ne pas prendre en affection! Un ado de 13 ans hyper attachant et touchant qui essaie tant bien que mal de trouver des réponses à toutes les questions qui se bousculent au portillon de la Goutte d'Or. Parce qu'il n'est pas tous les jours facile de grandir dans ce quartier de Barbès entre les prostituées, les dealers, les problèmes d'argent, des parents qui font ce qu'ils peuvent, la violence et les fanatiques. Quand en plus les hormones font leur révolution et vous chatouillent le bas-ventre, c'est le bordel...! C'est aussi un très beau plaidoyer pour les vies cabossées, les invisibles, les poissards et laissés pour compte.
L'écriture de Sofia Aouine est explosive, crue, sans chichi ni tortillon, touchante, très évocatrice, vivante et dans le même temps d'une incroyable poésie! Ça claque, ça swingue, ça pétarade et c'est aussi très drôle ! Une histoire rythmée où l'on ne s'ennuie pas un seul instant à côtoyer une galerie de personnages émouvants. Bref, un petit bijou! Bravo pour ce premier roman, vivement le prochain !
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Abad est un jeune ado d'origine libanaise qui, dans l'appart' familial de la rue Léon du quartier Barbès, fume des joints et s'astique la nouille en matant Youporn ou le groupe de Fémen qui se balade seins nus dans l'appart' d'en face.

Autour d'Abad gravite une constellation de personnages que l'auteure prend soin de dépeindre dans des chapitres qui leur sont dédiés. Et quels personnages ! Ce serait en dire presque trop d'évoquer chacun d'entre eux tellement c'est un plaisir immense de les découvrir au fil du roman. Tous ont une histoire qui les a amenés dans ce quartier au milieu des dealers, des clodos, des putes et de leurs maquereaux. Tous sont émouvants, touchants, vrais.

A travers sa rue "qui raconte l'histoire du monde avec l'odeur de poubelles", Abad voit la société avec un regard de dérision : les filles dont le corps doit intégralement se cacher à la vue des hommes sont des "batmans", les salafistes, qui, comme un cancer ronge peu à peu les organes d'un corps qui ne sait pas se défendre, sont "les barbapapas" d'un quartier qu'ils tente de mettre à genoux . Et dans sa naïveté adolescente Abad se dit qu'il luttera contre tout ce qui bouffe son quartier et les êtres qui lui sont chers, qu'il les sortira de leur fange, ces "maudits (qui) se baignent dans leur malédiction comme dans une grande baignoire de merde".
C'est un roman fort et nécessaire que cette "Rhapsodie des oubliés". Ça a la truculence du mariage entre la grossièreté d'un ado du siècle et le talent littéraire d'une auteure prometteuse. On ressort enrichi de cette Rhapsodie en se disant que le XXIème siècle a trouvé sous la plus d'Aouine ce que le XIXème avait trouvé sous celle d'Hugo : son gamin de Paris, un Gavroche qu'on est pas près d'oublier.
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