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Critique de lulu8723


Nathacha APPANAH. Rien ne t'appartient .

Ce dixième roman de Nathacha APPANAH , nous plonge dans la violence, la peur, l'exil, l'amitié, l'amour, ses thèmes récurrents. Nous sommes transportés dans un univers de déchéance, morale et physique, de démence, de folie, de déshumanisation. Oui, encore un roman noir mais avec beaucoup de sensibilité, de tendresse, d'émotion.

Emmanuel, l'époux de Tara est décédé, il y a environ trois mois. Elle est désespérée et ne peut plus vivre. Elle se laisse aller, n'ayant plus aucun but dans son existence. Elle ne peut faire son deuil et perd également son esprit... Son beau-fils, Eli, lui rend une visite. Et il trouve l'appartement dans un état lamentable. Il en est de même pour Tara qui ne se lave plus, ne se vêt plus, ne mange quasi plus : elle tente de survivre à la perte de son guide, de son amour. Elle souffre de paranoïa, d'hallucinations, et voit même un jeune garçon, vivant à ses côtés au quotidien. Eli est surpris de trouver sa belle-mère dans un tel état. Il décide de la conduire chez un médecin. Parviendra-t-il à la sortir de ce marasme tant moral que physique ?

Tara, au cours de sa déchéance est plongée dans les limbes de son enfance. Elle n'a pas toujours vécu en France. Elle est originaire d'un pays asiatique, frappé par le terrible tsunami de la fin 2014. La description des paysages, les rizières, les temples, la flore, les danses traditionnelles, la pratique du rite sati, tous ces tableaux nous permettent de planter le décor de sa jeunesse, vraisemblablement au Sri Lanka, anciennement Ceylan. Elle revit ses jeunes années au sein d'une famille aisée, avec ses père et mère. Et ce père, bienveillant, lutte contre la condition des femmes, illettrées et dépendantes des hommes et il enseigne de nombreuses matières à cet enfant : histoire, géographie, mathématiques, sciences, biologie, etc … Sa mère est une véritable magicienne, une sorcière : des personnes viennent la consulter pour garder à leurs côtés l'être aimé. Mais notre petite fille joue et s'instruit., Mais un jour, c'est le drame, ses parents sont assassinés et elle échappe aux meurtriers. Elle sera placée dans un pseudo foyer d'accueil, puis dans un refuge pour « filles gâchées ». Qu'a donc subi cette jeune fille au cours de son existence qui peut encore ressurgir au moment de la disparition de son mari ? Elle a même perdu son identité, a été maltraitée au quotidien, traitée en véritable esclave. Elle est ainsi dépossédée de tout, elle perdra même son prénom originel, « Vijaya », prénom qui signifie Victoire dans sa langue maternelle. Désormais, elle sera Avril, mois de son entrée dans le refuge! « Rien ne t'appartient », tu n'as rien et tu n'es rien ! Ici la réminiscence du passé, les deuils et la résilience occupent une grande place dans la réflexion de notre héroïne.

de main de maître, Natacha relie tous les fils, les dénoue et les démêle avec minutie. Ses phrases, incisives, ses belles descriptions, tant des paysages que des personnages, nous conduisent là où elle veut bien nous mener. Cette femme nous livre, dans chaque roman de très beaux portraits de femmes, brisées, écorchées vives par la vie, persécutées par leurs pays natals ou par l'environnement. Cependant il y a toujours beaucoup d'amour, d'amitié de fraternité. Je vous encourage à lire ce récit poignant, et si vous ne l'avez pas déjà fait, à prendre, « Tropique de la violence », « Le ciel par-dessus le toit », « Le dernier frère », « En attendant demain ». Bonne lecture et bonne journée. (21/09/2021).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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