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EAN : 9782070147755
208 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.68/5   131 notes
Résumé :
A Paris, Adam rencontre Anita, originaire de l'île Maurice. Ils s'installent sur le littoral Atlantique avec leur fille Laura. Pour vivre, Anita renonce à ses velléités d'écrivain et Adam à son désir de peindre. Alors que la routine distend le couple, ils recueillent Adèle, une Mauricienne sans-papiers. Le drame arrive lorsque celle-ci découvre qu'elle sert leur inspiration à son insu.
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Critiques, Analyses et Avis (35) Voir plus Ajouter une critique
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Le texte parle de déracinement, de deuil, d'illusions perdues, le ressenti d'être « différent » puisque noir, la routine qui guette chaque couple. Nathacha Appanah le fait avec pudeur, sa prose est belle. Elle décortique avec justesse nos petits arrangements secrets, nos désillusions cachées, nos blessures que l'on garde comme des faiblesses. Il y a un certain fatalisme aussi qui prend corps dans ces portraits. On peut être (un peu) moins convaincu par le drame qui va frapper ces personnages, mais force est de reconnaître que Nathacha Appanah mérite plus d'éloges que de reproches. Une histoire d'amour belle et triste à la fois. Une bien jolie plume aussi.
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A l'origine je cherchai "Tropique de la violence" du même auteur. Il n'était pas disponible dans ma médiathèque. Ce fut donc "En attendant demain"...

L'aube se lève et révèle un à un des personnages comme figés dans l'instant depuis 4 ans 5 mois et 13 jours. Anita dans sa cuisine repense à avant, à leurs rêves oubliés, et à Adèle, qui n'est plus. Sa fille Laura dort encore. Dans ses rêves, elle oublie qu'elle est handicapée. Son mari Adam, de sa prison pense aussi à avant, aux promesses non tenues, et à Adèle. J'ai bien aimé cette entrée en matière à la manière d'un rideau de théâtre qui se lève. Dès l'ouverture, nous savons qu'un drame s'est produit 4 ans 5 mois et 13 jours plus tôt qui a conduit les personnages là où ils sont. Évidemment, nous ignorons à ce stade le pourquoi du comment...

L'auteure nous déroule l'histoire d'Anita et Adam. Quand ils se rencontrent, ils se sentent en décalage avec la société. ils sont jeunes, artistes dans l'âme, pleins de rêves et d'espoirs. Mais peu à peu, le quotidien et la routine du couple vont étouffer leurs passions et leurs espoirs. L'arrivée d'Adèle, Mauricienne d'origine, comme Anita, va bouleverser leur vie bien rangée et ranimer la flamme de l'inspiration.

Un livre sur le déracinement, le deuil, les désillusions, les renoncements du quotidien, et surtout un livre sur la somme des petits instants que composent une vie, tous ces petits éléments qui s'emboitent pour faire de ce qui aurait pu être une journée exceptionnelle, un cauchemar. En dépit de la fin que j'ai trouvée rocambolesque et mélodramatique, ce livre est très agréable à lire. Sa force s'articule à mon avis autour du réalisme de ses personnages. La belle écriture de l'auteur capture avec finesse les états d'âmes de la vie de tous les jours, la difficulté de rester fidèle à ses rêves, face à la réalité du quotidien, celle du couple, des enfants, et du conformisme d'une société. Je ne regrette absolument pas de ne pas avoir attendu demain :-)
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« Mais des années plus tard, Adèle est toujours là. Parfois elle voudrait plonger la main en elle, fouiller comme les pêcheurs fouillent les entrailles des poissons, attraper et extirper cette petite lumière, cette toute petite lumière têtue et vivace qui la fait survivre, malgré elle. De quoi est-elle faite cette saloperie puisqu'elle n'a plus d'espoir, plus de joie, plus d'amis, plus de mari, plus d'enfant ? »

Adèle est une immigrée clandestine. Elle a fui l'île Maurice, comme dans un réflexe de sauvegarde inconscient, après la mort accidentelle de son mari et de son fils. Elle pensait pourtant pouvoir en finir plus facilement à l'étranger…

Adam est un architecte qui est aussi un ébéniste et un artiste-peintre doué. Il a épousé Anita, une journaliste, romancière en devenir, qui a elle aussi des attaches mauriciennes. Ils ont eu une fille, Laura. Adèle va croiser leur chemin dans une ville côtière du sud-ouest. Pendant un temps leur trio un peu étrange va fonctionner, apportant à chacun un peu de bonheur et de sécurité.

On comprend au début du roman qu'un drame est survenu qui a amené la mort (ou le suicide) d'Adèle (ce n'est pas son vrai prénom) et a laissé Laura gravement handicapée.

Nathacha Appanah est vraiment douée pour entretenir le mystère autour de ce qui s'est passé, sans pour autant décourager le lecteur. Son écriture, ciselée et superbe, y est pour beaucoup. La progression du récit est un peu déroutante, avec des allers et des retours fréquents dans le temps. Beaucoup d'annotations, de digressions apparentes y sont insérées, qui apportent un éclairage sans cesse renouvelé sur les personnages. Sans jamais trop de lourdeurs, elle traite de sujets comme les difficultés des couples mixtes, les préjugés envers les femmes, les deuils qui vous détruisent de l'intérieur…

Je suis admiratif du travail de cette auteure, découverte en ce qui me concerne avec «Tropique de la violence ».
Je pense que je lirai peu à peu ses autres romans.
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Le créole mauricien est la langue maternelle de Natacha Appanah. Et comme tous les écrivains qui ont apprivoisé un autre idiome, elle emploie le français avec amour, nous en faisant déguster chaque nuance, le faisant rouler sous sa plume avec une délicatesse et une élégance infinies. Ce qu'elle raconte, dans En attendant demain, est pourtant triste et fort dramatique. Elle ne nous le cache pas dès l'entame du livre : la tragédie sera au bout de la route. Adèle, Anita et Adam : trois prénoms qui commencent par la même lettre (s'y ajoute Laura la fille des deux derniers)et dont l'alchimie heureuse va vaciller parce que l'équilibre de cette vie, de notre vie, tient finalement à peu de choses, à la confiance, à la bienveillance et à l'amour, lesquelles sont trahies parfois, ne serait-ce que par maladresse. Par petites touches, Natacha Appanah s'approche du coeur intime de ses personnages, tous blessés et dont l'écorce apparente n'est pas si solide que cela. En attendant demain est aussi le roman des espoirs déçus, de l'existence décevante que l'on n'a pas su rendre pleinement heureuse par manque de ténacité ou de courage. La romancière est très fine dans l'analyse psychologique et sociale d'un milieu provincial où l'apparition d'une peau cuivrée (celle d'Anna et d'Adèle) provoque des réactions étonnées. On ne va pas appeler de racisme, non, mais quelque chose qui est comme son antichambre, une couleur de peau différente qui est acceptable si elle correspond aux clichés qu'on lui accole volontiers. En attendant demain peut être qualifié de beau roman, un brin trop mélodramatique peut-être, dans ses dernières pages, sentiment compensé par le moelleux et le capiteux de son style.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Adam et Anita se sont rencontrés à vingt ans étudiants à Paris et avec tous les deux ce même sentiment de ne pas être à leur place et après une vie de couple particulièrement épanouissante ont vite vu le quotidien et les désilusions prendre le pas. Heureusement, ce morne quotidien est bouleversé par la rencontre que fait Anita d'Adèle et se lie d'amitié pour cette belle femme sans papiers et au lourd passé.

Adèle sera le déclencheur d'une nouvelle flamme créatrice pour le couple mais également la porte d'entrée d'une tragédie irréfutable pour le couple que l'on devine dès les premières pages du roman.

On pense un peu au dernier prix goncourt la chanson douce de Leila Slimani en lisant ce roman sur les mensonges et la banalité d'un couple, et l'arrivée d'abord salvatrice puis tragique d'une tierce personne.

La romancière mauricienne Natacha Appanah est particulièrement habile à décrire les renoncements, les espoirs et autres petites morts de la vie conjugale et de ces solitudes dans lesquelles il est si facile de s'enfermer, d'une plume qui sonde avec beaucoup d'acuité les états d'âme éphémères et ces petites sensations du quotidien qui nourrissent le sentiment de vivre.

La fin, un peu abrupte, tranche certes un peu avec le reste du roman mais l'ensemble prouve l'immense talent d'une auteur qui a récidivé de fort belle manière lors de cette rentrée littéraire avec le très beau « Tropique de la violence ».
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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critiques presse (2)
Telerama
01 avril 2015
Superbe histoire d'emprise, En attendant demain s'inscrit dans un ­quotidien matériel très précis, tout en ­lévitant hors du temps, par la grâce d'une écriture affûtée, au plus près des terreurs enfouies.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
17 mars 2015
C'est subtil et diablement mené.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Puisqu'elle n'arrivait pas à mourir (oh, cette incapacité à se retirer la vie soi même!), elle avait pensé disparaitre. Dans le monde, avait elle lu quelque part, des milliers de personnes s'évanouissaient sans laisser de traces. Ce serait donc son cas. Quitter son pays, prendre un avion, un train puis un autre encore, s'arrêter au hasard d'une gare, brûler ses papiers, dormir dans des hôtels, trainer, ne plus parler, ne plus penser, faire face à des étrangers qui ne vous regardent pas, s'offrir à des climats que votre corps ne connait pas, dépenser ou donner tout son argent, errer, finir dans la rue, dans un coin sombre ou personne ne viendra vous chercher, mourir comme meurent tant de gens ici - de froid, de faim, de solitude. Ici, en Europe, la mort lui paraissait plus accessible, plus silencieuse.
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- On fera des cookies?
- Oui, des grands cookies et des sablés en forme de cœur. Tiens, regarde, on arrive.

Combien de conversations comme celles-ci émaillent le monde, telles des petites lucioles dans la nuit? Ne devrions nous pas les emprisonner dans des bocaux en verre, les poser au bord des fenêtres pour profiter de leur lumière et entendre leurs bruissements?
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Adam est devenu l'architecte des piscines, de centres de conférences, des gymnases et de la bourgeoisie locale. A quel moment a-t-il renoncé à ses rêves de concevoir une église, un musée, un mémorial? S'il ne peignait pas dans le secret de l'atelier, s'il ne pensait plus aux couleurs, aux textures, aux formes, s'il avait consacré son énergie et son ambition à son seul métier, serait-il devenu un autre homme, un autre architecte?
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"Est- ce qu'il y a un silence tout à coup ou Adèle l'a t- elle imaginé? Comme si quelque chose avait aspiré tout son, avant le terrible grincement aigu d'un coup de frein.Adèle est projetée contre les portes qui la retiennent, la font basculer sur la fille aux tic-tac puis i ly a un grand baam! Elle est à nouveau projetée contre les portes.Celle ci s'ouvre et Adèle comme un aigle noir, vole.."
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- Qu'est ce que cela veut dire, "indemne" ?
- Hmm... ca veut dire sans aucune blessure. Mais ca veut aussi dire que tu es une rescapée.

"Rescapée". Adèle fait rouler ce mot dans bouche et cela lui fait l'effet d'un mot créole qu'elle goûterait après tant d'années, quelque chose de sucré et fort à la fois.
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Videos de Nathacha Appanah (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nathacha Appanah
Nathacha Appanah était présente pour présenter son nouvel ouvrage : La mémoire délavée paru aux éditions Mercure de France. le roman s'ouvre par un magnifique vol d'étourneaux. Un vol au premier abord innocent mais dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d'aïeux, partis d'un village d'Inde en 1872 pour rejoindre l'île Maurice. L'autrice traverse alors la mémoire de sa famille. le centre de l'ouvrage est marqué par un magnifique hommage à son grand-père qui travaillait dans un champ de cannes.
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