Alors que partout dans une Ukraine occupée par les allemands sévit un antisémitisme violent et primaire, que la population juive est massacrée à tour de bras, une paysanne assiste dans l'indifférence générale au martyr de ses voisins, des épiciers juifs pour lesquels elle éprouve des sentiments ambivalents.
Meurtrie, bouleversée de ne pas avoir su les sauver, victime elle-même de violences conjugales, cette femme réagit en décidant de quitter mari et village pour se réfugier chez sa tante dans la montagne puis ensuite là où la porteront ses pas. En chemin, bercée par des souvenirs, torturée par des cauchemars, en proie à des visions, possédée par une voix qui n'est pas la sienne, lui vient une illumination: celle que Jésus était juif. Et de ce fait "quiconque assassine un juif, assassine Jésus". Voilà le message qu'elle va transmettre de fermes en auberges, telle une
Marie Madeleine hallucinée et alcoolisée, se heurtant à l'hostilité masculine ou trouvant la compréhension auprès des femmes.
Avec
La stupeur, Aharon Appelfed aborde une nouvelle fois ses sujets de prédilection: son pays natal et la shoah - cette fois celle-ci vécue non pas du côté des victimes mais de celui des bourreaux. Son récit prend l'allure fort surprenante d'une parabole biblique au rythme lancinant qui désarçonne autant qu'il fascine. Je l'ai lu d'une traite, cherchant à comprendre le but exact poursuivi par l'auteur mais sans jamais y parvenir. Cependant, ce dont je suis certaine c'est qu'il donne à penser sans pour autant fournir les réponses aux questions qu'il suscite.
Je suis tout à fait incapable de dire si j'ai aimé ou non ce roman très étrange par son fond et sa forme - innovante dans l'oeuvre d'A.Appelfeld. En tout cas il ne m'a pas laissée indifférente.