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sur 220 notes
1575, alors que l'Église cherche à lutter contre l'influence de la Réforme, il se répand en Vénitie une prophétie jugée hérétique par la Curie romaine, celle d'un Christ à douze doigts qui sauvera le catholicisme. C'est dans ce contexte tendu que lors du carnaval, Venise est secouée par une série de meurtres, une disparition de tableau et l'incendie de la Scuola Grande del San Sepolcro, une confrérie de savants et d'astrologues.

2016, le professeur Bénédict Hugues, enseignant le latin médiéval à l'université de Genève, découvre par le plus grand des hasards une lettre, soigneusement dissimulée dans la couverture d'un livre. Celle-ci est de la main d'un évêque, Scanziani, posté à Venise, et s'adresse au Cardinal Valsangiacomo, resté à Rome. Elle semble annoncer, entre les lignes, le meurtre d'une personne influente : Giorgio Benvenuti, mécène du peintre Paolo il Nano, qui venait de représenter cette année-là le tableau d'un Christ à douze doigts, surmonté des douze signes zodiacaux. Il commence alors, avec l'aide d'Elisabetta, une amie universitaire, une enquête pour dénouer tous les fils de cet écheveau et percer le mystère de cette étrange prophétie, reliée d'une manière ou d'une autre à la découverte de Copernic.

Mais la découverte de Bénédict met en émoi un groupuscule d'extrême-droite, la Fondation des pèlerins ibériques, et un de ses leaders, Bartolomeo San Benedetto, qui a pour particularité d'avoir douze doigts, et qui, endoctriné dès le plus jeune âge par un prêtre, est convaincu d'être le prochain sauveur de l'Église. La Fondation fomente un attentat contre le pape, jugé trop moderne, et étant perçu par la branche conservatrice du Vatican comme un danger d'affaiblissement pour l'Église en dénaturant sa Foi. Pour ça, ils planifient une alliance contre-nature avec des djihadistes de la branche libyenne de Daesh.

Carnaval noir est un roman policier efficace, mais je reste un peu sur ma faim. L'érudition qui s'en dégage est telle que je n'ai pu m'empêcher de faire quelques recherches, pour être certaine que tout n'était que fiction. Un bon point pour ce roman, puisque le lecteur croit facilement à l'histoire et n'est pas gêné par des invraisemblances ridicules. de même, les personnages sont bien campés, et l'auteur évite des jugements à l'emporte-pièces. Il se contente de les peindre dans leur humanité, leurs fautes et leurs errances. Certes, si vous recherchez un roman qui décrit une humanité heureuse, passez votre chemin. Chaque personnage semble figé dans le malheur, la tristesse et la culpabilité, à différent niveau du mal, parfois surmontable, la plupart du temps irrémédiable.

Mais l'intrigue est développée très et trop rapidement, dans des chapitres parfois si courts que l'on se pose la question de leur utilité. À partir du moment où Bénédict trouve la lettre, par le plus pur des hasards, tout s'enchaîne et se met en branle précipitamment. le plan de la Fondation, qui a dû demander une logistique et une préparation minutieuse et lente, se trouve soudain mis à mal par une simple lettre dont je me demande toujours comment la Fondation et Bartolomeo ont pu avoir connaissance (même si le désir de Bartolomeo de la retrouver entre parfaitement dans sa logique d'endoctriné fanatique) et surtout en quoi cette lettre risquait de faire capoter l'attentat ? car le rapport entre les événements du passé décrit par la lettre et ceux du présent est quasiment inexistant. Résoudre l'énigme de la lettre n'aurait pas empêché une bombe d'exploser. Si la Fondation ne s'était inutilement excitée pour la récupérer, leur plan aurait forcément réussi. Sans doute faut-il y voir là la conséquence d'un aveuglement fanatique qui empêche de raisonner.

Alors que nous raconte Carnaval noir ? Que l'Histoire est un cycle qui se répète ? Que les fanatismes du passé sont semblables à ceux qui nous agitent actuellement ? Que la foi est un prétexte bien commode pour asseoir son pouvoir personnel ? Que l'on manipule les faibles et les désespérés pour servir son propre intérêt et sa soif de puissance ? Que les dogmes se nourrissent de l'obscurantisme et ont peur du progrès et de la science ? Que seules la culture et la connaissance pourront mettre un terme à ce déchaînement de violences ? Certainement un peu de tout ça, et si c'est très loin d'être stupide, j'aurais aimé un traitement plus profond, ou peut-être plus original, pour être pleinement happée par cette histoire.

Carnaval noir mérite d'être lu. L'énigme qui est proposée est bien traitée, et suivre Bénédict dans ses pérégrinations étaient agréables et riches en érudition. Très personnellement, j'ai beaucoup aimé les passages en latin, même s'ils m'ont cruellement rappelé qu'il fallait que je reprenne de toute urgence ma grammaire latine et mon Gaffiot. Cependant, j'ai parfois eu l'impression que le sujet était survolé, faute à un rythme trop rapide, et j'aurais aimé que l'on s'attarde plus sur certains éléments qui méritaient d'être approfondis parce qu'intéressants.
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Par des chapitres courts, parfois trop courts pour réellement se sentir concerné par les divers éléments de l'intrigue, les différents personnages dévoilent leurs interrogations, leurs souhaits et leur but autour de cette affaire mystérieuse et complètement folle pour eux. Chacun a son rôle à jouer et chacun a donc voix au chapitre ce qui est le plus intéressant. Surplombé par un panorama artistique et religieux assez bien développé pour que l'on comprenne les desseins des protagonistes et le contexte, ce roman nous laisse face à des idéologies diverses, certaines plus revendicatives que d'autres, plus belliqueuses, afin de renverser le pouvoir établi. Entre les modernistes et les purs conservateurs, un fossé est présent et nul n'est vraiment décidé à reboucher le trou. Les actions des uns deviennent alors inquiétantes et brutales alors que les autres recherchent simplement la vérité.

L'auteur réussit à mettre sur le tapis des sujets d'actualité importants comme la montée de l'extrémisme, les actions de Daech, l'homosexualité, etc… Et on se rend finalement compte que l'histoire, les siècles, se répètent. Car les conflits sont finalement semblables même si les facteurs changent. Et la prophétie du Christ à douze doigts ne pourra apparemment pas calmer les ardeurs des protagonistes mais, au contraire, les exacerber.
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Un grand merci à Netgalley et aux Editions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce livre d'un auteur suisse que je ne connaissais pas.

Ma précédente lecture m'avait déjà amenée à Venise en en 1313, j'y reviens pour une partie de saute-mouton entre notre époque et la fin du seizième. C'est très amusant de voir un même endroit et un même sujet (thriller ésotérique) traités par deux auteurs différents.

Une étudiante se fait tuer à Venise, mais cela passe pour un accident, elle aurait glissé sur du verglas et serait tombée dans un canal. Quelques mois après, Bénedict Hugues, un professeur de latin genevois achète une édition originale de Boèce. Il y a un renflement sur le dos du livre et Bénedict y trouve une lettre cachée faisant allusion aux évènements du Carnaval noir de 1575 où plusieurs meurtres de notables ont été commis et jamais résolus.

Dans le même temps une fondation intégriste catholique s'allie avec des combattants de Daesh pour assassiner le pape jugé beaucoup trop progressiste, sous la conduite discrète d'un cardinal. Ce groupe reprend la devise de son homologue du seizième siècle qui combattait la Réforme : Les hérétiques doivent être détruits.

Bénédict enquête sur sa trouvaille avec une de ses amies et collègues de Venise, Elisabetta, quand sa gouvernante, la vieille Teresa se fait agresser lors du cambriolage de son domicile, après que le professeur ait refusé de vendre la lettre à un bon prix. La police se lance sur la piste après l'assassinat d'une autre chercheuse qui aidait ses deux collègues. le lien est désormais fait et il faudra que nos professeurs résolvent l'affaire du seizième siècle pour déjouer un attentat contre le pape.

Même si cette thématique a déjà été souvent traitée depuis le Da Vinci code et sa nombreuse postérité, ce livre de Metin Arditi est très agréable à lire si on aime ce genre d'histoires, du moins la partie thriller ésotérique, même si le récit aurait gagné à être plus structuré. Par contre le reste de l'intrigue est décevante, les personnages manquent de profondeur. Bénédict est particulièrement insupportable, il croule sous les problèmes relationnels avec les femmes et son fils, sans oublier les casseroles qu'il traîne depuis l'enfance suite à la maltraitance psychologique que lui faisait subir son père, un pasteur bien éloigné des valeurs évangéliques. Mado et ses complexes m'ont aussi bien tapé sur les nerfs, je ne crois pas que la Suisse soit un pays hyper raciste où les personnes noires sont à peine tolérées et traités de « nègres », on a une loi qui punirait un tel comportement. Bien au contraire il est tout à fait normal ici qu'il y ait des personnes venant de différents horizons. le ressenti de Mado semble dater des années 1930. Les personnages d'ecclésiastiques, qu'il s'agisse de réformés ou de catholiques sont peu sympathiques aussi et très versés dans la luxure. Toutefois il ne s'agit pas de pédophilie, mais de femmes, là aussi une problématique qui ne me paraît plus très actuelle. Par contre l'idée d'une union des fondamentalistes chrétiens et musulmans qui s'opposent au monde moderne dans une alliance contre-nature est bonne et sûrement bien moins improbable qu'elle n'y paraît au premier abord. le livre est composé de chapitres courts qui ne permettent pas de développer vraiment les personnages, on est tout le temps dans l'action et c'est le côté agréable de ce roman.J'ai bien aimé l'idée qu'une organisation terroriste reproduise les crimes de son homologue plus de cinq cents ans plus tard.

Donc au final un livre qui me laisse une impression mitigée, même si j'ai beaucoup aimé le côté thriller ésotérique. Il y a nettement pire, mais aussi nettement mieux. Un livre agréable à lire mais sans doute vite oublié car il faut des personnages plus consistants pour s'y attacher.
#CarnavalNoir #NetGalleyFrance
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Un bon livre qui m'a tenu en haleine tout au long, des chapitres pas très long et une belle écriture. L'histoire est très plausible et peut se produire.
Une secte qui renait sous le nom de congrégation et dont l'objectif est de tuer le pape, changer la politique de l'église, la durcir en fait faire revivre une espèce d'inquisition.
Mais voilà il y a un hic et ce hic vient d'un professeur de latin suisse qui achète un livre avec un message caché, il le décripte car il est en latin et le voilà dans de gros ennuis on essaie même de le tuer car cette Congrégation tue pour réaliser ses projets et croyez moi ils n'ont peur de rien même utiliser les djihadistes pour leur projet fumeux.
Moi je vous l'avoue j'ai comparé cette congrégation des pèlerins ibériques à des nazis, ils n'hésitent pas à tuer les gens qui se mettent en travers de leur chemin, bourre l'esprit des gens par des idées fausses et apprennent à se battre et à tuer aux plus fort. Donc oui il faut se méfier de toutes ces congrégations et sectes qui fleurissent dans ces temps difficiles.
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J'aime beaucoup Metin Arditi, que j'ai découvert avec « La confrérie des moines volants » donc ce livre était pour moi… dès qu'on parle de manuscrit ancien (même une lettre !) d'histoire, de peinture, je suis là. Je remercie vivement NetGalley et les éditions grasset qui m'ont permis de le lire.

L'intrigue est originale : utiliser une lettre datée de 1575 retrouvée cachée dans un livre ancien que vient d'acquérir Benedict Hugues, un professeur de latin médiéval reconnu de Suisse, lettre qui évoque un attentat de l'époque et que l'homme de mains de la congrégation veut récupérer à tout prix, semant des morts au passage… quelques mois auparavant, Donatella, une jeune fille qui fait des recherches pour une thèse sur une confrérie du XVIe siècle, a été assassinée à Venise car elle s'approchait de trop près d'un sujet qui dérange.

Les deux intrigues sont liées, la petite histoire dans la grande Histoire, et Metin Arditi nous fait faire des allées et venues entre les deux époques. On a donc un complot, et qui dit complot dit motif, financement, logistique et protagonistes pour le réaliser.

Le motif : il faut que l'Église retrouve la place et le pouvoir qu'elle a perdus selon certains : à l'époque, il fallait lutter contre la Réforme qui prenait de plus en plus de place, se montrait ouverte à la science (révolution copernicienne qui mettait le Soleil au centre de l'univers et non la terre comme le prônaient les écritures…

De nos jours, les ultras de l'Église ne supportent pas le Pape actuel, jugé trop consensuel, trop en faveur des migrants ; ils ruminent leur colère depuis Vatican II, avaient espéré que Benoît XVI allait reprendre tout cela en mains… « Et ce pape… Dans son inconscience effarante, l'Église préparait le terrain pour le Grand Remplacement. »

L'ennemi actuel est l'Islam, qui pour ces gens de l'extrême droite va détruire la civilisation européenne au nom du multiculturalisme, ce qui est inenvisageable bien-sûr !

Et il faut un complot pour arriver à ses fins, et donc éliminer le Pape et frapper un grand coup pour terroriser la population : un double attentat, la basilique Saint Pierre, pour tuer le maximum de personnes et à la résidence du pape : Casa Santa Marta, pour l'éliminer.

Et pour cela, l'union fait la force, et on va chercher des kamikazes, des islamistes (après tout ils sont des spécialistes !) qui vont mourir en martyr, tel ce couple qui veut se faire exploser avec un bébé dans les bras pour aller au paradis…

Le suspense monte tout doucement, puis le rythme s'emballe au fur et à mesure qu'on avance vers le jour J…

J'ai aimé les références à l'Histoire, les mouvements intégristes de tout poil, le fait de choisir des islamistes de la filière Libyenne qui nous ramène au passé colonial de l'Italie. J'aurais aimé que l'auteur explore davantage cette piste car j'ai trouvé l'histoire actuelle un peu fade… probablement car le personnage principal est davantage un anti-héros qu'un héros.

On pense bien-sûr aux défilés des fascistes sous Mussolini, parcourant la ville scandant des chants (en vieux vénitien dans ce roman), encerclant leur proie pour la précipiter dans le fleuve… Metin Arditi évoque les populismes actuels, les liens avec une Église puriste et rigoriste, et j'aurais aimé qu'il fouille encore plus.

Ce roman m'a plu, malgré ces quelques désillusions, car on est quand même dans un registre autre que « Da Vinci code » auquel on pense au cours de cette lecture. J'ai retrouvé cet art de conteur que j'aime tant chez l'auteur, mais mon roman préféré est sans conteste « le Turquetto » …
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Ah, Venise, son Carnaval, ses canaux, ses intrigues politiques obscures et raffinées et ses Scuole regorgeant d'artistes et de chefs d'oeuvres fameux!

Je m'en léchais d'avance les babines, d'autant que Metin Arditi était depuis longtemps dans mes tablettes...un historien doublé d'un écrivain de talent. .je m'en forgeais déjà une félicité qui me faisait pleurer de tendresse...

Las, las, quelle cruelle déception!

Certes Arditi connaît son histoire vénitienne, et , -au début du moins- arrime assez solidement sa gondole à la Bricola historique ....mais il se laisse bientôt emporter par une fiction qui ôte toute crédibilité à son récit.

Perdue, ballottée entre des temps contraires, le 16ème et le 21eme siècles, la gondole devient un hors- bord fou, qui saute d'un temps à l'autre, d'un personnage à l'autre, bondissant sur des crêtes de plus en plus courtes, de plus en plus improbables. Les chapitres, trop courts, interdisent de reprendre haleine, de tenter une reconnaissance, même fugace, des silhouettes trop vite estompées dans la brume des lagunes...

Glou glou, fait le lecteur qui boit la tasse.

Trop de fondamentalistes de tout poil, trop de chercheuses acharnées -quand elles sont grassouillettes ou vieilles, on est à peu près sûr qu'elles ne feront pas de vieux os..-, trop de doigts à trop de mains, trop de prélats pervers.

Trop, beaucoup trop, de chapitres qui, en morcelant l'action, brisent l'attention et la tension...

Et même trop de latin- et c'est une latiniste qui vous le dit!

J'ai fini par mettre, moi aussi, le turbo , histoire de terminer, vite fait, cette intrigue vénéto-romaine en hyper ventilation ...

Arrête de ramer, gondolier, t'es sur le sable...

Ouf!

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CARNAVAL NOIR... un titre mystérieux, envoûtant et sombre. Et pour cause, puisqu'il fait référence à des événements qui - dans le roman - se sont déroulés à VENISE, en 1575, où le carnaval fut cette année-là la scène de plusieurs crimes jamais résolus et touchant les membres de la confrèrie SCUOLA GRANDE.

Cinq siècles plus tard, un groupe chrétien d'extrême droite, l'italien BARTOLOMEO à sa tête, rassemble ses troupes et se prépare à faire assassiner le pape au moyen d'une machination perverse puisque pour renverser l'ordre établi, qu'ils jugent trop complaisant à l'égard du "danger musulman", ils ne vont pas hésiter à recruter des djihadistes pour être leur bras armé dans l'attentat qu'ils projetent.

BARTOLOMEO s'est donné pour mission de "sauver l'Occident" et d'éliminer les hérétiques.

Alors quand à VENISE, Donatella, qui a décidé de consacrer sa thèse à la SCUOLA GRANDE, tombe au cours de ses recherches sur un élément dont elle est certaine qu'il va faire l'effet d'une bombe; quand à GENEVE, le professeur de latin Bénédict HUGUES, découvre, cachée dans la reliure d'un livre ancien, une lettre destinée par l'évêque SCANZIANI au cardinal VALSANGIACOMO en 1574 et évoquant la mort de BENVENUTI, créateur de la SCUOLA GRANDE, le danger se rapproche et les meurtres du CARNAVAL NOIR vont trouver une nouvelle résonance.

Je suis réellement sortie de ma zone de confort avec CARNAVAL NOIR de Metin ARDITI : une écriture magnifique mais ardue, des références culturelles et historiques qui m'échappent, la prédominance d'un sujet - la religion - qui peut vite m'horripiler. Si je me suis sentie d'abord noyée, j'ai persisté dans ma lecture et je ne le regrette pas.

Mêlant religion, histoire, actualité, Metin ARDITI construit un récit fascinant qui emprunte tout à la fois à la fresque historique et au polar puisqu'il y règne un indéniable suspense, et qui s'avère ainsi tout aussi passionnant qu'instructif.

BARTOLOMEO est captivant; son charisme, qu'il met au service de son projet effroyable et glaçant, provoque un effet d'attraction/répulsion qui bien évidemment fait tout l'intérêt de ce personnage complexe et dont le fanatisme, la psychologie sont incroyablement décryptés.

Et bien sûr, on ne peut s'empêcher de craindre la perversite et pourtant l'hyper-réalité du scénario envisagé dans le roman, le fil apparaissant si ténu entre la fiction et sa transposition dans le réel. Payer des djihadistes pour réaliser un attentat, attiser ainsi la peur, les amalgames et le rejet des musulmans pour mieux alimenter et propager ses convictions xénophobes : machiavélique mais pas si impensable...surtout que l'organisation des troupes du château de Pré-Vigne ne sont pas sans rappeler les factions nazies.

L'aspect historico-religieux du roman emporte le lecteur grâce à l'écriture de Metin ARDITI, de haut-vol, et j'ai été tout autant ravie par les connaissances que j'ai acquises que par l'histoire à laquelle l'auteur nous suspend.
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Delendi sint haeretici !

L'Histoire se répèterait-elle ? Les complots visant à déstabiliser l'Etat ou l'Eglise n'en finissent-ils jamais ? le traité de Machiavel, rédigé au XVIe siècle, semble éminemment moderne, la réalité étant parfois pire que la fiction.

Tout commence à Venise lorsqu'une jeune doctorante en Histoire s'approche de trop près, d'une confrérie caritative qui, en 1575, disparut corps et biens durant le carnaval. le siège de la confrérie fut incendié et un prestigieux tableau peint par Paolo il Nano disparut à son tour avant que l'auteur ne soit retrouvé pendu au pont du Rialto, quelques jours plus tard. Personne n'a jamais su qui était derrière ces crimes et les historiens de l'époque ont appelé ces événements « Carnaval noir ».

Mêlé à cette histoire bien malgré lui, Bénédict Hugues, éminent professeur de latin médiéval à Genève n'aura de cesse de comprendre le lien entre la confrérie du XVIe siècle et les meurtres de 2016.

Dans ce roman, Metin Arditi nous raconte l'histoire d'un complot : le 29 juin 2016, un double attentat doit avoir lieu à Rome. Si les terroristes sont issus de la filière libyenne de Daesh, les commanditaires, eux, sont membres d'un groupuscule d'extrême droite. La raison de tout cela est double : la peur d'une Europe de moins en moins blanche et chrétienne, pour les uns, la volonté de tuer des infidèles pour les autres.

Reliant les fanatismes d'hier et d'aujourd'hui, ce récit nous promène d'un siècle à l'autre avec érudition. On y retrouve l'univers d'Arditi que j'avais tant aimé dans « le Turquetto » : le monde de la peinture italienne dont il parle si bien et l'Histoire de la Sérénissime à l'époque de sa splendeur. Soigné, passionnant, ce roman nous offre deux intrigues étroitement imbriquées et deux époques qui, finalement, ne semblent pas si éloignées.

Une fois encore, Metin Arditi se montre un conteur d'exception. Il construit un roman fluide, dans une langue élégante et ciselée où se côtoient latin médiéval, frioulan et français contemporain mais aussi la Venise du XVIe siècle, l'univers feutré des banques suisses du XXI, les manigances de la Curie actuelle et les attentats terroristes de l'EI. le tout agrémenté d'humour.

On referme ce livre sous le charme de ce roman historique romanesque et proche du thriller ou Metin Arditi interroge la légitimité même de la Curie et sa fidélité au pape. Un sujet éminemment d'actualité.
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Lorsque j'ai découvert que Metin Arditi publiait un nouveau roman, j'ai eu envie de renouveler la belle expérience du Turquetto et ai décidé de m'y plonger. Si on retrouve ici des thématiques similaires, notamment l'univers de la peinture italienne renaissance, Carnaval noir porte bien son nom car il s'agit bien d'un roman noir, digne d'un roman policier, même si publié dans ce qu'on considère comme la littérature blanche !

Cette précision de genre posée, parlons du bouquin en lui-même. C'est plutôt intéressant, notamment tout ce qui a trait à l'univers fictionnel de la peinture déjà créé dans le Turquetto et re-convoqué ici, mais ça joue un peu sur tous les tableaux (c'est le cas de le dire !), entre secte catholique, groupuscule de Daech, affaire de Copernic... J'avoue par moment avoir un peu perdu mes petits et n'avoir pas saisi l'intérêt de tant en mettre... Surfer sur les sujets d'actualité et sur la vague des romans ésotériques ? Peut-être, mais bon... On pardonnera à Metin Arditi ce petit bémol car à l'arrivée, il faut reconnaître que l'histoire est efficace. On a du mal à lâcher le livre dans sa seconde moitié et on finit à bout de souffle, comme les enquêteurs !

Un roman résolument ancré dans son époque mais qui me laissera un souvenir moins vif que le Turquetto.


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Je suis passé totalement à côté de ce roman que j'ai trouvé sans grand intérêt. Un thriller "club des 5" sans originalité ni profondeur malgré la toile de fond historico-religieux qui, par ailleurs, laisse sur le pavé quiconque n'est pas féru de la renaissance à Venise.
Une construction qui laisse un goût de déjà vu, déjà lu et relu. Un rythme effréné avec des chapitres toujours très courts qui donne une sensation de sur-volage et m'a empêché de rentrer dans l''histoire. Pas de suspens, des personnages (beaucoup trop de personnages d'ailleurs) qui frôlent la caricature.
Un énième "Da vinci code" à l'intrigue tirée par les cheveux.
N'est pas Umberto ecco qui veut !
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