AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,5

sur 43 notes
5
6 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rachel Arditi est comédienne et, depuis peu, écrivaine. Avec J'ai tout dans ma tête, une phrase prononcée par son père, à 96 ans, quelque temps avant sa mort, elle écrit un premier roman très original.
Bâti autour de l'oeuvre en vers de Pouchkine, Eugène Onéguine, dans la traduction d'André Markowicz, ce livre plonge au coeur des relations entre une fille et son père, Georges Arditi, un nom de famille très connu dans le monde artistique.
Celui qui nomme sa fille « ma biche » ou encore « ma minouche », est un peintre hélas peu connu. Il se trouve en maison de retraite, à la « Maison des Artistes » de Nogent. Malgré la maladie d'Alzheimer qui progresse, il garde énergie et grain de folie, ce qui lui permet d'espérer vendre ses tableaux à des Japonais afin d'engranger beaucoup d'argent.
Sa fille a 35 ans. Elle est liée par une profonde amitié à Victoire qui évolue aussi dans le théâtre, plutôt dans la mise en scène. C'est elle qui lance le projet d'une adaptation d'Eugène Onéguine, adaptation qu'elles doivent mener ensemble.
Au travers de cette expérience assez chaotique, Rachel Arditi me plonge dans le monde artistique parisien, un monde où il est très difficile de faire sa place.
Entre visites à son père et rencontres de travail avec Victoire, elle livre tout son mal-être, ses souvenirs d'enfance, ses moments de bonheur comme ses périodes de doute quand elle se trouve insignifiante. À l'école, elle a même dû affronter l'incrédulité de la maîtresse du CP quand elle a dit que son père avait 68 ans.
Obnubilée par le personnage de Tatiana, l'autrice fait tourner en boucle dans son esprit « Moitatiana » car ce rôle ne peut être que pour elle alors que Victoire l'abandonne un temps pour mettre en scène une autre pièce.
Quand on veut réussir sa vie d'artiste dans ce monde très parisien, il faut beaucoup de force et de courage pour refuser un rail de coke et ne pas toucher au punch plein d'ecsta. Beaucoup de carrières se jouent dans ce microcosme bien appréhendé par l'autrice.
Les nombreuses citations d'Eugène Onéguine, une en tête de chacun des nombreux chapitres, permettent de maintenir l'attention sur cette pièce que la narratrice et Victoire ont décidé d'actualiser. En prime, Rachel Arditi offre le texte de son interview, imaginaire je pense, diffusée sur France Culture, dans sa grille d'été : « Les rencontres insolites de Richard Gaitet ». Jeu et enjeux de l'adaptation. C'est délicieux !
D'une écriture fluide, précise, crue parfois, Rachel Arditi n'écarte aucun problème et me touche beaucoup lorsqu'elle se livre à propos de la mort de l'être qui lui est le plus cher : son père.
Lorsque ce dernier ne retrouve plus le prénom de sa fille, celle-ci comprend que cet homme tellement précieux pour elle n'en a plus pour longtemps. Vivant un peu les mêmes choses avec ma mère en ce moment, je suis profondément ému par les mots très justes trouvés par Rachel Arditi. Même si son père a parlé jusqu'au dernier jour, sa déconnexion complète avec la réalité est difficile à vivre et j'admire la manière très élégante, à la limite du fantastique, avec laquelle elle conclut son livre.
Je remercie bien sincèrement Lecteurs.com et les éditions Flammarion pour cette découverte, ce roman à la fois original et profondément humain, un livre superbement illustré par un bandeau affichant son portrait peint par son père alors qu'elle avait 6 ou 7 ans. Là, elle confie qu'elle a l'air ailleurs mais, si ça peut la rassurer, depuis, elle a bien repris place parmi nous comme le prouve J'ai tout dans ma tête.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          920
Elle est comédienne et se sent souvent très seule et incomprise. C'est la plus jeune de la famille et elle s'occupe assidûment de son père.
Il était peintre mais il réside désormais dans une maison de retraite, la Maison des Artistes. Atteint d'Alzheimer, elle assiste à son déclin qui l'éloigne d'elle chaque jour davantage. La réalité et la fiction se mêlent dans sa tête. Il est persuadé qu'il est en affaire avec des japonais qui veulent lui acheter un de ses tableaux pour une somme exorbitante, certain que bientôt il pourra retourner à Marseille où il habitait avant, ou partir ailleurs. Elle ne démentit pas. A quoi cela servirait-il de briser ses rêves ? Il lui téléphone sans cesse pour lui poser les mêmes questions...mais l'amour qu'elle lui porte, efface toutes les contraintes et elle ne peut se passer d'aller le voir.
Elle est comédienne mais n'arrive pas à percer, n'a que des petits rôles sans importance. Alors, quand son amie Victoire vient lui proposer d'écrire une adaptation de "Eugène Onéguine" de Pouchkine, la jeune femme s'imagine tout de suite incarner le superbe rôle de Tatiana. Elle va se donner à fond dans cette réécriture, au départ avec Victoire puis, celle-ci étant prise ailleurs comme toujours, toute seule.
Mais la vie rêvée et la vie réelle sont souvent très différentes et la narratrice en paiera les frais...ce qui la fera grandir !

Mon avis
L'auteur nous fait découvrir avec beaucoup d'humour et de recul le milieu des artistes dans lequel elle a été élevée et continue à évoluer de par son métier. Elle est en effet comédienne dans la vie réelle.
J'ai beaucoup aimé la fraicheur de ce roman. La petite fille brune qui s'envole sur ses patins à roulettes... c'est elle ; les souvenirs des moments partagés avec son père... c'est encore elle. Ce roman est donc largement autobiographique.
C'est sa vie de comédienne qu'elle nous raconte, les moments où la comédie et les rôles s'entremêlent avec la vraie vie, souvent pour la compliquer encore davantage. En effet, comment trouver ses marques, prendre confiance en soi quand la vie est si compliquée et le monde des artistes si cruel ?
Elle nous raconte donc les soirées entre artistes, ses échanges avec ses amies, les moments de solitude et de fantasmes.
En parallèle des faits quotidiens qui constituent sa vie, de la connaissance de plus en plus approfondie de cette oeuvre de Pouchkine que je n'ai jamais lu je l'avoue, des interviews fictifs avec un journaliste de France Culture, totalement savoureux tant ils sont réalistes, ponctuent le roman.
Mais c'est avant tout un livre qu'elle a écrit en hommage à son père, Georges Arditi (1914-2012) qui était peintre.
Ce n'est pas un livre triste même si elle nous raconte les derniers mois de vie de son père, âgé de 96 ans, ses visites, les contacts et les échanges avec les médecins. Il a un "Alzheimer plutôt joyeux" comme je l'ai vu écrit ici ou là dans la presse. Elle dresse un portrait plein de tendresse de celui qui l'a élevé et qu'à l'adolescence elle n'osait pas présenter à ses camarades de classe car elle le trouvait trop vieux.
J'ai été émue par certains passages, amusée par d'autres, et j'ai trouvé qu'en plus de l'humour et du beau portrait qu'elle dresse de son père, il y avait toujours beaucoup de poésie dans leurs échanges. Tout ceci n'a pas manqué de me rappeler ce que j'avais vécu avec ma propre grand-mère, elle-aussi atteinte de cette maladie (sous sa forme joyeuse) alors que j'étais adolescente et qu'elle vivait à la maison.
Le titre fait référence à ce que lui dit son père quand il lui parle du prochain tableau qu'il veut peindre et qu'elle lui propose de lui apporter toile et peinture...mais je vous laisse découvrir la suite tant elle est magnifique.
Le ton sonne juste, sans aucun atermoiement, et la lecture est d'une grande fluidité, ce qui fait de ce court roman une lecture fort plaisante.
C'est donc un premier roman très réussi que j'ai été ravie de découvrir grâce à la dernière Masse critique de janvier dernier. Merci à l'éditeur pour cet envoi.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
Commenter  J’apprécie          160
🔥 TALENTUEUX
Il est artiste peintre, elle est comédienne. Ils sont père et fille, tous deux habités par leur passion, tous deux aux prises avec des accommodements avec la réalité.

A 96 ans, les contours avec la réalité sont devenus flous pour le père. Il s'invente alors une vie glorieuse, extraordinaire, s'imagine vendre ses tableaux à des sommes indécentes.

La jeune femme, quant à elle, esquive le contact avec la réalité d'un comportement défensif. Lorsque Victoire, une amie proche de la jeune femme, lui propose un rôle dans l'adaptation de "Eugène Onéguine" de Pouchkine, elle s'imagine incarner ce personnage. Et Tatiana, rentre alors dans sa vie et la happe...

Alors arrivée aux balbutiements de sa carrière, son père quant à lui, est aux portes du point de bascule...

Ce roman propose une alternance entre des interviews à France Culture et la vie de cette jeune femme au moment où tout bascule...

Un roman talentueux qui offre un regard particulier sur la vieillesse, une magnifique mise en abyme du roman de Pouchkine, et un passage délicieux sur une interprétation de l'oeuvre.
A découvrir sans tarder!

Commenter  J’apprécie          80
Mon coup de coeur de l'automne !!
Il y a des romans comme ça qui arrivent juste au moment où on les attend. Juste au moment où on est prêt pour les lire. A l'instant T, comme par magie.

J'ai tout dans ma tête est un roman autobiographique décliné en une histoire émouvante et drôle. Une écriture, un style, un plaisir. J'ai adoré ce roman et sa fluidité. On se régale des phrases de l'autrice, on se régale des vers choisis de Pouchkine.

Le père est drôle, la fille confrontée aux aléas de la vie. Les espoirs de l'un, les déceptions de l'autre, vont se mêler jusqu'à la délivrance. On découvre leurs histoires, leur histoire. Les petites surprises au fil des pages, la complicité, les tableaux de l'artiste, la petite musique de Camille, les choses qu'on comprend au fur et à mesure jusqu'au dénouement, la révélation.

Mon roman de l'année :)


Commenter  J’apprécie          50
Dans ce premier roman, inspiré de sa propre histoire, elle révèle une très belle plume, qui m'a fait osciller en permanence entre émotion et rires.

On y découvre une jeune femme, comédienne, pleine de rêves et de doutes, à l'agenda désespérément vide, qui ne se reconnait guère dans le monde artistique dans lequel elle évolue et qui doit faire face à la fin de vie de son père, atteint d'un “Alzheimer joyeux”.

Alors lorsque son amie Victoire lui propose de l'aider à écrire une adaptation pour le théâtre d”Eugène Onéguine” de Pouchkine, elle se lance à corps perdu dans le travail et s'imagine déjà jouant Tatiana sur les planches. Mais … mais la réalité sera tout autre. Une déception aussi violente que salutaire va l'obliger à s'interroger sur ses envies réelles et réorienter sa trajectoire.

Le roman est rythmé par les visites à son père, à la Maison des Artistes. Si le peintre (ce roman m'a d'ailleurs donné envie de chercher les oeuvres de Georges Arditi dont ce fameux Crépuscule évoqué dans le livre) vit désormais dans une réalité parallèle, art, rêve et création sont toujours le socle de sa vie. Il peint maintenant dans sa tête uniquement, mais continue de viser la lune…

Les deux portraits croisés père – fille sont très bien campés, touchants et attachants. On se questionne aussi bien sur le monde artistique que sur l'amitié , les rapports familiaux, la construction de soi…

J'ai ri, j'ai été émue, je quitte les personnages à regrets un premier roman coup de coeur !
Lien : https://toursetculture.com/2..
Commenter  J’apprécie          50
Un père peintre, une fille comédienne. Deux rêveurs invétérés, leur manière à eux d'échapper à la vie, à son contact souvent trop brutal, une manière de le mettre à distance, à distance des autres.
Pour lui, les fictions se confondent quotidiennement, car la maladie s'y étant invitée, les idées lumineuses et drôles sont devenues sa nouvelle réalité.
Pour elle, une opportunité d'un grand rôle pointe son nez, avec ce projet d'adaptation d'un roman de Pouchkine, il est peut-être temps de revenir à la réalité.
Mais comment trouver sa place dans ce monde des acteurs, trop vernis, trop codé, tout en veillant sur ce père qui veut fuir cet établissement et sa maladie, tout quitter, fuir, échapper au naufrage de la vieillesse, ce rétrécissement de la vie, des pensées, jusqu'à son abolition totale, une tragédie aux allures de farce.

Un livre lumineux sur la vieillesse et la maladie, avec un côté enchanteur qui donne le sourire, une relation père fille attachante au possible, où l'on espère que ces deux vies qui se perdent dans l'oubli, dans une solitude infinie, angoissante, sauront trouver un nouveau chemin plus clément.
Un premier roman très réussi, pour une autrice avant tout comédienne et donc qui nous plonge avec force réalisme dans ce monde où il faut savoir jouer des coudes et donner de la voix pour un y trouver sa place, maîtrisant à merveille le changement d'émotions ressenties.
Commenter  J’apprécie          20

Lecteurs (95) Voir plus



Quiz Voir plus

Le Cid (Corneille)

Que signifie "Le Cid" en arabe ?

le seigneur
le voleur
le meurtrier

10 questions
816 lecteurs ont répondu
Thèmes : théâtreCréer un quiz sur ce livre

{* *}