La liberté désormais signifiait avant tout, "le vêtement, la nourriture et la reproduction de l'espèce" pour les sans-culottes, qui distinguaient soigneusement leurs propres droits de ceux, en langage élevé et, pour eux, dépourvu de sens, dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen.
Comparées à l'urgence de leurs revendications, toutes les délibérations sur la meilleure forme de gouvernement paraissaient soudain futiles et dépourvues de sens.
"La république ? La monarchie ? Je ne connais que la question sociale", disait Robespierre.
Et même si beaucoup de révolutions ont fini en tyrannie, on s'est toujours rappelé aussi que, selon les termes de Condorcet,
"le mot "révolutionnaire" ne s'applique qu'aux révolutions qui ont la liberté pour objet".
Il est difficile de dire où finit le désir de libération, celui d'être délivré de l'oppression, et où commence le désir de liberté, celui de vivre une vie politique.
La liberté d’opinion est une farce si l’information sur les faits n’est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l’objet du débat.
Seuls ceux qui sont délivrés de la nécessité peuvent pleinement apprécier ce que c'est qu'être libre de toute peur, et seuls ceux qui sont libérés du besoin et de la peur sont capables de concevoir une passion pour la liberté publique et de développer le goût particulier pour l'égalité que cette liberté porte en elle.
L'effondrement de l'autorité et du pouvoir, qui en général survient avec une soudaineté surprenante non seulement pour des lecteurs de journaux, mais pour les services secrets et les experts qui en sont témoin, ne devient une révolution au plein sens du terme que lorsqu'il existe des gens désireux et capables de recueillir le pouvoir et, pour ainsi dire, de pénétrer au cœur de la vacance du pouvoir.
C'est précisément parce que le tyran n'a pas le désir d'exceller et est dépourvu de toute passion pour la distinction qu'il trouve si plaisant de dominer, s'excluant ainsi de la compagnie des autres ; à l'inverse, c'est le désir d'exceller qui donne aux hommes le goût de leurs pairs et les pousse dans la sphère ppublique.
La Révolution française se termina en désastre et devint un tournant de l'histoire du monde; la Révolution américaine fut un triomphe et demeura une affaire locale, en partie parce que les conditions sociales dans le reste du monde étaient bien plus proches de celles de la France […]. Il n'est donc pas surprenant que le despotisme, ou en réalité le retour à l'ère de l'absolutisme éclairé, qui s'annonçait clairement dans le cours de la Révolution française, soit devenu la règle des révolutions suivantes […].
Les révolutions semblent toujours réussir avec une facilité déconcertante à leur stade initial : la raison en est que ceux qui sont censés "faire" les révolutions ne "s'emparent" pas du pouvoir, mais plutôt le ramassent quand il traîne dans la rue.
Le fait que le mot "révolution" ait signifié à l'origine "restauration" est plus qu'une simple bizarrerie sémantique.