Escadron spécial

- Et puis il a fallu que je rencontre Suzan.
- Communiste ?
- Non, pas du tout. Maintenant on dirait gauchiste mais elle participe à tout ce qui bouge. Les Droits Civiques, les ligues anti-raciste, les mouvements pour la paix, ceux pour la liberté de la femme...
- Hé ! dis donc...Le Skum ?
- Non, absolument pas. Car elle est gentille, Suzan et si douce. Mais il y a en elle toujours quelque chose qui se révolte et alors on ne peut plus la retenir.

Une fois encore le colonel sursauta.
- Si vite ?
- Nous sommes pressés. C'est maintenant qu'il faut agir et ne plus atermoyer. Si nous laissons faire Paris et le Juif, nous allons encore subir un double échec : diplomatique et militaire. Au fait, j'ai vu qu'il y avait des Youpins, dans votre sélection. C'est parfait.
- Lors de ma dernière entrevue avec le général Harrow tout avait été étudié en détail et je n'ai eu qu'à appliquer les consignes. Je crois qu'ils sont six.
- Nous les embarquerons dans un avion cargo qui attend à la base de la première division. Je crois que deux Chinook suffiront pour transporter l'escadron là-bas.

- Ils nous envoient au charbon, vous verrez. Certainement un sale coin à tenir jusqu'à ce que tout soit fini. On va tous y rester, vous verrez, et la quille on va l'avoir dans le cul...
Pendant ce temps les autres seront libérés et iront baiser nos femmes.

Le major Moore arriva au 7e de cavalerie, stationné quelque part au Viêt-nam, le 15 janvier 1973, à 8 heures. Il descendit de son hélicoptère avec souplesse et salua en souriant le colonel venu l'accueillir. Les deux hommes montèrent dans une jeep qui traversa le camp dans l'indifférence la plus totale. Le soldat Carry, qui était en train de déplier une tablette de chewing-gum face au distributeur accroché au mur de son baraquement, ne se doutait pas que l'arrivée de cet officier décidait de son sort et de sa vie. Pas plus lui que ses quatre-vingts camarades n'eurent le moindre pressentiment.

(incipit)