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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai ce plaisir de faire partie des lecteurs qui suivent Stéphane Arnier depuis son premier roman, le Déni du Maître-sève, publié en autoédition en 2015 avec la plateforme Bookelis.

C'était le premier volume du cycle Mémoires du Grand Automne qui finira par compter 4 livres au total.

Aujourd'hui, c'est une belle évolution pour l'auteur dont le nouveau roman La brume l'emportera, est publié chez Mnemos qui le consacre Pépite de l'imaginaire 2024.

Stéphane Arnier est un conteur hors du commun. Il n'écrit pas vraiment des livres ; plus précisément il donne naissance à des histoires, à des univers, à des mondes très semblables au nôtre mais qui sont régis par leurs propres règles, à la fois simples et déroutantes.

Dans ce nouveau livre – qui est un one shot cette fois-ci – l'auteur renoue avec ce qui m'avait tellement plu dans ses précédents ouvrages : il offre un pur récit d'heroic fantasy où la violence est rare, où la magie ne flirte pas avec le spiritisme et où les valeurs morales sont bien présentes. Bref, de l'heroic fantasy qui sort du lot…

Les deux héros vont évoluer ainsi que leur amitié au fil du roman et de leurs aventures.

Très sincèrement et sans vouloir en faire des tonnes, je pense que Tolkien aimerait beaucoup lire Stéphane Arnier. Les personnages sont originaux et d'une belle épaisseur, la quête est tout à fait insolite et les twists sont toujours surprenants.

Surtout, l'auteur est un narrateur hors pair qui maitrise comme personne les voix de la narration. Il dispense d'ailleurs largement et gratuitement son savoir sur la toile.

Il est donc capable (et c'est ce qu'il fait) de construire un roman de littérature de l'imaginaire où le lecteur ne se trouve absolument jamais face à une incohérence de nature à le faire décrocher de l'intrigue. Sa force réside surtout dans la façon dont il use des enjeux personnels et des enjeux plus généraux pour créer une tension narrative très équilibrée.

Qu'il s'agisse de scènes de combat, de déplacements (il y en a beaucoup dans le roman) où dans les dialogues, les enjeux sont toujours bien présents à l'esprit du lecteur, et même s'il viennent à changer suite à des retournements de situation on ne se sent jamais trahi ou déçu.

En fait, pour faire tout à fait simple : on a vraiment l'impression de lire une histoire vraie, sortie d'un monde imaginaire…

C'est volontairement que je ne dévoile pas davantage l'histoire que ne le fait le résumé. Ce livre ne mérite pas d'être raconté, il mérite d'être lu.

En définitive, si vous connaissez déjà Stéphane Arnier vous avez sans doute déjà acheté le livre ou bien vous allez le faire. Si vous êtes amateur de fantasy, vous ne pouvez pas passer à côté d'une Pépite de l'imaginaire de Mnémos. Et si vous n'êtes pas féru de littérature de l'imaginaire, il y a de fortes chances que La brume l'emportera face évoluer votre point de vue sur la question.
Lien : https://cequejendis.fr/2024/..
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Keb Gris-de-Pierre est Dak, Maramazoe est Ta'moaza, deux peuples ennemis. Rien ne prédisposait ces deux êtres à s'entraider, mais c'est sans compter l'arrivée d'une brume vaporisant toute forme d'existence sur son passage qui va les y obliger. Pour autant, trouveront-ils une issue ou à défaut, une explication à cet inexorable phénomène mortifère ?

La brume l'emportera est un roman de fantasy porteur d'une ambiance de fin du monde. En effet, Stéphane Arnier a donné vie à une brume qui avale les lieux et efface les vies qu'il a imaginées dans son roman. de fait, ce livre prend la saveur d'un postapo où la question de la survie est un enjeu majeur. L'univers est original. En outre, l'auteur y a infusé une magie surprenante. Celle-ci se manifeste de plusieurs manières. Ainsi, Keb a la capacité, en retenant sa respiration, de faire des bonds dans le passé. Cela a le double intérêt de lui permettre d'échapper, momentanément, à des situations périlleuses et de comprendre ce passé, notamment sur les origines de la brume. Maramazoe, elle, a le don de tisser des liens de brume avec les êtres animés ou inanimés. Leurs deux pouvoirs se complètent car dans ce monde en ruine, ils leur permettent d'avancer en empruntant le passé. Cette magie prend sa source dans les mythes et les légendes des peuples mis en scène entre ces lignes. L'auteur s'inspire de la civilisation Maori, notamment pour la fonction des tatouages et les pouvoirs qu'ils confèrent. Il est également question de pierres d'obsidienne servant de bornes de passage et qui me rappellent étrangement les piliers d'Art présents dans la saga de L'Assassin Royal de Robin Hobb. Dans une interview accordée aux éditions Mnémos dans le cadre de la promotion de la sortie de ce roman, Stéphane Arnier relate ses pérégrinations en Nouvelle-Zélande. Or, justement en lisant La brume l'emportera, on ressent bien l'influence de la culture tribale et des paysages à couper le souffle sur son écriture. L'intrigue prend donc cadre dans un décor vertigineux multipliant les scènes spectaculaires qui vont régulièrement mettre les protagonistes à rude épreuve.

L'introduction de cette brume qui efface peu à peu l'humanité, qu'elle soit une conséquence naturelle ou non, donne à ce récit une portée écologique. En effet, avec cette nature qui se rebelle et qui menace le vivant, on ne peut que faire un parallèle, avec les bouleversements climatiques qui agitent notre quotidien, surtout lorsqu'il est question de déni et d'inertie de la population. D'autre part, Stéphane Arnier a mis le passé au coeur de son intrigue. Il y interroge notamment l'intérêt de pouvoir le modifier et les conséquences souvent imprévues qui ne manqueront pas de découler sur le présent. C'est donc l'occasion d'une introspection personnelle qui vise à mettre en lumière le poids des choix et donne ainsi tout son relief au texte.

En librairie depuis le 21 février, je ne peux que vous recommander la lecture de cette pépite dont l'univers est bien travaillé et les destins contés sont très prenants... suite sur Fantasy à la Carte.


Lien : https://fantasyalacarte.blog..
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Chronique à chaud pour cette dernière lecture de chez Mnemos qui m'a littéralement emportée et qui mérite sans nul doute son titre de pépite de l'imaginaire. Venez vous asseoir au coin du feu et écouter l'aventure de Keb et de son lien si particulier avec Maramazoe. Il me faudra un petit peu de temps pour digérer tout cela mais je pense que nous sommes sur un coup de coeur. En voici les raisons.

Je retiens en premier lieu la manière dont l'auteur amène et raconte son histoire. Deux petites pages, c'est le temps qu'il m'aura fallu pour me dire que j'allais vraiment aimé ce récit. Ces deux pages nous illustrent seulement Keb invitant son auditoire à s'asseoir et à écouter son aventure. Tout s'enchaîne parfaitement ensuite. Nous découvrons notre narrateur et sa chienne Lampoza fuyant une mystérieuse brume qui sévit depuis quelques années et dévore tout sur son passage. L'auteur frappe très fort dès le début et dispose de ce don, celui de captiver tout de suite votre attention et vous faire pénétrer dans son univers. de plus, je trouve qu'il dispose d'un talent certain pour mettre en place la scène et donner progressivement au lecteur des informations nécessaires à la compréhension et au déroulement de l'intrigue. Les manières dont il va distiller ces détails sont diverses et toujours parfaitement amenées. J'ai particulièrement apprécié la manière habile dont il use vers la fin du roman pour couper court aux interrogations du lecteur en donnant tout de suite une explication rationnelle. J'ai sincèrement eu l'impression qu'il s'était mis à ma place tout du long et je souhaitais le remercier pour cela car la lecture était vraiment très agréable. La plume était tout simplement parfaite: aucun problème de compréhension, beaucoup d'action, de l'émotion également (et vous savez combien j'y suis sensible).

L'histoire est également remarquable. Cela part de postulats très simples: la brume envahit le monde, l'obtention de mystérieux pouvoirs par Keb (lui permettant de se projeter dans le passé au même endroit), la rencontre de deux personnes que tout oppose: Keb et Mara. A partir de là, tout se complexifie petit à petit pour obtenir un superbe dénouement qui je l'espère vous laissera également une petit boule au ventre. Rien de complexe, rassurez vous mais chaque page tournée amènera sa pierre à l'édifice. le monde décrit par l'auteur vous emportera, avec de magnifiques décors. Je reprends ses propos: Nouvelle-Zelande, terre de coeur et d'inspiration. le système de magie m'a également fait voyager. Simple et efficace, j'ai adoré découvrir tous les détails liés aux rites traditionnels et aux pouvoirs relatés dans l'aventure, surtout que notre camarade Keb montait en compétence dans le domaine.

Le meilleur pour la fin: notre duo emblématique, Keb le berger et Maramazoe la guerrière. Quel bonheur de voir deux êtres que tout oppose à première vue se rapprocher et devenir chacun un pilier l'un pour l'autre. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur eux. Tout d'abord, ils ont tous les deux leur passé et l'auteur les développe parfaitement à travers certains chapitres dédiés mais aussi beaucoup de détails éparpillés ça et là. Ensuite, ne croyez pas que leur relation est manichéenne ou trop rapidement amenée. L'auteur prend son temps et ce n'est qu'à travers les échanges, les événements partagés qu'ils aboutiront à quelque chose de solide. Pour finir, il est primordial de garder en tête certains messages, notamment le fait qu'il ne faut pas s'appesantir sur le passé (que c'est mal de vouloir le changer) et qu'il faut en permanence aller de l'avant. Vous aurez l'occasion d'y réfléchir au travers de plusieurs exemples concrets.

Je ne dirai qu'une chose, je veux découvrir les autres titres de l'auteur et j'espère qu'il a d'autres projets en tête. Je constate qu'il est amateur de balade en forêt, donc de nature. Cela tombe bien moi aussi et j'ai eu énormément de plaisir à découvrir les paysages qu'il décrivait. N'hésitez plus, laissez vous tenter et emporter par cette magnifique lecture.
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J'ai vraiment apprécié cette épopée fantasy, pleine de douceur et de poésie. le récit est poignant et très bien conté. J'avais l'impression d'être auprès de keb autour d'un feu de bois à être captivé par tous ce qu'il nous rapporte, et de vivre l'aventure au travers de ses yeux. Les émotions toujours à fleur de peau tout au long de cette aventures, à vivre ses joies comme ses déceptions, ses bons moments comme ses moments tristes. J'ai été conquise dès les premiers mots.

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Les éditions Mnémos #servicepresse #pepite #fantasy #imaginaire #quete #resilience #union #amitie #amour #famille #magie #tisseuse #voyage #poesie #onirisme #labrumelemportera #stephanearcier

#aventurehumaine

Une pépite de l'imaginaire comme je les aime, pleine de poésie, de douceur, d'apaisement. de remise en question,de confiance, d'acceptation et de résilience. Une aventure fantasy avec une plume fluide et agréable.Partez avec Mara et keb,deux protagonistes issus de tribus différentes, qui vont devoir s'unir contre un ennemi commun, malgré leur quête personnelle qui sera bien différente...


Merci aux éditions Mnémos pour ce cadeau hors du temps,à savourer au chaud avec un plaid devant un bon feu de bois ❤



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Que j'aime ces romans où un des personnages, un des héros même, nous raconte son histoire. Moi je les appelle des romans à la Rothfuss... on a les références qu'on peut n'est-ce-pas !

Et ici, c'est annoncé dès le premier chapitre. Keb Gris-de-Pierre est au milieu d'un groupe de Ta'moaza, lui le Dak, alors que leurs peuples sont ennemis. Mais voilà, il connait leurs coutumes désormais et ils lui ont confié leur bâton-oiseaux. Celui-ci lui confère le droit de raconter une histoire sans que personne ne puisse lui couper la parole ni même se soustraire à son récit.

Et il a bien fait de s'emparer de ce pouvoir si particulier car il va leur raconter comment il a aidé Maramazoe à éradiquer la brume. Et dès qu'il prononce ce nom, toute l'assistance frémit, recule instinctivement. Maramazoe est muo moa : tabou. Sans le bâton-oiseaux il aurait été lynché sur place... sans grandes difficultés vu qu'il n'est qu'un Dak, frêle et malingre, et eux des Ta'moaza costauds, de deux têtes de plus que lui.

On découvre avec le récit de Keb, un continent qui se noie dans une brume épaisse qui monte sans arrêt et commence à menacer les hauteurs de sa montagne. À première vue, rien de bien méchant n'est-ce-pas ? Oui, sauf que cette brume avale tout, efface, vaporise les êtres vivants et même leurs constructions. Keb, qui était berger, n'a plus que son fidèle chien. Sa femme enceinte était en voyage sur la côte, la brume est arrivée de la mer. de ses montagnes, il a vu la ville se faire engloutir. Et maintenant, il cherche un chemin pour rallier un autre sommet, plus élevé. Il vient de perdre son chien qui s'est dissout dans la brume pour récupérer une volaille quand il est rejoint par une Ta'moaza, Mara. Elle aussi monte, mais son but est de rejoindre la responsable, celle qui a créé cette brume, sa fille.
La suite sur le blog ;)
Lien : https://www.bookenstock.fr/2..
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Keb, berger, erre sans fin dans un univers où la brume qui s'est levée grignote tout. Sa femme, son village, ses amis ont été dissous par cette brume qui est apparue un matin. La seule solution pour lui échapper est de grimper, toujours plus haut, sur les sommets. En chemin, il va croiser Mara, une guerrière du peuple des mers. Elle est bien décidée à arrêter cette brume et elle entraîne, malgré lui, Keb.

J'ai beaucoup aimé ce roman de fantasy qui dégage quelque chose d'à la fois doux et d'étrange. Cette douceur je l'identifie d'abord aux personnages, Keb et Mara, issus de deux univers différents et opposés. Ils vont devenir alliés malgré eux. de ce duo émane une sorte de nostalgie douce-amère dans laquelle le passé a une place immense comme on le découvrira tout au long du livre.

Keb, après avoir été en contact avec la brume, va acquérir un pouvoir assez fascinant: celui de voir le passé des lieux qu'il traverse. J'ai beaucoup apprécié cette magie très originale qui permet d'exploiter les situations au mieux.

Mara est une guerrière, armée d'une longue rame. Ses tatouages et ses origines font penser au peuple Maori bien sûr. Elle st toute aussi intrigante que Keb, si ce n'est plus, puisqu'elle semble savoir d'où vient la brume et comment l'arrêter. C'est elle, qui porte clairement le bâton de guerrier dans le duo et qui va au contact, n'hésitant pas à se lancer dans la bataille, laissant d'ailleurs Keb observer plus qu'agir. Là encore, j'ai beaucoup aimé cette manière de traiter le personnage féminin pour les compétences qu'il possède et non par rapport à son genre.

Au fur et à mesure, le mystère se désépaissit. On en découvre plus sur le passé de nos personnages, coeur du roman. Si le schéma global de l'intrigue peut finalement paraître classique, j'ai aimé les thématiques qui s'en dégage: les regrets ou les remords, la faculté de pardonner, la résilience.

Avec « La brume l'emportera », Stéphane Arnier nous offre un roman de fantasy unique et mystérieux aux personnages inoubliables.
Lien : https://carolivre.wordpress...
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Un livre de Fantasy plutôt simple dans son postulat, une brume mystérieuse est en train d'engoultir le monde, mais qui nous entraîne dans une véritable quête passionnante, narré par l'un des protagonistes. Les deux personnages, venant de deux peuples qui étaient en guerre, sont géniaux, bien construit, leur relation évolue au cours du voyage. J'ai adoré les suivre dans cette quête.
C'est vraiment un très bon livre que je recommande !
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Avant-propos
En premier lieu, je remercie Estelle et les Éditions Mnémos qui m'ont envoyé ce service de presse surprise ! Férue de leurs Pépites de l'imaginaire, c'était en plus l'occasion de découvrir la plume et l'univers de Stéphane Arnier, qui m'ont enchantée.
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Mon retour
Brume et ruines
« — (…) Si nous pouvions contempler les souvenirs du monde, si nous pouvions nous rappeler qui nous avions été, si nous pouvions regagner les pouvoirs enfouis sous la terre, nous redeviendrions le grand peuple de jadis. »

Ne vous fiez pas au résumé de la brume l'emportera, sous son air classique, ce one-shot que nous propose Stéphane Arnier est une invitation au voyage, fruit de réflexions sur la mémoire, les actes manqués, le deuil et la rédemption. Avec la rencontre inopinée d'un berger Dak et d'une guerrière Ta'moaza, c'est un véritable choc des cultures duquel naît peu à peu une touchante amitié.

Cela fait huit ans que la brume engloutit peu à peu le monde : les océans, les plaines… elle a commencé l'ascension vers les sommets, vers les montagnes. La brume vaporise les êtres vivants qu'elle touche : les humains et les animaux disparaissent sans laisser de trace, comme s'ils n'avaient jamais existé. Cela fait huit ans que Keb a perdu sa femme enceinte, son frère jumeau, sa bergerie familiale, son troupeau. En compagnie de sa chienne Lampoza, il marche vers les hauteurs, mais pourra-t-il échapper indéfiniment à la brume ?

Keb en est psychologiquement au point de ne plus s'interroger sur la brume – qu'elle-t-elle ? d'où vient-elle ? Malgré tout, suite à un triste accident durant lequel il frôle la brume en tentant de sauver sa chienne, le voilà pourvu d'une étrange aptitude, à moins qu'il ne commence sérieusement à perdre la tête ? Lorsqu'il retient sa respiration, le voilà plonger dans une autre époque. Dans ses ruines qu'il arpente à la recherche de nourriture et d'eau potable, il se retrouve piégé dans une cellule à cause de cette nouvelle faculté. C'est alors qu'il va faire la rencontre de Maramazoe, une femme guerrière du peuple avec lequel le sien était en guerre, il y a huit ans.
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Les forces du récit
Plusieurs forces façonnent ce récit. Dès les premières lignes, la narration nous entraîne. En effet, nous rencontrons Keb Gris-de-pierre qui conte son incroyable épopée en compagnie de Maramazoe A'oraza, alias Mara, aux Ta'moaza qui l'ont recueilli. Imaginez ce Dak, petit à la peau noire comme le sont les siens, face aux impressionnants Ta'moaza, grands, leur peau cuivré ornée de tatouages tribaux qui révèrent les volcans (il m'ont instantanément fait penser aux Maori). le choc des cultures est amoindri par le fait que Keb connaît dorénavant leurs coutumes, leurs mythes. Toutefois, il a attendu d'être en possession du bâton-oiseau pour leur narrer son récit, car Mara est muo moa – tabou, contagieuse – chez les Ta'moaza.

La maîtrise de la narration de l'auteur s'étend donc ici à un récit oral, à la 1ère personne, qui interpelle à l'occasion son auditoire présent. Quant à l'épopée, le sens de l'intrigue, les détails, les informations nécessaires, les descriptions, les interactions entre les personnages, … : rien n'est laissé au hasard, offrant une exceptionnelle cohésion. La mémoire hautement précise de Keb trouve bien entendu un lien avec son don, mais ça, vous le constaterez par vous-même.

À travers la reviviscence de Keb, nous suivons son évolution et celle de Mara. Dire que leur rencontre et le début de leur périple n'a pas été facile frôle l'euphémisme, et c'est appréciable d'être témoin de l'amitié qui va naître entre eux deux, pas à pas.
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Les fantômes du passé
Mara a besoin de Keb pour lever la brume, elle le lie à elle avec sa magie pour qu'il l'accompagne. Bien sûr, Keb tergiverse, traîne des pieds, mais après tout, son but était de gagner les hauteurs, pas vrai ? C'est justement ce chemin qu'emprunte Mara. Sur la route, c'est l'occasion pour Keb d'expérimenter son don, de se retrouver dans le passé, 8 ans avant. Lié à Mara par le don de fileuse de celle-ci, ils sont complémentaires, ce qui les aide à franchir de nombreux obstacles sur le chemin les menant à Ketuma. Un sentier arraché par un éboulement rocheux, un pont détaché : le duo retient sa respiration pour emprunter la piste sûre d'hier.

À Ketuma, Keb rencontre littéralement son lui-même et son épouse, Driss, d'il y a huit ans ; ils étaient venus sceller leur union au temple, c'est ici que Driss lui avait annoncé qu'elle était enceinte. Ici que Keb avait préparé leur avenir en empruntant de l'argent à Piotr.

Mara a beau lui expliquer ce qu'est la brume, son rôle, il est tellement attaché au fantôme de Driss, à leur vie manquée, qu'il est en désaccord avec la guerrière. Lui souhaite revenir en arrière alors que son acolyte répète qu'il faut aller de l'avant, qu'on ne peut pas effacer ses erreurs en revenant en arrière, en réincarnant une ancienne version de nous-même au mépris de celle que nous sommes devenus, que nous sommes là maintenant.
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Épopée et voyages dans le temps
Ketuma va les confronter à leur passé respectif. Si Keb pense éperdument retrouver son épouse et pouvoir vivre la vie qu'ils n'ont pas pu avoir à cause de la brume, Mara, elle, court après sa fille, car c'est elle qui est à l'origine de la brume. le premier souhaite que la brume fasse son office, ramène le monde d'hier, tandis que la seconde souhaite la stopper, vivre la vie d'aujourd'hui en la réapprenant. Aussi improbable que cela puisse paraître du fait de leur opinion divergente, Keb et Mara avancent ensemble, voyagent ensemble, aujourd'hui comme dans les sillages d'il y a huit ans.

À Ketuma, ils vont faire une découverte, elle concerne des artefacts d'obsidienne. En obsidienne comme les boucles d'oreilles de Keb, souvenir de Driss ; en obsidienne comme l'encre des tatouages de Mara, des Ta'moaza en général. Leur voyage se transforme alors en véritable épopée, ils vont découvrir plusieurs territoires, autant de pièces qui constituent l'histoire de la terre, l'Histoire de leurs peuples respectifs. Ils vont remonter le cours des civilisations, découvrir qui était le peuple qui a laissé derrière lui ses immenses bâtiments dans les hauteurs comme celui de Ketuma.

Entre l'impermanence et le souci de mémoire, c'est toute une réflexion à laquelle nous invite Stéphane Arnier, une réflexion à la fois intime et universelle. le passé, les fantômes du passé forgent la personne que nous sommes aujourd'hui, c'est donc à l'instant présent qu'il faut se connecter ; ne pas regarder en arrière avec regret, mais avoir conscience du chemin parcouru, de l'évolution qui ont fait de nous ce que nous sommes.
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En bref
Avec La brume l'emportera, Stéphane Arnier nous offre une véritable pépite. Une fantasy originale parsemée de décors époustouflants digne de la Nouvelle-Zélande, avec des personnages attachants, une narration maîtrisée et visuelle, pour une quête d'apparence classique qui nous interroge sur l'impermanence, le vivre ensemble. Nous ne devons pas oublier le passé, mais il ne faut pas le répéter, au risque de « remuer des ombres aux pays des regrets ».
Lien : http://maude-elyther.over-bl..
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Clairement nous sommes sur un livre m'a vraiment fait voyager !

Dès les premières pages j'ai été happée par l'histoire. J'aurai pu m'assoir en tailleur et écouter cette belle histoire la bouche ouverte (avez-vous vous aussi l'image de nos bambins quand nous leur racontons une histoire ?)

Vous suivrez les aventures de Keb et de Mara, qui unis par un lien invisible magique arpentent les hautes montagnes pour échapper à une brume magique qui engloutit depuis 8 ans le monde. Keb a tout perdu et Mara cherche sa fille.
Tout au long du récit, ce duo se livrera à tour de rôle sur leur passé et leurs blessures. Ils deviendront amis, malgré eux, et quelle amitié. Chacun sur ses positions, ils nous amèneront à réfléchir .

Le passé est passé, ne nous attardons pas et avançons ! même quand ça fait mal… (plus facile à dire qu'à faire n'est ce pas ! )

De l'émotion vous en voulez, et bien vous en aurez ! Oh oui , mais ça rend cette histoire tellement mais tellement !
Des paysages à en couper le souffle aussi, vous verrez l'auteur a un don pour la description sans que cela n'alourdisse le texte !

Je lis partout que ce livre est « une petite pépite de l'imaginaire » et bien je crois que je ne peux qu'être d'accord avec ça !

Il restera un bon moment dans un coin de ma tête !






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