Citations sur Le spectateur engagé : entretiens avec Jean-Louis Missi.. (21)
L'ignorance et la bêtise sont des facteurs considérables de l'Histoire.
La morale du citoyen, c'est de mettre au-dessus de tout la survie, la sécurité de la collectivité.
Mais si la morale des Occidentaux est maintenant la morale du plaisir, du bonheur des individus et non pas la vertu du citoyen, alors la survie est en question.
[1981]
Raymond Aron : Je trouve que c’est médiocre d’en vouloir aux Etats-Unis d’avoir été pendant une courte période la puissance dominante du monde. Après tout, ça n’a pas duré longtemps et déjà on commence à s’interroger sur le déclin des Etats-Unis. Cela devrait atténuer les mauvais sentiments des Français.
Jean-Louis Missika : Mais l’impérialisme économique, les sociétés multinationales, c’est un danger réel, non ?
R A : En quoi, sinon par définition, les sociétés multinationales sont-elles impérialistes ?
J-L M : On a l’impression que vous faites deux poids, deux mesures. Tout le mal est du côté des Soviétiques. Les Américains ont droit à l’indulgence.
R A : C’est absurde. Je n’ai jamais dit qu’aucune société soit parfaite. Pour les sociétés multinationales, prenons un exemple, la société IBM. Elle a eu presque un monopole des ordinateurs. Elle a encore une position énorme. Il y a eu une filiale d’IBM en FR. Puisque vous avez étudié ces questions, considérez-vous que l’existence d’une filiale d’IBM en FR soit contraire aux intérêts nationaux de la FR ?
J-L M : En tout cas, le général de Gaulle l’a pensé puisqu’il a, de façon très volontariste, crée une société française d’informatique. [ …] En somme, la politique d’indépendance vous semble un peu ridicule ?
R A : Ca dépend comment on définit la politique d’indépendance. Lorsqu’on est dans une économie d’échanges libres, personne n’est économiquement indépendant. Par exemple, nous dépendons aujourd’hui des producteurs de pétrole beaucoup plus que des Etats-Unis. Ce que peut être l’indépendance, aujourd’hui, c’est de ne pas dépendre d’une seule puissance, c’est d’avoir une pluralité de dépendances. C’est aussi avoir de son côté un certain nombre de moyens pour que d’autres dépendent de nous. P238
Tous les combats politiques sont douteux. Ce n'est jamais la lutte entre le bien et le mal, c'est le préférable contre le détestable.
En politique, on ne peut pas démontrer la vérité, mais on peut essayer, à partir de ce que l'on sait, de prendre des décisions raisonnables.