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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Profondément misogyne, la mythologie grecque regorge d'histoires sordides dont les victimes sont très majoritairement des femmes : viols, parfois incestueux, meurtres, abus mutilples et variés, injustices manifestes ou plus sournoises.
Les mortelles, les créatures semi-divines, les immortelles, aucune catégorie n'est épargnée.

Rappelez-vous Hélène qui fut enlevée et amenée de force à Troie.
Rappelez-vous Briseis, disputée comme un trophée de guerre entre Achille et Agamemnon.
Rappelez-vous Méduse, violée dans un temple d'Athéna et transformée en Gorgone par celle-ci pour la punir d'avoir profané son temple.
Rappelez-vous Cassandre.
Rappelez-vous Europe.
Rappelez-vous Pandore.
Rappelez-vous Danaé, Léda, Thétis.
Rappelez-vous Ariane, Perséphone, Arachné, Andromede, Médée, Jocaste, Callisto, Egine, Alcmène et toutes les Danaides.

Melchior Ascaride a choisi de reprendre le mythe d'Orphée et Eurydice (notez qu'on le cite toujours en premier, en supposant qu'on nomme la deuxième).
Et si Orphée avait délibérément tourné la tête pour condamner son épouse aux Enfers, qu'au final il n'aimait pas tant que ça, à rester aux Enfers, sa catabase n'étant qu'un prétexte pour en tirer une chanson, qui resterait dans les annales divines et historiques, comme l'histoire d'amour la plus tragique jamais chantée de mémoire d'aède.
C'était intéressant mais pas si convaincant que cela.
Eurydice est en colère et elle soupçonne Orphée de l'avoir abandonnée. Elle soupçonne un mec d'être une ordure finie et comme c'est un homme c'est forcément vrai... Elle ne s'en était pas rendue compte jusqu'à maintenant mais c'était un manipulateur narcissique... Pour moi, ça ne sonne pas juste. Ce qui devrait être présentée comme une saine colère devient le délire d'une folle, furieuse d'être abandonnée. Je ne pense pas que c'était l'idée poursuivie par l'auteur.
Le problème est qu'on ne connaît pas du tout Orphée.
Et non ! je ne me place pas du côté des femmes, inconditionnellement, par sororité, juste parce que l'homme est présumé coupable jusqu'à preuve du contraire. Et si vous avez un minimum d'esprit critique, vous aussi vous suspendez toujours votre jugement en attendant de connaître les autres protagonistes et leurs versions.
Tout ça pour vous expliquer pourquoi j'ai été mal à l'aise avec ce personnage d'Eurydice et ses revendications vengeresses. C'est bancal, et comme l'histoire repose entièrement là-dessus, j'ai dû apprendre à faire l'équilibriste : me dire que je ne comprenais peut-être pas le message, que je le comprenais sans doute de travers ou bien que ce n'était pas grave si je n'y adhérais pas complètement.

Après, il y a des tas de choses que j'ai aimé dans ce livre, à commencer par l'écriture très riche de l'auteur.


J'aime autant vous prévenir que si vous n'êtes pas familier avec la mythologie grecque, ce récit peut vous apparaître comme particulièrement difficile à appréhender.
Si vous aimez les styles d'écriture dépouillés, simples et sobres, peut-être que ce texte vous paraîtra inutilement ampoulé.
Si vous êtes tenté malgré cela, sachez que c'est un roman graphique, que ça vaut le coup d'oeil. En plus, c'est court. Se faire sa propre opinion au lieu d'écouter la mienne...

Bisous mes petits choux.

Lecture effectuée en préparation des Ukronies du Val 2023







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Après plusieurs livres en collaboration, Melchior Ascaride a décidé de se lancer seul avec Eurydice déchaînée signant texte et dessins. Ce roman graphique est paru en mars chez les Moutons électriques dans la collection la « Bibliothèque dessinée » fondée et codirigée par Melchior Ascaride. Cette collection est consacrée aux romans courts et à faire le lien entre littérature et bande-dessinée. Comme son titre l'indique, le roman est une relecture du mythe d'Eurydice et Orphée.

Le mythe d'Orphée et d'Eurydice est d'une des plus belles et triste histoire de la mythologie grecque. Eurydice est une dryade, compagne d'Orphée, poète et musicien. le jour de leurs noces, elle est poursuivie par Aristée et en voulant s'enfuir meurt mordue par un serpent. Orphée décide de tout faire pour la ramener et va aux Enfers, le royaume d'Hadès pour la chercher. Une seule condition lui est imposée: Orphée ne devra pas se retourner et regarder Eurydice avant d'être sorti des Enfers. Malheureusement, à quelques mètres de la sortie, Orphée ne pourra résister à la tentation de jeter un oeil vers Eurydice, la condamnant ainsi à rester aux Enfers pour toujours.

C'est là que débute le roman de Melchior Ascaride. Eurydice refuse de croire que Orphée n'a pas agi involontairement. Il voulait avoir de quoi faire une belle chanson et l'a intentionnellement abandonnée aux Enfers. C'en est trop pour elle, elle ne pourra pas le supporter et veut se venger d'Orphée mais aussi des Dieux qui lui ont laissé ce sombre destin. Sombre destin qu'elle partage avec de nombreuses femmes, déesses ou mortelles, mais toujours à la merci des hommes, toujours victimes, il est plus que temps de se rebeller!

Le roman raconte comment Eurydice va tout faire pour traverser les Enfers et arriver à son but. Sur cette route semée d'embuches, la dryade fera de nombreuses rencontres de Eurynomos, à Tirésias ou encore Charon. Les connaissances de l'auteur sur les mythes grecs apparaissent nombreuses et variées. Melchior Ascaride s'amuse à dépoussiérer les héros et dieux grecs en montrant surtout la grande misogynie de la mythologie grecque faisant écho à notre société et aux combats féministes. La seconde partie du roman est d'ailleurs plus représentative de cette misogynie au delà du cas d'Eurydice. On pense à Ariane abandonnée par Thésée, à Perséphone enlevée de force par Hadès….Si le début du récit est une suite de rencontres et de plaintes d'Eurydice, la suite devient un véritable pamphlet et une belle démonstration des injustices flagrantes dont sont victimes les femmes dans les mythes grecs.

Le livre est entièrement en bichromie bleu – noir, elle montre ainsi la froideur du royaume d'Hadès. Comme dans les précédents ouvrages de la Bibliothèque dessinée, Melchior Ascaride alterne texte et dessins, les illustrations complétant ou soulignant des passages de l'intrigue. Les personnages sont un peu plus détaillées que dans les précédentes oeuvres et on note également des effets plus proches de la bande dessinée.

Eurydice déchaînée marque ainsi de belle manière les débuts de Melchior Ascaride en tant qu'auteur. Il choisit de raconter la suite d'un mythe grec bien connu, celui d'Orphée et d'Eurydice en le déconstruisant et en faisant d'Eurydice une battante prête à tout pour se venger. Eurydice devient la porte parole des figures féminines opprimées luttant contre la misogynie si présente dans les légendes grecques.
Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Si vous cherchez un roman féministe, rempli de colère, et qui décris la mythologie grecque telle qu'elle est : un endroit où les femmes souffrent, se font punir sans raison même par des femmes, et où rien n'est juste pour elle… Ce livre parle de ça. On retrouve Eurydice en enfer, après qu'Orphée l'y ait abandonné. On la retrouve surtout pleine de colère, prête à déchaîner son courroux, à fuir cet enfer médiocre, où tout le monde semble « obéir à tout le monde », alors qu'elle, ne veux plus obéir à personne.

Il y a une écriture sensiblement poétique, très jolie, et bien faites, mais avouons-le, parfois, je décrochais un peu à cause de ça. Et a des moments, ça rendait le récit encore plus intense, encore plus plaisant. J'avais envie qu'Eurydice parvienne à ses fins, et finalement, j'ai aimé le côté que ça donne au mythes grecs, qui montrent combien c'est injuste.

Eurydice est une battante, remplie de colère qui ne s'arrête jamais, même à la fin, et j'ai adoré la suivre tout au long de son périple, en apprenant aussi un peu plus sur les mythes grecs. Les illustrations allaient avec ce côté macabre, et je trouve ça très beau que finalement, tout y soit bleu, quand le bleu est symbole des « hommes » (ou pas) ou du calme. Là où on retrouve la féminité à son comble et la colère la plus puissante.

C'est un très beau travail graphique, et d'écriture, et j'ai bien aimé.
Lien : http://koalavolantchronicles..
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Un roman graphique sombre, violent, qui dépote. Réécriture du mythe d'Orphée du pdv d' Eurydice. Dans le mythe, Orphée obtient l'autorisation d'aller chercher sa promise en enfer après la mort de cette dernière, à la seule condition de ne pas lui jeter un regard avant d'atteindre la surface. Il échouera et Eurydice retournera en enfer. Ils seront séparés à jamais. Vu comme une tragique histoire d'amour, ici Melchior Ascaride réécrit l'histoire en induisant qu' Orphée à fait exprès de regarder Eurydice. Qu'il n'a jamais eu l'intention de la ramener.
Et comme l'indique le titre, Eurydice à la haine et veut se venger.
Voyage au plus profond de l'enfer et du tartare, mettant psychologie et émotion à rude épreuve.
Ce roman graphique violent et sombre met en évidence la vengeance via quelques écueils parfois trop faciles et qui manque un peu de développement. Néanmoins l'écriture est soignée, les dessins attractifs et la mise en évidence des femmes bafouées de la mythologie grecque qui cherche à se dresser contre les dieux est plutôt intéressante. Une bonne lecture.
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Eurydice est un personnage de la mythologie grecque, une dryade. Eurydice rencontre Orphée, héros, fils de la Muse Calliope (dont la spécialité est la poésie épique) et peut-être d'Apollon (dieu des arts, du chant, de la musique et de la poésie, entre autres). Orphée est donc poète et musicien, et sort d'un milieu privilégié lorsqu'il épouse Eurydice, aux origines plus modestes (c'est une dryade, elle se réclame d'un chêne). Peu après leurs épousailles, fuyant les avances importunes d'un berger, Eurydice est mordue par un serpent et meurt.
Orphée, éploré, décide d'aller la chercher dans les enfers. Il devient ainsi l'un des rares héros à y être descendu de son vivant, et à en être revenu. Il obtient de Hadès la permission de ramener Eurydice avec lui, c'est-à-dire à la vie, à condition qu'elle marche derrière lui, et qu'il ne se retourne que lorsqu'ils seront revenus à la lumière. Ils y sont presque lorsque, n'entendant plus les pas de son aimée, Orphée se retourne et… renvoie ainsi Eurydice dans le royaume des morts.
C'est sur cette aventure et le chagrin qu'il éprouve (? déploie ?) ensuite, qu'Orphée bâtit sa célébrité et sa carrière de musicien poète.

L'auteur, Melchior Ascaride (je me demande si c'est un nom de plume…) est graphiste, il travaille pour la maison d'éditions « Les moutons électriques ». Il a conçu son livre comme un objet, pas seulement une collection de mots sur des pages collées ensemble. Cet objet est humble par sa taille, la qualité de son papier, et le nombre restreint de ses couleurs. Mais cet objet a une reliure cousue ! Et cet objet est intéressant. Quand on lit, on rencontre des illustrations qui rappellent la bande dessinée, mais aussi d'autres respirations : des changements de mise en page, de disposition et de couleur du texte. L'oeil est plaisamment chatouillé.
Melchior Ascaride dédie son texte aux « innombrables bafouées De Grèce ».

Que raconte-t-il ?
A tous ceux qui ont été effarés par la quantité de viols et d'unions forcées que l'on trouve dans la mythologie grecque, par ailleurs si captivante, qui ont été déçus que Thelma et Louise règlent leur histoire, comme tant d'autres héroïnes, en se suicidant, il propose d'autres possibilités.
Eurydice se révolte. Elle refuse de se laisser avaler par la mort . En suivant, elle remet en cause « tout le système », et enrôle au passage les danaïdes et Perséphone ; ainsi l'auteur, qui est un homme, ajoute à ce combat féministe cet ingrédient trop rare : la solidarité féminine. Il y met même des personnages masculins qui prennent conscience !
Évidemment, cette révolte féminine ne fait qu'amener le chaos. La dernière phrase dévoile la catastrophe suprême : « Que la théomachie commence », c'est-à-dire le combat contre les dieux.
Peut-être faudrait-il envisager d'apposer sur la couverture un avertissement pour prévenir les lecteurs du caractère séditieux de ce texte.

Le texte est à la première personne, il sort de la bouche d'une Eurydice enragée qui a décidé de rejeter le sort qui lui est imparti. N'ayant lu ni Homer, ni aucun autre Grec de l'époque, je me permets juste d'avancer l'hypothèse que l'auteur a tenté de donner à son texte un souffle homérique, en tout cas très lyrique, quoique sans les vers. Eurydice nous interpelle de manière véhémente. L'écriture est nourrie d'une profusion de comparaisons – pas toutes heureuses -, d'adjectifs, d'adverbes, de questions, d'exclamations, et de vocabulaire, dont une richesse de mots d'origine grecque, comme il se doit. Ce ton peut empoigner dès les premières lignes, mais aussi paraître indigeste aux amateurs de sobriété. Les dialogues paraissent très décalés. J'ai néanmoins savouré les insultes, comme par exemple « Que la gale te ronge ! ».
J'ai pris plaisir à lire ce court roman.
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