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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Peinture fraîche" est le premier roman de Chloë Ashby. Ce roman mêle histoire d'amour, d'amitiés, d'art et d'abandon.

Eve, l'héroïne de l'histoire erre et enchaîne les galères. Son histoire de vie commence plutôt mal puisqu'elle se retrouve seule à 5 ans avec son père qui sombre dans l'alcool après que sa mère ait fait le choix de partir. Puis étudiante, elle perd Grace, sa meilleure amie. Cette disparition ne cesse de la hanter, ce sera d'ailleurs le fil rouge du roman.
L'abandon est constitutif de la personnalité d'Eve qui n'arrive pas à surmonter ses traumatismes.
Ce roman ma surprise car je pensais lire plus un roman centré sur l'art et plus précisément sur une toile de Édouard Manet. Si le tableau "un bar aux Folies Bergères" est bien évoqué à plusieurs reprises, ce n'est pas le thème central. Chloë Hasby nous offre le portrait d'Eve, jeune femme, qui évolue comme elle peut entre différents emplois, ballottée dans Londres, ville qui la voit sombrer, tout comme nous, lecteurs qui aimerions l'aider et la guider.
Des mains vont être là pour l'aider, la secourir mais tout ne peut venir de l'extérieur, il faut parfois se confronter à l'origine du mal pour guérir.
J'ai beaucoup aimé ce livre sensible sombre, émouvant. Un auteur que je serai contente de suivre.
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J'ai reçu ce roman dans le cadre de la Masse Critique de septembre. Je remercie Babelio et les Editions de la Table Ronde. Sans eux, je n'aurais jamais lu ce premier roman qui me fait l'effet d'une claque. le récit se tend crescendo… Eve ne va pas très bien. Beaucoup de raison à cela : une histoire familiale compliquée, des difficultés à se stabiliser au niveau professionnel et amoureux… Beaucoup d'interrogations, de doutes, de mauvais choix mais quelques ouvertures pour s'en sortir : des visites au musée apaisantes, des petits boulots qui l'occupent et lui donnent le sentiment d'être utile, des rencontres humaines aidantes, des regards et des mains tendues mais toujours cette seconde voix qui l'accompagne, tantôt la raisonnant, tantôt la déstabilisant jusqu'à l'assaillir dangereusement. On ne sort pas indemne de cette lecture. Ce récit sombre est adouci par une plume alerte, qui s'autorise des pointes d'humour, il est aussi très prenant car jusqu'aux dernières pages, la destinée de l'héroïne ne tient qu'à un fil. En reprenant cette histoire à rebours toutes les situations qu'elle vit, sont sources d'instabilité et de déséquilibres angoissants toujours réajustés in extrémis… Mais jusqu'à quand ?
Pour clore cette chronique, quelques mots sur l'édition. le papier est d'une grande qualité, très agréable au toucher et la couverture retrace tout à fait l'ambiance du récit : une photo floue de femme tronquée, des tons froids sur un papier mat d'où se détachent avec panache le nom de l'autrice et le titre de l'ouvrage qui lui aussi ne prend sa signification qu'au terme de la narration. Etincelant !
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Je remercie Nicolas de Babelio pour l'envoi (dans le cadre d'une "masse critique") de ce roman de la journaliste et autrice anglaise Chloë Ashby, magnifiquement traduit par Anouk Neuhoff.

Beaucoup aimé cette lecture pour plusieurs raisons :

- Londres et ses quartiers, Princes Court, Somerset House sur le Strand, South Kensington, la City, Kilburn, Waterloo Bridge, Finsbury Park,…

- l'écriture de Chloë Ashby, douloureuse mais émaillée de petites touches de l'humour « pince sans rire » anglais que j'affectionne tant

- une « anti » héroïne pas trop gâtée par la vie extrêmement attachante
Abandonnée par sa mère à un père alcoolique, Ève est minée par un autre drame, survenu alors qu'elle était étudiante. Depuis elle se démène, enchaînant les petits boulots.
Épaulée par des colocataires sympas, un copain d'enfance en passe de devenir un amoureux, une nouvelle amie, Ève lutte contre un terrible sentiment de culpabilité. Des scènes banales du quotidien la renvoient sans crier gare à des épisodes (refoulés ?) de son passé, qui ravivent la blessure.
Le mercredi, elle se rend à la Courtauld Gallery pour son « rendez-vous » hebdomadaire avec Suzon, la serveuse de Un bar aux Folies Bergères (tableau peint par Manet en 1882), sorte de double, de « second self » dont elle se sent étrangement proche, bien qu'elle ne soit jamais parvenue à en décrypter les pensées.

- l'importance de l'art dans la vie de Ève, tantôt spectatrice et tantôt « modèle vivant », avec un questionnement intéressant sur le jeu de regards entre artiste et modèle, ce que « l'autre » accepte de nous montrer et ce que l'on en perçoit.

Bref, une autrice extrêmement talentueuse et un premier roman surprenant et émouvant, dégageant une profonde humanité.

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À lire le titre, on pourrait penser, un coup de peinture fraîche, on efface tout et on recommence, mais avant d'en arriver là plusieurs étapes seront nécessaires pour achever si l'on peut dire : les travaux en cours. 

Chloé Ashby dépeint avec talent, la vie de cette jeune femme où l'art a une place de choix puisque d'une certaine façon, ça l'aide à surmonter différents traumatismes liés au deuil et à l'abandon. 

Avec humour même s'il est parfois grinçant, l'histoire d'Eve, un brin cleptomane se dessine sous nos yeux, tout en nous révélant petit à petit le drame qui l'empêche d'être pleinement heureuse. 

Colorée d'amitié, d'un peu d'amour, d'une pointe d'humour, de rébellion mais aussi de courage, cette toile contemporaine nous offre à sa manière une belle oeuvre artistique assez poignante où l'art de survivre mérite bien un bon coup de Peinture fraîche au final pour embellir les murs porteurs de la future nouvelle vie , d'Eve.
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Une évidence… Dès le début de ma lecture, je suis allée contempler le portrait de Suzon par Manet (pas dans la galerie de l'Institut Courtauld à Londres, même si j'aurais bien aimé, juste sur mon écran en grand format, ce qui est déjà pas mal…).
Il y a dans cette scène une foultitude de détails qui désoriente l'observateur aguerri, car même sa structure semble étrange… Je comprends qu'on puisse se noyer dans ce tableau, son histoire semble infinie (Un bar aux Folies Bergère est aussi la dernière grande oeuvre du peintre).

Je vous encourage à y jeter un oeil pour mieux comprendre Eve, l'anti-héroïne de Chloë Ashby.
Complètement borderline et perdue entre ce tableau, son travail de serveuse (qu'elle cumulera bientôt avec un autre job plus insolite en passant de spectatrice à modèle nu pour un atelier d'art), les souvenirs d'une enfance chaotique (mère volatilisée, père qui a sombré dans l'alcool) et la perte de sa meilleure amie dont elle ne s'est jamais vraiment remise…

J'ai éprouvé une affection croissante pour cette jeune femme complètement paumée, voleuse compulsive d'objets inutiles, spectatrice de sa vie car coincée dans un passé qui l'empêche de se construire au présent (elle a d'ailleurs abandonné ses études suite au décès de son amie).

Impossible de prendre des décisions, impossible de sortir les mots qui restent coincés dans la gorge (même quand ils seraient nécessaires pour son bien-être moral ou son intégrité physique), impossible d'expliquer aux autres le chamboulement intérieur, impossible de trouver le soutien familial qui pourrait reconstruire.

Chloë Ashby n'est pas seulement écrivain, elle est aussi critique d'art et forcément cela imprègne son récit, lui donne toutes ses nuances et cette douceur mélancolique. Un beau roman plein d'émotions.

Lien : https://www.xn--rdactrice-b4..
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Le roman s'ouvre sur une scène étrange, une jeune femme évoque le moment où "Une fois à la gare, quelque chose a lâché en moi… Je me revois faire un pas en avant vers les voies et regarder mes pieds."

C'est Eve qui parle. Dans sa vie, il y a Suzon, éternelle serveuse d'Un bar aux Folies Bergère peint par Manet en 1882. Suzon, du champagne, des fleurs, des spectateurs, et cet homme au second plan qui semble la regarder. Il y a surtout Eve qui part chaque mercredi à la rencontre de Suzon, dans la salle 6 de la galerie Courtauld à Londres.

Il y a Karina et Bill, chez qui elle partage une chambre en échange de quelques heures de ménage et d'un loyer à prix modéré.
Il y a Max, l'ami d'avant, toujours présent, discret et tendre, attentionné et prévenant.
il y a surtout Grâce, qui aurait eu vingt-six ans cette année.
Eve abandonnée par sa mère alors qu'elle avait à peine cinq ans, délaissée par un père absent, perdu dans les vapeurs d'alcool, cet alcool qui pourtant ne fait rien oublier des aléas de la vie.
Et Grâce qui revient sans cesse dans sa tête, les souvenirs, les mots, les gestes de Grâce aujourd'hui disparue.

Eve est serveuse dans un restaurant, jusqu'au jour où elle rend son tablier à la suite des gestes d'un client indélicat.
Alors que tout va mal, elle n'a pas besoin de chercher loin un emploi, une affichette lui montre la voie : modèle vivant pour cours de dessins. Là elle rencontre Paul, et surtout Annie, la douce et blonde, belle et talentueuse Annie. Annie en cours de divorce, lui propose d'être la baby-sitter occasionnelle de sa fille Molly.
Max la sauve du pire, en lui trouvant un emploi, en l'accompagnant, en tentant de l'aider. Max le doux ami si attachant et si compréhensif. Une relation rare dans la vie de cette solitaire qui s'isole de plus en plus.

Car Eve transporte des tonnes de peine, de tristesse, de doutes et de culpabilité. À tel point que sa chute est lente mais implacable, il faut comprendre qu'elle refuse de se faire accompagner pour parler, dire, comprendre.

Peinture fraîche est un belle surprise, de ces romans que l'on a envie de lire et de faire lire. Émotion, introspection, dérision, mal de vivre, Eve passe par tous les stades et nous avons envie de la suivre. Cette jeune femme cleptomane invétérée et décomplexée, est aussi paumée, déprimée, rongée par la culpabilité. Elle n'arrive pas à se pardonner le décès de son amie.
La façon de nous la présenter est tout sauf ordinaire, jeune femme atypique, attachante, bouleversante et amusante, à laquelle on s'attache tant les casseroles qu'elle trimbale sont énormes et ne l'ont pas aidée à bien démarrer dans la vie. C'est à la fois triste et puissant tant la résilience est proche, possible, souhaitée, par tous ceux qui suivent Eve avec attention et empathie, autant que par nous lecteurs.
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L'art peut-il nous réconcilier avec la vie ?

L'héroïne est mal dans sa peau, isolée, triste et se réfugie au musée pour contempler son oeuvre préférée de Manet. Une serveuse, comme elle, énigmatique et seule comme Ève. Quelles sont ces pensées ? Comment peut-elle aider Ève à avancer et trouver sa place ?

Une série de rencontres bouleversera la vie difficile de notre héroïne, des échanges de plus en plus forts, d'une grande humanité.

L'art est toujours présent dans la vie d'Eve, la peinture, une discipline salvatrice ?

Avec une écriture brute, sans concession et qui tranche avec la douceur de certaines rencontres. Un roman différent, abrupt et émouvant pour un tableau sans filtre de notre société.

Une jeune autrice à suivre.
Lien : https://www.despagesetdesile..
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(...) Parmi ces quatre lectures figure Peinture fraîche (2023), un premier roman très réussi et touchant dont j'ai tourné la dernière page avec un petit pincement au coeur…

La journaliste culturelle anglaise Chloë Ashby y brosse le portrait sensible et tout en nuances d'une jeune Londonienne de vingt-six ans un peu perdue dans les méandres de sa vie.

Depuis que sa vie « est partie en vrille » quelques jours avant son cinquième anniversaire, Eve peine à évoluer de manière stable. Durement affectée au fil des ans par la disparition brutale d'êtres chers, elle tente tant bien que mal de se (re)construire, louvoyant entre les jobs qu'elle enchaîne, ses séances de yoga et chez le psy ou encore ses visites hebdomadaires à la Courtauld Gallery où elle se rend chaque mercredi pour voir Suzon, la serveuse de Un Bar aux Folies bergère (Edouard Manet, 1882), dont elle se sent étrangement proche bien qu'elle ne soit jamais parvenue à en décrypter le regard et les pensées.

Eve vit en colocation avec Karen, une « Norvégienne au cuir épais » chargée de com' dans l'hôtellerie dont elle subtilise régulièrement les affaires, et Bill, le patron d'une jeune start-up. Si Karen et Bill viennent naturellement et régulièrement en aide aux « gens comme elle » et la laissent vivre chez eux pour presque rien, pour Eve ils représentent ce qui se rapproche le plus d'une famille. Lorsque suite à un scandale, elle démissionne de son poste de serveuse, Eve doit rapidement retrouver un emploi pour ne pas aggraver une situation déjà délicate. Elle accepte alors de « se désaper au nom de l'art » en servant de modèle vivant dans une école d'art et, dans la foulée, décroche un nouveau poste de serveuse dans la City grâce à Max, son plus vieil ami à Londres. Enfin arrive Annie, une trentenaire rencontrée à l'école d'art où elle pose, qui lui propose du baby-sitting. Grâce à ces diverses opportunités et à la grande bienveillance des personnes qui l'entourent, Eve semble -enfin- sur le point d'atteindre une certaine stabilité et bien-être psychologique. Malheureusement ses fêlures sont profondes…

En usant de la première personne du singulier et en parsemant de façon non linéaire le roman de brèves parties en italiques dans lesquelles Eve s'adresse, au gré de ses souvenirs, à sa meilleure amie disparue cinq ans plus tôt, Chloë Ashby nous plonge au coeur de la psyché d'une jeune femme souffrant d'un « mal au coeur perpétuel ». Amputée de ses racines, Eve n'a pas pu évoluer et se construire sereinement, elle ploie sous la solitude, un fort sentiment d'abandon et le manque de confiance en soi auxquels s'ajoute, encore, une terrible culpabilité. Trop de douleurs, trop de blessures jamais cicatrisées…

S'il peut sembler bien sombre, Peinture fraîche n'est pourtant pas lourd, triste ou plombant. Certes, Chloë Ashby évoque le deuil et l'abandon mais elle brosse avant tout, avec beaucoup d'humanité, le beau portrait d'une femme dans toute son imperfection et sa fragilité. Enfin, de petites touches d'humour et l'importante place accordée à l'Art participent à faire de Peinture fraîche un premier roman complet, intéressant et captivant.

Une très belle découverte.

A lire également sur le blog.
Lien : https://livrescapades.com/20..
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Serveuse dans un restaurant de Londres, Ève vivote et mène sa vie tant bien que mal. Quand elle n'est pas au travail, elle rejoint sa collocation où elle vit avec un jeune couple qui lui propose un loyer modéré en échange de quelques services. Mais son vrai plaisir, à Ève, c'est d'aller retrouver Suzon. Celle de Manet, qu'il a peinte en 1882 et qu'elle retrouve chaque mercredi au musée Courtauld. Elle peut s'y perdre pendant des heures, dans les yeux de Suzon. S'échapper de sa réalité. Oublier son quotidien, son père trop porté sur la bouteille et sa mère qui l'a abandonnée quand elle n'était qu'une enfant. Mais surtout, face à Suzon, Ève arrive à ne plus penser à Grace, son amie d'enfance disparue. Et quand ce n'est pas Suzon qui l'aide à l'oublier, c'est le gin tonic qui prend la relève. Clopin-clopant, Ève traverse sa vie en maintenant sa tête hors de l'eau. Un jour, à la sortie du musée, Ève tombe nez à nez avec une annonce pour être modèle vivant, alors qu'elle vient de perdre son boulot, elle décide de tenter l'expérience. Si le quotidien d'Eve semble s'améliorer, elle perd pourtant pied petit à petit, semblant s'échapper chaque jour un peu plus de sa réalité, jusqu'au jour où tout bascule et où elle ne peut plus revenir en arrière…

Coup de coeur pour ce roman plein de tristesse mais immensément lumineux qui fait la part belle aux rencontres qui changent une vie, à l'art et à la bienveillance. Sans jamais tomber dans le pathos et le mielleux, Chloë Ashby explore les failles de l'existence et la fragilité de nos vies, la façon dont chacun se construit et avance, malgré tout. du chaos peut renaître la beauté, "Peinture fraîche" en est une magnifique preuve.

Un livre à lire et à offrir, sans modération.
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