Della citta d’argilla

Écrire à l'occasion ? Ou l'occasion pour écrire ? Voilà la question que se pose l'écrivaine et poétesse sicilienne Maria Attanasio, originaire de la ville de Caltagirone , ville d'argile ( titre original du livre) où sont faites et peintes à la main les fameuses céramiques splendides de Caltagirone aux vives couleurs. L'occasion se présente lors d'une exposition d'anciens coffres, à la demande d'un petit texte narratif pour le catalogue, sur le sujet . Et c'est son compagnon silencieux d'une vie, un coffre en bois de cerisier de la fin du XIX éme siècle, qui va être à l'origine d'une profonde réflexion sur son propre passé indubitablement lié à celui de sa ville natale, pour elle, non seulement un lieu accidentel de naissance et de travail, mais la clef de voûte d'un engagement littéraire et politique passionné, et de son île la Sicile qu'elle nous relate ici en courts chapitres, d'une prose sublime.
Chaque chapitre pourrait être à lui seul un petit livre tant est la richesse du contexte et de l'émotion contenue. le premier appelé "Autobiographie minimale ", donne le ton de cette friandise littéraire, "Si j'avais pu choisir la date de ma naissance, j'aurais choisi le futur- l'an 2150 par exemple pour connaître comment finira cette histoire de guerre et d'immigration, de libéralisme sauvage et de peuple affamé, dans laquelle je me retrouve dépaysée ;....".
Malheureusement non traduit encore en français, une écrivaine à découvrir à travers d'autres de ses livres , présents aussi sur notre site.

« Si j'avais pu choisir le lieu où naître, j'aurais toujours choisi la ville aux ravins d'argile et à l'architecture baroque — à l'intérieur de la Sicile, parmi les Héréens — dans laquelle en 1943, entre la guerre fasciste et les bombes américaines, je suis née et je vis encore aujourd'hui. Quand je la traverse, je perçois une sorte de flux obscur s'échappant des ruelles, des églises, des immeubles : la pression souterraine d'un peuple immémorial qui demande de franchir les barrières du silence, d'être raconté. L'appartenance à cette spatialité circonscrite, vibrante d'histoire et d'histoires, est à l'origine de mon écriture. Des métaphores de ma poésie. Des micro-existences vécues de mes récits. »