Le mieux avec les cinglés, disait toujours mémé Win - le seul truc, en réalité -, c'est de ne pas se trouver sur leur chemin.
Mais le simple fait de penser qu'on pourrait un jour avoir un vrai invité, un vieux camarade d'école, des gens dont on espère qu'ils ne resteront pas longtemps et qui, selon toute vraisemblance, l'espèrent aussi, bien que ce soit quand même chouette de se retrouver - le simple fait de penser à ça nous procure du réconfort.
Le passé est beaucoup plus sûr : tout ce qu'il englobe a déjà eu lieu. On ne peut rien y changer, donc, d'une certaine façon, il n'y a rien à redouter.
Tout le monde paraît très heureux : quand on a deux vies, il y a toujours la perspective d'autre chose. C'est comme être en vacances tous les mois. Mais quelle est la vie où on est en vacances et celle où on est actif ? Charmaine n'en sait trop rien.
Il sait ce qui se fabrique à Possibilibots. Des fac-similés de femmes ; des machines à coups, selon certains. Les gars de l’atelier de réparation des scooters avaient des discussions animées là-dessus : les souffrances qu’elles pouvaient éviter aux uns et aux autres dans la vrai vie, l’argent qu’elles pouvaient rapporter. Peut-être que toutes les femmes devraient être des robots, songe-t-il avec une pointe d’acidité : les créatures en chair et en os sont incontrôlables.
La bande-son de Consilience retentit—c’est la musique de la construction de la grange dans « Les sept femmes de Barberousse »-- et le slogan apparaît en grosses lettres : CONDAMNĒS + RĒSILIENCE = CONCILIENCE. UN SĒJOUR EN PRISON AUJOURD’HUI ? C’EST NOTRE AVENIR GARANTI.
« L’amour n’est pas une profession
Plus ou moins distinguée
Le sexe n’est pas une affaire de dentiste
Le lisse comblement des trous et du mal
Tu n’es pas mon médecin
Tu n’es pas mon traitement ,
Personne n’a ce pouvoir ,
Tu es simplement un compagnon de route. »
Il repense à sa vie passée et se voit étendu à même le sol, tel un géant entravé par une multitude de fils le maintenant à terre. De minuscules fils de préoccupations mesquines, de petits soucis et de craintes qu’il prenait autrefois au sérieux. Dettes, manque d’argent, de temps, de confort; et l’obsédante rengaine du sexe se répétant à l’envi telle une boucle de neurofeedback.
(Laffont, p. 223)
… il faut toujours essayer de penser positif, car à quoi servent les pensées négatives sinon à vous plonger dans la déprime? Tandis que les pensées positives vous donnent la force de continuer.
(Laffont, p. 203)
Le passé est beaucoup plus sûr : tout ce qu'il englobe a déjà eu lieu. On ne peut rien y changer, donc, d'une certaine façon, il n'y a rien à redouter.