De bonnes raisons de mourir

"Bonjour les Babélionautes! Aujourd'hui nous parlons d'un roman policier, de bonnes raisons de mourir, signé Morgan Audic.

Or donc un cadavre affreusement mutilé est retrouvé suspendu à la façade d'un immeuble à Pripiat, non loin de Tchernobyl.

Melnyk, honnête flic, enquête.

Rybalko aussi, bien que moins honnête.

Tous les deux poursuivent le même but, mais pas pour les mêmes raisons.

Et voilà, ça suffit.

-C'est déjà trop, si tu veux mon avis! Je m'ennuie, j'en ai marre! et quelle sale ambiance!

-Meuh pas du tout, Méchante... c'est juste... euh... un peu âpre, parce que... euhhh... la vie est rude, tu vois?

-Non, c'est crade. Quand tu lis que les rues vomissent, pardon, je ne me sens pas émerveillée, mais remplie de dégoût.

-Ah bon? Moi, je trouve que c'est bien trouvé, comme personnification... elle illustre à merveille la hideur organique d'une société corrompue, organisme malade qui broie les individus...

-Oh, regardez-moi, je suis tellement intelligente!

-En tout cas, je salue le talent de l'auteur! Il a commis un polar passionnant, dans une situation géopolitique complexe qu'il ne se prive pas d'exposer: nous voilà plongées dans une fiction taillée dans du documentaire! Quelle excellente idée!

-Mouaip. Si tu le dis.

-M'enfin, Méchante! Tu n'as pas envie de mieux connaître les deux enquêteurs?

-Non.

-Ni de savoir qui a commis ce meurtre et pourquoi?

-Bof.

-Ni de...

-N'insiste pas, tas de guimauve moisie! Non, je n'ai pas envie de savoir qui a tué le gars, je n'ai pas envie de suivre l'enquête, je n'ai pas envie de savoir la fin!

-Bon, d'accord, tu as bien un argument, alors, Méchante?

-Non.

-Comment ça, non? Allez, vas-y! Mal écrit?

-Non.

-Maladroit?

-Non.

-Male gaze? et mal construit?

-Non. Et non.

-Je ne comprends pas. Tu reproches quoi à ce bouquin exactement, Méchante Déidamie?

-Mais RIEN! Je lis et je reste chaude comme un coffre de surgelés dans une enseigne vendeuse de froid. Rien ne m'atteint, rien ne me touche, je ne me sens pas prise aux tripes par le besoin impérieux de connaître le dénouement. Mon petit coeur n'est amoureux de personne ni ne veut d'amis dans ce roman. La mayonnaise ne prend pas, je n'ai pas faim de la suite.

-Pourtant, le texte possède un bon niveau...

-Je ne te contredis pas. Seulement, ça ne fonctionne pas! Les mots tombent à l'intérieur de moi sans faire résonner quoi que ce soit, sans provoquer la plus légère émotion. Et je m'ennuie! Comme dans la chanson!

-Quelle chanson?

-"Je m'ennuiiiiie, quoi que je lise, quoi que je fasse!"

-T'es sûre, pour les paroles?

-Et c'est pas la faute du texte! Peut-être que je ne suis pas taillée pour le polar, que je suis dotée d'un gène qui me rend polar-proof!

-Pourtant, on avait bien aimé Polar Park... peut-être qu'il te faudrait plus de Jean-Paul Rouve?

-Bon allez, on rendre ce livre à la bibli, tu diras "sans rancune" à Cricri08 qui te l'a pioché et on passe à autre chose.

-C'est-à-dire que...

-Quoi, Gentille?

-Euuuuh... on ne peut pas passer à autre chose tout de suite... pour valider l'item, on doit lire la moitié du bouquin... et il reste bien 150 pages...

-Quoi?! je vais devoir me farcir cette absence d'intérêt pendant plus de cent pages?! Je vais t'ECLATER!

-Je te le déconseille, t'en feras pas un bon policier!

-AAAAH! C'est pour cette vanne que je vais te TUER!"

Post-critique: nous avons atteint le milieu du roman. Nous avons sauté jusqu'à la conclusion. Méchante a continué de s'ennuyer. Gentille s'est dit que rien que le fait de lire de façon ennuyée était une expérience inédite et intéressante.

Ce livre avait tout pour me plaire, la localisation, Tchernobyl, un double meurtre, dont un survenu en 1986, un cold case....J'étais intriguée alors je l'ai lu et...déception totale. L'intrigue s'essouffle et au final c'est relativement creux. On s'ennuie, on a juste envie que ça se termine vite. Alors oui, c'est un livre qui se lit facilement, mais pour moi, ça s'apparente à une histoire de série B. Passez votre chemin.