AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,26

sur 1126 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une enquête policière sur des meurtres atroces. Oui il y a terriblement de cruauté dans ces meurtres "signés" et où l'on découvre qu'ils sont les manifestations d'une vengeance mûrie durant près de 30 ans. Ça se passe en Ukraine, à la frontière de Tchernobyl et c'est ce qui m'a fasciné. Vivre aux limites de cette zone interdite, maudite où tout a chaviré en 1986 lors de l'explosion de la centrale nucléaire. Et au-delà du récit policier, des enquêteurs et de leurs motivations, des victimes et de leurs histoires, c'est le lieu qui prend toute la place dans cette histoire, qui en est la vedette pour moi. Oui fasciné car difficile de comprendre que certains retournent vivre dans la zone ou en squattent certains édifices. Difficile d'imaginer que d'autres font fortune en démantelant tout ce qui est resté de la vie quotidienne en transformant et revendant ces matériaux hautement irradiés. On s'entend que Pripiat et les villes alentours font sauter le dosimètre lorsque qu'enclenché et simplement penser y revenir vous irradie. Ce qui m'a intéressé aussi de ce titre c'est aussi le quotidien de ces citoyens ukrainiens, plus ou moins pauvres ou malades pour certains et obligés de côtoyer les oligarques ou les mafieux qui contrôlent le marché noir. Car il semble que vivre en Ukraine c'est vivre la guerre civile, c'est encore subir la transition du système d'économie russe vers celui de marché, c'est la vie moderne dans l'ombre des fantômes de l'ère soviétique. Mais lire de bonnes raisons de mourir c'est une bonne découverte et Morgan Audic est certes un auteur à suivre.
Commenter  J’apprécie          712
« le nouveau prodige du polar français », peut-on lire en travers de la couverture. C'est l'éditeur qui le dit et après tout, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. En tout cas, s'il y a bien une catégorie à laquelle ce livre n'appartient pas, c'est celle des ouvrages « feel good » qui semble tant prospérer de nos jours. de bonnes raisons de mourir est bien un polar, c'est même un thriller, où les pages nauséeuses ne manquent pas.

Rien n'est fait pour tirer vers le haut le moral du lecteur. Des cadavres atrocement mutilés, un tueur mystérieux et illuminé qui maîtrise la taxidermie, technique consistant à empailler les animaux morts… et pas que les animaux, si vous voyez ce que je veux dire. Beaucoup de morts, pas beaux à voir.

Le décor non plus ne fait rêver personne, sauf peut-être les collapsologues. le tueur officie dans la zone de sécurité mise en place autour de Tchernobyl, la centrale nucléaire soviétique qui avait explosé en 1986. le secteur, contaminé par les radiations, est à l'abandon et gardé par une police armée. L'auteur – qui n'y est jamais allé, j'en reparlerai – amène le lecteur à déambuler dans Prypiat, fantôme d'une ville de vingt mille habitants créée quelques années avant la catastrophe selon un schéma d'urbanisme monotone à la soviétique ; des bâtiments géométriques tous identiques, abandonnés depuis par la population et envahis par une végétation foisonnante.

Ne résident officiellement sur place que quelques centaines de personnes, des ouvriers travaillant dans ce qui reste de la centrale. Officieusement, elles sont quatre fois plus nombreuses. On y croise des stalkers (du nom d'un film de science-fiction d'Andreï Tarkosvski) ; ce sont des trafiquants qui récupèrent des composants irradiés pour les recycler mine de rien. S'y trouvent aussi des malades contaminés venus se planquer pour mourir. Sans oublier des groupes de touristes en manque de sensations fortes. Les animaux domestiques sont redevenus sauvages, la végétation aussi. Vision dérangeante d'un monde post-apocalyptique.

Un thriller, donc. Un crime horrible, qu'on découvre lié à un autre, commis trente ans plus tôt, le jour même de l'explosion de la centrale nucléaire. Deux flics tourmentés mènent l'enquête. Un Ukrainien, originaire de Kiev, muté dans la zone à la suite d'un différend avec sa hiérarchie. Un Russe, né à Prypiat d'où il fut évacué, enfant, dans des conditions dramatiques, les jours qui avaient suivi la catastrophe ; il agit comme « privé » pour le compte d'un riche oligarque endeuillé lors des deux meurtres.

Le thriller est de construction classique et l'auteur prend plaisir à multiplier les fausses pistes. Pas sûr pour autant que le lecteur ne s'y laisse prendre aussi facilement. La vérité, ou plutôt les vérités finissent par apparaître. C'est un peu tarabiscoté, ce qui n'a pas tellement d'importance… Je parle pour moi. Les thrillers ne m'ont jamais conduit à me ronger les ongles ou empêché de dormir en attendant de connaître le coupable.

Le livre est surtout une passionnante visite de la zone de Tchernobyl, trente ans après la catastrophe. C'est aussi un formidable document sur la vie en Ukraine, vingt-cinq ans après le démantèlement de l'Union soviétique et l'indépendance des anciennes « Républiques socialistes ». L'action se passe en 2016, en pleine guerre du Donbass, un conflit armé entre la Russie et l'Ukraine, qui fait suite à ce que l'on a appelé la révolution de Maïdan. S'y expriment pêle-mêle des dissidences régionales, des aspirations européennes, des revendications ethniques, nationalistes, régionalistes, linguistiques, économiques, ainsi que des règlements de comptes mêlant rivalités politiques, privatisations sauvages, trafics mafieux et guerre de gangs. Une dizaine de milliers de morts, plus d'un million de personnes déplacées…

L'ouvrage démontre que les romans peuvent être une source d'enrichissement personnel aussi efficace et beaucoup plus agréable à lire qu'un essai ou un documentaire. Et pourtant, l'auteur, Morgan Audic, un prof d'histoire breton, déclare n'être jamais allé sur place et ne s'être documenté que sur pièces. Son travail mérite une bonne note.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          563
Votre moitié, quoique dotée du nombre sans originalité de deux mains, parvient désormais à décapsuler sa bière sans lâcher la télécommande, sous le regard désabusé de vos enfants qui n'ont levé un oeil que pour mieux le replonger sur l'écran bleu de leurs nuits blanches?
Bref, le confinement vous mine?
Il est temps alors de sortir "De bonnes raisons de mourir" de votre pal. Un petit tour chez les damnés de la terre, dans la zone interdite autour de la centrale de Tchernobyl, saura repositionner votre découragement sur l'échelle des malheurs de ce siècle. Dans ce roman noir, l'auteur a le bon goût de ne pas surenchérir à grands coups de crimes atroces savamment décrits ou de twists improbables judicieusement placés. Certes, l'amateur de thriller y trouvera son compte mais si tous les topoï du genre sont effectivement respectés, la véritable coupable n'en demeure pas moins l'explosion du 26 avril 1986. Sous la plume de Morgan Audic, la fiction ne cherche pas à concurrencer l'Histoire et c'est cette rare décence qui, selon moi, permet à ce livre de surclasser nettement bon nombre de ses concurrents.
Commenter  J’apprécie          565
La date du 26 avril 1986 vous rappelle t-elle quelque chose ? Je vous rafraichie la mémoire ? La catastrophe de Tchernobyl !
Accident nucléaire majeur dans la centrale Lénine située à l'époque en République socialiste soviétique d'Ukraine. Inoubliable pour le monde entier mais en particulier pour la population de Pripiat, ville dévastée située dans la zone d'exclusion mise en place autour de la centrale après la catastrophe. Alors en faire le décor pour un thriller glaçant et captivant, il fallait oser ! C'est ce qu'à fait Morgan Audic pour son deuxième roman « de bonnes raisons de mourir ».

L'histoire se déroule trente années plus tard. Lors d'une visite touristique de Pripiat (et oui des gens payent pour aller visiter ce site hautement «radioactif ») un cadavre atrocement mutilé est découvert suspendu à la façade d'un bâtiment. le capitaine Joseph Melnik et sa jeune coéquipière Galina Novak tout droit sortie de l'école de police, sont immédiatement envoyés pour enquêter.
Arrivés sur place, ils découvrent le corps suspendu, les bras en croix fixés par des câbles métalliques, paupières et lèvres cousues. D'après son passeport, le cadavre appartient à Léonid Sokolov, citoyen russe. Mais surtout fils du petro-oligarque Vektor Sokolov, anicien ministre de l'énergie en 1986, dont l'épouse et une amie ont été atrocement assassinées à Tchernobyl… le 26 avril 1986 !
Résoudre cette enquête est une vraie aubaine pour Melnik qui souhaite à tout prix quitter l'enfer du commissariat de Pripiat et ses radiations pour vivre normalement à Kiev avec sa femme. En parallèle, Alexandre Rybalko, policier à Moscou, est engagé par Vektor Sokolov pour enquêter à titre privé et secrètement sur le meurtre de son fils. Mais là, pas de quartier : l'ordre lui est donné non seulement de retrouver le tueur mais surtout de le supprimer !

Retourner dans la ville de son enfance, s'immerger à nouveau dans l'endroit où il a vécu le drame de Tchernobyl, là où sont morts ses parents n'a rien de reluisant pour Rybalko. Mais très grassement payé et rongé par une maladie incurable, celui-ci est prêt à tout pour assurer l'avenir de sa fille.
Il ne peut refuser le deal.

Les deux enquêteurs, aux motivations totalement différentes, vont se retrouver face à une série de meurtres exécutés par un tueur fou qui signe ses crimes d'une hirondelle empaillée. Très vite et l'un et l'autre vont faire le lien avec le double homicide perpétré en avril 1986. Alors dans cette ville fantôme et son décors apocalyptique, une course contre la montre et une bataille enragée contre le tueur sont lancées pour nos deux hommes.

Avant de lire ce roman, je n'avais jamais entendu parler de Morgan Audic. Je n'avais non plus jamais lu de roman concernant la catastrophe de Tchernobyl. Ce fut donc pour moi une double découverte.
Le résultat a été plus que satisfaisant. L'auteur signe ici un thriller absolument époustouflant, excessivement captivant. C'est en tout 500 pages sans aucun temps mort : un style percutant, des personnages attachants, une enquête menée tambour battant durant laquelle nous allons de surprise en surprise, avec une fin explosive ! L'histoire est totalement maîtrisée de bout en bout.
Mais au-delà du thriller, l'exploit de l'auteur est de nous embarquer à fond dans ce pays qu'est l'Ukraine : disloqué, divisé par le conflit armé, dont une partie a été sacrifiée suite aux évènements de Tchernobyl et de leurs conséquences directes sur la population qui pour beaucoup vivent toujours parmi les radiations ! Bref, il m'a été impossible de lâcher ce livre avant d'en connaître la fin. Vous l'aurez compris un énorme coup de coeur pour ma part. Si vous n'avez encore jamais lu cet auteur, retenez son nom car il va falloir compter avec lui parmi les tous meilleurs auteurs de thriller en France.

Je remercie donc chaleureusement Babelio et les éditions Albin Michel pour m'avoir permis grâce à une masse critique privilégiée de découvrir cet auteur.
Commenter  J’apprécie          566
C'est une trilogie personnelle que je viens d'achever, commencée par « Tchernobyl », une mini-série captivante et réaliste sur M6 relatant cette énorme catastrophe minimisée, poursuivie par un exceptionnel reportage stupéfiant et consternant sur les gigantesques conséquences de cette explosion du réacteur numéro 4 et finalisée enfin par ce thriller débordant de rebondissements à l'environnement radioactif qui m'a laissé un tantinet dubitatif.

Au demeurant, je ne suis pas fan de ce genre de lecture et j'ai de loin préféré comprendre l'ambiance et l'atmosphère de la sphère nucléaire que rencontrer des cadavres aux yeux énucléés, j'ai pris plus de plaisir à la confrontation politique entre russes et ukrainiens extrémistes que de poursuivre un tueur vicieux doublé d'un taxidermiste tordu.
J'ai apprécié découvrir la vie quotidienne de flics perdus dans la zone confinée, irradiés de l'intérieur, gonflés des convictions que leur vie leur a été dérobée sans pouvoir en saisir vraiment les circonstances.
J'ai aimé vivre la dualité entre un convainquant groupe écologique et un groupuscule néo-nazillard tondu comme des boules de billard sponsorisé par des mafieux motivés à faire de l'argent quelques soient les modalités aussi glauques soient-elles.
Je me suis morfondu à voir des milliers de familles déportés de leur vie en dix minutes transportés dans des bus miteux vers des lieux pas beaucoup plus sécurisés.
J'ai distingué des pompiers dévoués et des pilleurs dévoyés.
Je dois préciser que ce sur ces points, Morgan Audic est très bien documenté et bien que son intrigue policière soit très dynamique et son psychopathe énergique et coriace, je m'en suis assez vite lassé.

J'ai fait mes études sous Giscard, je suis un pur produit de l'installation de l'ère atomique domestique, persuadé des bienfaits d'échapper à la suprématie du baril. Est-ce débile ?
Bien qu'il y ait eu Tchernobyl et Fukushima, ne vous faites pas de bile, depuis, tout est sous contrôle. le nuage ne s'est-il pas arrêté à la frontière allemande ? Après la ligne Maginot, la ligne mytho…

Il est vrai que nous allons tous y passer mais est-ce vraiment « de bonnes raisons de mourir » ? Si tant soit peu qu'il y en existe de bonnes.
Commenter  J’apprécie          518
Un livre tellement d'actualité… Premier thriller pour ma part, et l'auteur m'a clairement fait aimer ce genre.

Morgan Audic, arrive à nous transporter avec brio dans ce décor qu'il nous détaille avec précision. Il a réussi à créer l'ambiance du lieu. Grâce à la solide documentation de l'auteur, on apprend beaucoup de choses. Aussi, à chaque fois qu'on se plonge dans les pages, nous avons la sensation d'être sur place.

On évolue avec les protagonistes, leurs rencontres, et nous avons cette sensation d'être avec eux sur le terrain. le suspens nous tient tout au long de l'ouvrage.

Tout m'a plu dans ce livre. L'intrigue, les personnages, l'histoire, le lieu et l'atmosphère incroyable.

Comme le dit si bien le personnage Melnyk : « Il conclut en se demandant quand les Ukrainiens pourraient retrouver une vie normale. Une vie normale... Certains jours, il se demandait quant à lui si l'Ukraine était vraiment faite pour la normalité. Les guerres révolutionnaires du début du XXe siècle, la grande famine provoquée par Staline, les massacres perpétrés par les nazis, l'explosion de Tchernobyl, la guerre civile dans le Donbass, la crise économique, le chômage... c'était quoi, une vie normale pour un Ukrainien ? »

Une très belle découverte de cet auteur, son premier ouvrage « Trop de morts au pays des merveilles » est ajouté pour faire prochainement partie de ma bibliothèque.

Pour résumer, tous les ingrédients sont là : c'est un livre qui se dévore !
Commenter  J’apprécie          422
J'aime l'idée d'un thriller dont la trame s'enveloppe autour de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Thème déjà utilisé dans le genre, avec Atomka de Thilliez, sous un angle différent. Je pourrais découvrir autant de romans baignant dans Pripiat qu'il existe de condamnés à l'isolement.

Le style de Morgan Audic est factuel, classique, sans images colorées. Il écrit correctement, sans bavures et n'accompagne pas sa syntaxe de métaphores. Une froideur à l'unisson avec le contexte.
En rapport à mes goûts, j'aurais aimé un arrangement linguistique plus surprenant, cependant le rythme est fluide et permet une lecture magnétique et mouvante.

Mon intérêt sur la piste du tueur s'est étiolé, au profit des personnages et de l'aspect historique qui devrait davantage tous nous toucher. Tchernobyl ne fait plus assez partie de notre actualité. Pourtant le désastre écologique et humain s'est installé en poursuivant son chemin.

J'ai publié une seule citation, car j'ai souhaité exposer son contenu qui me tenait à coeur, sans autres fioritures. Ce passage dans son unicité résume la richesse et la superbe de ce livre. Morgan Audic témoigne avec intelligence en rendant hommage à la ville abandonnée de Pripiat, aux oubliés de la catastrophe, aux volontaires, ô combien courageux, qui sont intervenus la nuit de l'horreur, au risque périlleux de leur vie.

« Avec amertume, il se dit que le monde se souvenait de dictateurs, de joueurs de foot brésiliens et d'artistes peignant des carrés blancs sur fond blanc. Mais personne ne pouvait donner le nom d'un seul de ces hommes qui avaient sauvé l'Europe d'un cataclysme nucléaire sans précédent.

Qui connaissait Alexeï Ananenko, Valeri Bespalov et Boris Baranov ? Qui savait qu'ils s'étaient portés volontaires pour plonger dans le bassin inondé sous le réacteur 4, pour activer ses pompes et le vider de son eau avant que le coeur en fusion ne l'atteigne ?
Qui savait que si le magma d'uranium et de graphite s'était déversé dans le bassin, il se serait produit une explosion de plusieurs mégatonnes qui aurait rendu inhabitable une bonne partie de l'Europe ?
Qui le savait? »

Les trois hommes ont évité une catastrophe bien pire que celle que nous connaissons. Ils déclarent avoir simplement obéi aux ordres, sans avoir été préalablement éclairés sur la gravité de la situation.
Vêtus de simples combinaisons de plongée et de masques, ils vont baigner dans les radiations. À l'aide de torches électriques, comme j'irais simplement vérifier mon compteur dans l'obscurité, ils ont réussi à ouvrir les verrous du réservoir.
Aujourd'hui, Monsieur Ananenko touche 370 euros de retraite…
On en parle ?

En dédicace aux ingénieurs, l'auteur accorde une importance à l'histoire de chaque protagoniste, les associant à des héros souterrains sur le fond, modestement humains sur la forme.
J'ai suivi avec grand intérêt le personnage principal, Alexandre Rybalko, combatif et pugnace. Ancien policier russe de quarante ans, il lutte contre maux et horreurs. L'homme est poignant et son opiniâtreté vous prendra naturellement aux tripes comme il m'a cueillie.

Le suspens de l'intrigue policière, se voit surtout enrichi par l'argument donné au système politique, à ses archives et ses ficelles nouées par l'autoritarisme russe. C'est réussi.

Alors, peut-on vraiment avoir de bonnes raisons de mourir ?

Ce livre nous met à l'épreuve des souvenirs des témoins.


Lu en février et mars 2021
Commenter  J’apprécie          3813
La bonne idée de Morgan Audic est d'avoir pris comme cadre de ce thriller la région de Tchernobyl à la fois de nos jours avec un renvoi par les similitudes du crime à l'année 1986 au moment des terribles événements qui ont , à jamais , transformé cette région d'Ukraine et frappé les esprits.

Le lecteur rentre d'emblée dans ce roman par la macabre mise en scène d'un cadavre suspendu tel un oiseau à une fenêtre d'un des immeubles abandonné de Pripiat qui fait partie d'une visite guidée par des touristes avides de sensation, en l'occurence, ils sont servis !

L'enquête est confiée à Melnyck, un policier de Tchernobyl . L'identité de la victime , fils d'un ancien ministre russe , Vektor Sokolov, qui vivait à Pripiat en 1986 intrigue le policier qui fait le rapprochement avec un double crime ayant déjà concerné la famille Sokolov en 1986 au moment de l'incendie du réacteur
D'autre part, Sokolov qui veut absolument retrouver l'assassin de son fils engage un policier , Riabalko qui a vécu son enfance dans ce lieu maudit en lui promettant une grosse somme.

Une double enquête pour rechercher un homme dont on connait le nom très vite puisqu'il a comme passion la taxidermie et qu'il laisse sur les scènes de crime qui se multiplient, des oiseaux empaillés, signature et message ...

Même si ces enquêtes parallèles sont menées dans les règles de l'art d'un bon polar , ce que j'ai trouvé de particulièrement captivant sont les activités autour de Tchernobyl, zone interdite et Pripiat , ville abandonnée par ses habitants mais pillée, visitée par des trafiquants de tout genre, servant de base de jeu à certains jeunes en mal de sensation forte .
Ce qu'on y apprend fait froid dans le dos ! Et on peine à croire que cela puisse vraiment se passer ainsi mais comme on marche sur la tête depuis un long moment , c'est malheureusement tout à fait possible que l'exploitation de matériaux contaminés arrive impunément sur les marchés mondiaux .

La deuxième raison qui m'a fait une grande impression est ce qu'on y découvre sur l'Ukraine, à une époque où avait déjà commencé la guerre dans le Donbass . Melnyck, flic intègre , ce qui apparait plutôt être rare visiblement, a un fils parti combattre dans le Donbass sans équipement comme beaucoup d'autres et en particulier sans gilet pare-balles , ce qui ajoute un élément de plus à l'angoisse de ses parents , devenant un sujet brulant et obsédant pour eux. Les pro-russes ont la part belle , les trafics en tout genre prolifèrent , les groupes extrémistes recrutent parmi les anciens soldats .
Tout cela est assez affolant et j'ai eu du mal à faire la part des choses tant on croise de personnes compromises ...

Un livre qui marque , surtout actuellement avec la guerre en Ukraine, beaucoup plus sombre et affligeant que Les abeilles grises par exemple .
Commenter  J’apprécie          346
J'aurais peut-être dû relire le résumé avant de commencer le roman, moi… Nous sommes à Pripiat…

Pripiat ? Ce nom éveille un écho en moi…

Tout à coup, les sirènes d'alerte retentissent dans mon crâne : je suis dans la ville fantôme, à quelques kilomètres de la centrale nucléaire de Tchernobyl et je n'ai pas de compteur Geiger avec moi, ni aucune protection.

Irradiée j'ai été.

Ce thriller m'a irradié, en effet. Un thriller qui mélange allègrement le roman policier, le roman d'action, d'espionnage, de roman noir, d'écologie, de guerre civile, de conflits entre peuple frères et de folie Humaine.

La recette est excellente, imparable, on dévore le roman même si, parfois, devant certains comportements, on a envie de vomir.

M'emmener en Russie dans un roman, c'est déjà me conquérir une fois, mais me faire passer la frontière Ukrainienne pour me déposer en zone d'exclusion, me parler un peu de politique, de conditions sociales, de l'ex-URSS et de l'accident d'avril 1986, c'est m'offrir des pralines délicates sur un plateau en or massif. Je me suis régalée.

Ne me demandez pas ce que je faisais le 26 avril, nuit de la catastrophe, je n'en ai plus aucun souvenir ! Trop jeune pour m'en souvenir et sans doute plus intéressée par les dessins animés que l'actualité, même brûlante.

L'auteur a mis les petits plats dans les grands, a soigné ses personnages, a soigné sa mise en scène, a soigné les décors à tel point que j'avais l'impression d'être à Pripiat, ce qui m'a fait flipper grave quand même.

D'ailleurs, j'ose le dire, durant toute ma lecture, j'ai flippé, mes tripes se sont serrées, j'ai eu mal au coeur, même si j'ai pris mon pied littéraire. Hélas, tout n'est pas que fiction et penser à quoi nous avons échappé alors que d'autres n'avaient pas d'échappatoires ou n'ont même pas survécu, ça fait froid dans le dos.

La plume est caustique, amère, le constat est sans fard, non maquillé et tout en suivant les enquêtes d'Alexandre Rybalko et de Melnyk, l'auteur nous dresse un portrait au vitriol de la Russie et de l'ex-URSS. Pas en mettant en cause le pays ou ses habitants (bien que certains…), mais ses différents dirigeants qui se sont succédé et qui ont foutu la vérole à tous les niveaux.

Anybref, la plume de l'auteur sait très bien vous expliquer les petits travers de l'Homme, les corruptions, les magouilles, les secrets bien gardés, les bassesses et tout ça tourne toujours autour du pouvoir et surtout de l'argent.

Glaçant… Oui, le roman est glaçant, tout en étant magnifique. Rien ne nous est épargné et l'auteur à l'art et la manière de nous faire comprendre la noirceur humaine, même si on la connait déjà.

Un thriller roman noir dur, froid, âpre, intelligent et des plus instructifs. le dosage entre la politique, la psychologie, l'écologie, l'enquête, la corruption, le passé et le présent sont savamment dosés et aucun ingrédient ne prend le dessus sur les autres.

En fait, c'est plus qu'un simple thriller, plus qu'un simple polar, plus qu'un simple roman noir, plus qu'un roman historique. C'est tout ça à la fois et c'est bien plus encore.

Sortez vos compteurs Geiger et aventurez-vous dans la zone d'exclusion en retenant votre souffle afin de ne pas soulever trop de poussières radioactives…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          310
Un excellent polar, de type thriller. Son lieu le rend autant dépaysant qu'instructif: c'est à Pripriat en Ukraine que l'on retrouve un (premier) corps mutilé et mis en scène. Pripriat ne vous dit rien ? Si on dit plutôt Tchernobyl, URSS ? Ahhhh oui ! Donc, on retrouve un corps dans cette zone encore aujourd'hui interdite car fortement irradiée. La police locale enquête. Les flics qui sont coincés à oeuvrer dans cette zone sont dans une disgrâce dont ils n'aspirent qu'à sortir. le père de la victime, un riche ex-ministre russe, mandate un flic moscovite originaire de Pripriat qui n'a plus rien à perdre, pour tenter de découvrir et assassiner le meurtrier. En cours de route, vous apprendrez plein de trucs sur la catastrophe de Tchernobyl et sur la situation politique entre la Russie et l'Ukraine. Et les flics sont attachants. Et la fin est beaucoup moins prévisible que ce que vous pensiez.
Commenter  J’apprécie          271




Lecteurs (2322) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2877 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}