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Critique de Alzie


J'invite chacun(e) à s'emparer de ce petit (par la taille) traité sur l'âge, paru au Seuil en 2014 (dont j'avais déjà publié la chronique et que la disparition récente de l'auteur rappelée par Patsales ce matin me remet en mémoire) Marc Augé se penche avec acuité et délicatesse sur un sujet qui nous concerne toutes et tous - l'âge -, et d'une manière que j'aime infiniment. Sous la brièveté la profondeur et, devant l'inéluctable, la légèreté. le titre ne doit pas rebuter encore moins effrayer, l'ethnologue et grand voyageur qu'il fut pose - toutes époques et toutes générations confondues - un regard distancié et bienveillant sur nos multiples manières d'appréhender l'écoulement du temps et de nous pencher sur la vieillesse. Si déjouer ses mauvaises farces en s'intéressant au corps fut depuis la nuit des temps l'une des manoeuvres défensives qui se soit transmise et enrichie jusqu'à nos jours, il existe un autre domaine, celui de l'esprit, où nos stratégies multiples et variées pour affronter l'âge se sont avérées tout aussi efficaces : Sophocle, rappelle ainsi l'auteur, écrivait encore des tragédies dans son extrême vieillesse. Une affaire de dépassement ? Ce qui se vérifiait hier peut se perpétuer jusqu'à aujourd'hui. Plus que leur écoulement le comptage des années, "âge biologique", "âge de la retraite" etc., qui ponctue notre vie sociale nous assignerait-il une forme d'auto-limitation ?...

L'observation du comportement de « Mounette », son chat, le ramène au coeur des mots ordinaires qui désignent le plus souvent les temps successifs qui racontent nos vies. Et de locutions stéréotypées du langage commun (« faire son âge », « hors d'âge », « classe d'âge » etc.), aux formes plus soignées de la création littéraire que sont les autobiographies, les journaux ou les mémoires, Augé examine les moyens subtiles - exemples à l'appui -, que nous mettons en oeuvre pour nous prémunir contre le passage du temps et l'oubli son corollaire ; « L'âge d'homme » de Michel Leiris ou « La force de l'âge » de Simone de Beauvoir illustrent un propos où "l'enquête de soi" est présentée comme une manière de se ressaisir du temps, de conjurer l'attente, d'en maîtriser la durée. Loin de dresser un catalogue de solutions pour affronter les bornes d'un "âge limite" que fixerait la société et au-delà duquel il n'y aurait plus rien à désirer ce petit essai nous inviterait à surmonter et dépasser les innombrables injonctions qui s'imposent au fil des ans... en oubliant notre âge et nous souvenant toujours qu' "Un livre qui ne vieillit pas, c'est un livre dont le lecteur peut toujours attendre quelque chose, où il peut toujours découvrir quelque chose, un livre qui lui démontre ainsi qu'il est toujours vivant, que leurs sorts sont liés et qu'ils sont unis " à la vie, à la mort".
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