Le vélo, c'est une écriture, une écriture libre souvent, voire sauvage - expérience d'écriture automatique, surréalisme en acte ...
(p.36)
Regardez dans la rue les convertis récents au cyclisme : ils discutent entre eux ( de l'itinéraire, du paysage, du temps) ou naviguent de conserve en silence, mais n'utilisent jamais (presque jamais) leur téléphone portable. Le spectacle qu'ils offrent est aux antipodes de la scèe classique à laquelle nous assistons quotidiennement de nos jours à la terrasse de n'importe quel bistrot : celle où l'on voit deux personnes, attablées ensemble mais en grande conversation avec des interlocuteurs invisibles sur leurs téléphones portables respectifs
La ville se décentre comme se décentrent les demeures et les foyers avec la télévision et l’ordinateur, et comme se décentreront les individus quand les téléphones portables seront devenus à la fois des ordinateurs et des télévisions. – p.52
Pour que le mythe naisse, il faut qu’il soit porté par l’histoire, que des hommes puissent y reconnaître la forme transcendée de ce qu’ils vivent. – p.19
Au moment même où l’urbanisation du monde condamne les rêves ruraux à se réfugier dans les clichés de la nature aménagée (les parcs régionaux) ou dans les simulacres de la nature imaginée (les parcs de divertissement), le miracle du cyclisme refait de la ville une terre d’aventure ou, à tout le moins, de voyage. – p.10
Parler de la bicyclette, pour quelqu’un de ma génération, c’est donc fatalement évoquer des souvenirs. – p.9
On sait que la bicyclette, comme la nage, ne s’oublie pas. Mais il y a plus. La connaissance progressive de soi à laquelle correspond l’apprentissage du vélo laisse des traces à la fois inoubliables et inconscientes. C’est un paradoxe qui fait son originalité : le paradoxe du temps et de l’éternité, si l’on veut.