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Citations sur Les belles années (42)

Comme elle est gracieuse, il lui a fait la cour,
c’est un réflexe chez lui. Il est tellement doux que les filles
se laissent faire. Il arrive même qu’elles s’enhardissent. Il
aime bien les voir mordre à l’hameçon. Il aime découvrir
leur odeur, sentir leurs corps qui s’abandonnent. Le lendemain, il se réveille toujours en premier. Il se détourne,
quitte les draps. Il est rare qu’il ait envie de recommencer
avec la même. Il a du mal à tomber amoureux.
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C’est plus facile de baiser les actrices que de décrocher un
rôle, pense-t-il. Il referme la porte, se retourne vers la fenêtre.
En trois pas, il est au carreau, ouvre le battant, se penche
pour regarder en bas — il n’y a rien à voir pourtant, juste
une cour lugubre où les pigeons bivouaquent quand il pleut.
Il allume une cigarette, inspire profondément, pense tout à
coup à cette fille, Adèle, qui a bouleversé sa vie il y a six ans.
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L’amour, donc — puisqu’il faut bien appeler ainsi ce
que j’avais éprouvé et qui m’avait si longtemps tourmenté
— m’avait été donné avec une femme qui ne pouvait
m’aimer, et j’avais beau ressasser les faits, reprendre le fil
des événements, j’étais obligé de constater que notre histoire avait été absurde et vaine. Je revoyais le soir où je
l’avais invitée à la Tour d’Argent, pour fêter sa réussite au
concours du conservatoire.
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Je ne croyais pas au
hasard et il me paraissait évident que mon existence, étape
après étape, me faisait prendre une route dont j’étais sans
doute pleinement responsable mais qui souvent me donnait le vertige. Je revoyais tous les gens que j’avais croisés
au cours de théâtre, Brioche, Laurent Delmas, Carole
Jasper, Viviane Hardy, bien sûr, qui du jour au lendemain
m’avait fui — et je n’en finissais pas d’établir avec ces rencontres des liens de cause à effet.
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Cela faisait un moment qu’un poisson avait mordu à l’hameçon mais personne ne s’en était rendu compte. Ni Lili qui lisait à l’ombre du génois, ni Paul qui était devant sa table à carte, ni moi surtout dont la main reposait sur la ligne, le bras par-dessus le bastingage, de façon à être alerté
à la première tension. Je m’étais endormi et, au lieu de me
réveiller, les secousses enregistrées alimentaient mon rêve,le façonnaient, l’embellissaient. J’avais des heures de sommeil à rattraper. J’ai quand même fini par ouvrir les yeux et j’ai crié : ça mord !
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Cette obsession de tout cacher à mon
père, pour lui épargner d’inutiles tracas, pour le protéger
d’une famille en pleine décomposition, pour lui permettre
en somme de mener sa carrière en toute impunité, aveugle
sur ses proches mais visionnaire quand il s’agit d’inconnus,
m’a toujours sidérée chez ma mère. Pense-t-elle vraiment
que c’est le rôle d’une bonne épouse que de faciliter l’ascension sociale de son mari, quitte à lui dérober la vie de
ceux qui devraient compter le plus pour lui ? Pense-t-elle
que si elle partageait avec lui ses inquiétudes, il la jugerait
indigne, incompétente?
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J’avais décidé de monter sur scène pour qu’on me regarde enfin. Cela n’a pas changé grand-chose, sinon que j’ai appris ce qu’au fond je savais déjà : on a beau tenter de s’écarter de sa route, elle nous rattrape toujours. J’ai pourtant été reçue au conservatoire mais, très vite, j’ai su que je n’y aurais pas ma place et je n’y suis plus allée. Grégoire était fou de rage, il me disait : tu n’as pas le droit de laisser tomber, il y a si peu d’élus…
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Oui, je préférais être moi plutôt
que cette enfant de douze ans que le monde oublierait
après l’avoir plainte, chacun reprenant le cours de ses activités, navré mais vivant, parce qu’il fallait bien vivre quand
d’autres mouraient, et quel que soit le prix du chagrin, du
remords et d’un apitoiement sincère.
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À cette époque, je n’avais pas conscience de vivre les
pires années de ma vie, mais bel et bien je les vivais. Petite
et pâle, pas très jolie, boulotte puis maigre à faire peur, je
passais mon temps à m’agiter comme un clown. J’avais
appris ça de ma mère bien que son humour à elle fût d’autant plus corrosif qu’il émanait d’une voix douce et d’un
visage paisible.
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Elle l’embrasse
du bout des lèvres, pleine de reproches. Il la connaît par
cœur. Elle lui en veut de ne pas avoir fait la vaisselle, d’avoir
inondé la salle de bains, d’avoir fumé, de ne pas avoir fait
les courses, d’être resté au lit toute la journée. Il la déteste
— autant qu’elle le déteste sans doute, à ce moment précis
où elle est là, immobile devant lui, prête à aboyer parce
qu’il n’a rien fait et qu’elle est fatiguée.
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