Parce qu'une vie sans désir est une vie asphyxiée.
Ne crains pas de souffrir. N'attends pas que le destin t'offre la chance que tu crois mériter. Le désir, la convoitise et la paresse se nourrissent de ton sang. Seules la crainte de Dieu, la rigueur et une volonté ferme nous font humbles et forts.
Au bout du compte, pourquoi ces souffrances ? À quoi tout cela a servi ? C'est le genre de questions que vous pose la mort quand elle vous regarde en face et qu'il est bien trop tard pour chercher des réponses.
Halima a toujours aimé les histoires. Elle est incapable d'en inventer ou d'en raconter mais elle sait écouter. C'est une auditrice née. Elle peut se laisser emporter par les récits des autres, loin de sa propre vie, juste pour le plaisir des mots. Elle retient les noms, ne s'égare pas dans les digressions et visualise des images si nettes qu'elles lui donnent parfois l'impression de faire partie de sa propre mémoire. En auditrice exigeante, elle pourrait juger que son amie y va fort dans le pathos, que son histoire rassemble trop de clichés misérabilistes pour émouvoir, qu'elle est bancale et peu crédible. Ce qui l'empêche de porter un tel jugement, c'est cette chose bizarre posée devant elles, pour laquelle Irina l'a fait venir chez elle. Elle veut savoir d'où elle vient.
Vous dévorez Harry Potter et ses avatars prémâchés, mais vous n'avez plus aucune culture littéraire de base.
Dans un an, jour pour jour, alors qu’Irina traversera le vaste salon de sa luxueuse villa, elle se penchera sur le souvenir de cette journée comme la dernière de sa jeunesse, ou la dernière de sa vie.
Ne pas avoir de téléphone en état de marche est une expérience désagréable, comme d'avoir un membre en moins.
"Je ne t'abandonne pas, je te sauve!"
Vivre gouverné par ses désirs n'est pas vivre mais les étouffer n'est pas mieux non plus.
Irina revoit la vieille dame, assise dans le salon de thé, se penchant au-dessus de la chocolatière fumante.
– Ma grand-mère m’avait dit : « Chez nous, on ne sait pas garder les hommes, rappelle-toi bien ça ! »