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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Gilgamesh est le livre d'une vie. Auquel on repense, et l'on revient périodiquement. Comme il est ouvert à toutes les interprétations, il donne nécessairement à réfléchir. En dehors des poèmes dont la beauté transparaît, malgré l'infranchissable mutisme d'une langue perdue depuis des millénaires, la grande morale reste éternelle: comment supporter l'insurmontable scandale de la mort? "Je veux aller bien loin par la plaine! Je ne sais comment me taire; je ne sais comment crier! Mon ami que j'aimais n'est plus que fange!" Ca ne touchera que ceux pour qui amitié a encore un sens, que ceux qui auront connu la mort et l'auront éprouvée durement, que ceux qui auront connu la guerre et son injustice foncière, que ceux qui ont compris par la révélation du néant qu'il n'y a pas d'au-delà et qu'une fois mort, on est foutu.

Mais au-delà du concret, l'amitié de Gilgamesh et d'Enkidu, c'est aussi la condition humaine elle-même, symboliquement tiraillée entre la volonté du surhomme inaccessible et le bonheur perdu du bon sauvage. Mais cela aussi, il faut avoir vécu pour le sentir vivement. Et c'est encore vrai des paroles de Gilgamesh en réponse aux avances d'Ishtar. La grande morale de ce récit d'avant les Temps, mais qui n'appartiendra jamais au passé parce qu'il parle de ce qui, justement, ne passe pas et ne passera jamais tant qu'il y aura des hommes - la grande morale de ce récit, c'est qu'il faut vivre. Se débarrasser de tout ce qui fait écran entre la vie et nous, parce que rien ne dure: "Est-ce pour toujours que nous bâtissons nos maisons, pour toujours que nous marquons de notre sceau ce qui nous appartient?" Non.

C'est pourquoi il faut profiter de la vie tant qu'elle dure, vivre en harmonie avec la nature, se consacrer aux siens, faire preuve envers les autres d'humanité et leur témoigner amitié et justice. Sans doute, les blasés trouveront que c'est bien médiocre et pas du tout pétillant. C'est parce qu'ils projettent leur propre médiocrité sur ce qu'il y a de plus beau et de plus fort en ce monde. Après tout, "blasé", n'est-ce pas l'appellation classique du no-life? "Il y a des hommes, O Roi, qui vivent une vie qui ressemble à la mort, et quand ils sont retournés à la boue, on ne voit pas la différence"...
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L'épopée se présente comme un long poème divisé en chapitres et qui se lit d'avantage comme un conte. Toutes les grandes questions de l'humanité y sont abordées et c'est en ce point que le mythe reste extrêmement actuel. Je ne suis pas née en Syrie, ni en Irak – pays correspondant à l'ancienne Mésopotamie - mais je suis pourtant héritière de cette mythologie au même titre que chaque être humain. L'amitié, l'amour, la femme en tant qu'initiatrice, les rêves, la guerre, le courage, la mort, l'immortalité sont au coeur du récit. Les motifs mythologiques font notamment échos aux mythes égyptiens, grecs, monothéistes, qui suivront : le dieu-soleil, le batelier du royaume des morts, l'homme-scorpion gardien de la montagne, le déluge, la traversée des ténèbres, etc. J'ai bien conscience du caractère extrêmement superficiel de ce billet au regard des vies passées à décrypter, traduire, interpréter ce texte. Je ne prétends pas le comprendre – quoique le conte en soi est largement accessible à tous -, mais j'espère a minima vous convaincre d'y jeter un oeil. Il fait partie des rares oeuvres communes à un très grand pan de l'humanité - si ce n'est à toute l'humanité – et il me semble nécessaire de l'avoir présent en arrière-plan de l'esprit, ne serait-ce que pour se remémorer nos origines et intégrer un tant soit peu la richesse des cultures qui se sont croisées jusqu'à produire nos société actuelles dans toute leur complexité.
Lien : https://synchroniciteetseren..
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Un trésor d'archéologie, vieux de plus de 3000 ans, qui reste méconnu ; un texte gravé sur des tablettes d'argile, en caractères cunéiformes, qui se déchiffre comme la pierre de Rosette, ce texte fragmentaire, n'a-t-il pas de quoi faire fantasmer tous les lecteurs ?

On découvre dans l'épopée de Gilgamesh une civilisation d'une richesse inouïe, fascinante, mésopotamienne. Depuis la lecture de ce texte, je me dirige automatiquement dans les musées vers le département des Antiquités Orientales, et j'y passe plus de temps que dans les départements d'Egypte antique ou De Grèce antique parce que j'y découvre quelque chose que je ne connaissais pas et puis ça me parle d'autant plus actuellement, parce que ces vestiges des peuples guerriers de l'Antiquité, ces énigmes, d'une civilisation inconnue, me laissent méditer sur les évènements actuels : ce qui se passe en Irak, en Syrie, etc. On essaie de comprendre la guerre comme on peut quand on aime profondément l'humanité mais qu'on est tellement horrifiée par la violence, qu'on se demande si l'homme n'est pas une créature monstrueuse. Au British Museum, il y a des pans de murs gigantesques, représentant - entre autres - une magnifique chasse aux lions et ça se déploie sur des dizaines de mètres. C'est très beau, ces détails qui nous viennent de Ninive, ces vestiges de l'empire néo-assyrien. Les lionnes mourantes, criblées de flèches, souffrantes mais majestueuses, me remuèrent quelque peu. Saviez-vous que ces trésors de la civilisation du Proche-Orient ayant résisté à l'épreuve du temps pendant des millénaires sont la cible des hommes qui font la guerre (à leur nature peut-être - sauf si c'est la nature cruelle de l'homme qui parle) ; qu'ils font la guerre à leur propre histoire, à leur culture ? Il est peut-être préférable que les hommes violents s'en prennent aux morts qu'aux vivants, mais je ne sais pas, je trouve ça profondément triste moi parce que c'est l'histoire de l'humanité, ces constructions en ruine, et ces destructions massives en font partie, certes. le Déluge - ce passage fondamental de l'Ancien Testament – trouve sa source dans ce texte fondateur – peut-être que le chaos fait partie de l'ordre des choses, après tout, que sais-je ?
Gilmamesh, roi d'Uruk mais aussi dieu des enfers : est-ce un roi ayant réellement existé ou bien n'est-ce qu'un mythe ? On parle dans ce récit poétique, allégorique, de la vie et de la mort, d'une quête vers l'immortalité, de l'initiation d'un roi guerrier, un demi-dieu, un héros orgueilleux, un tyran sublime. Il rencontre Enkidu, un sauvage, qui a grandi et vécu longtemps seul, comme un ermite, en pleine nature, et à qui on apprend ce qu'est la civilisation. Ces héros, qui se vouent une amitié éternelle, au-delà de la vie et de la mort, se lancent dans une série d'exploits, et combattent Humbaba, le gardien des cèdres ( un personnage que j'aime beaucoup, Humbaba), puis un Taureau sacré, envoyé par Ishtar (ou Inanna), la déesse de la vie, de la fertilité, de l'amour et de la guerre. le rôle des femmes et des déesses, de la sexualité, dans cette épopée antique, qui suit le chemin de ces deux héros si virils mérite qu'on s'y intéresse de plus près. D'autant plus lorsqu'on sait que Gilgamesh a une déesse pour mère : Ninsun, la protectrice, la "dame-bufflesse"en sumérien.
Gilgamesh, c'est un constructeur parce qu'il érige des villes, notamment grâce au bois – des cèdres - qu'il exploite - c'est l'homme qui se bat contre la nature – parce qu'il se bat contre le gardien de la forêt – contre un animal sacré. Gilgamesh, c'est encore celui qui se révolte contre la nature cruellement mortelle de l'homme et qui se lance dans cette quête de l'immortalité qui compose la seconde partie de l'épopée. Gilgamesh, ce roi, et Enkidu, son ami fidèle, rêvent, et interprètent leurs rêves, y compris les rêves d'Enkidu lui annonçant sa mort prochaine et la mort d'Enkidu marque un tournant dans la vie de Gilgamesh parce que c'est ce rappel de la mortalité de l'homme qui fait qu'il erre à son tour dans la nature, vêtu de peaux de bête, de lions qu'il tue de ses propres mains. Oui, l'homme combat la nature depuis l'Antiquité, parce que l'homme est un être "civilisé" ...
En tout cas, si vous aimez les mythes, ou L Histoire antique, je vous conseille cette lecture, ce trésor inestimable et je remercie ceux qui ont su préserver ce texte et qui ont su le recomposer, jusqu'à sa forme poétique et même si le texte reste inachevé, il n'empêche en rien que la vie de Gilgamesh prenne fin – à moins qu'il ne s'agisse pas de la fin ? Gilgamesh meurt-il ? Qu'y a-t-il après la fin d'une histoire sans fin, inachevée ?
Qu'y a-t-il avant et après la mort ? Qu'est-ce que la vie ?
Commenter  J’apprécie          2011
Récit épique et poétique, aussi ancien que l'écriture même, cette version de l'épopée de Gilgamesh bénéficie du choix du traducteur: rien ne vaut finalement un poème pour redire la toute première épopée humaine.
Deux tiers dieux, un tiers homme, Gilgamesh règne et aime, se lie d'amitié, craint la mort, explore les grandes forêts de cèdres et terrasse des géants, et le lecteur est conquis. Ceci est l'un des textes fondateurs des mythes humains et il est toujours aussi sublime, des milliers d'années après avoir été raconté pour la première fois.
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Le plus vieux texte littéraire de l'humanité. Une histoire fascinante, parce qu'elle paraît tellement archaïque, de par ses moeurs, mais à la fois tellement proche de nous, de par ses préoccupations : le pouvoir, l'amitié, la mort.

On sent aussi chez les hommes de cette époque une inquiétude, un manque de contrôle évident vis-à-vis de la nature et des éléments, une crainte colossale des dieux auxquels ces phénomènes étaient attribués.
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Magnifique texte, fabuleuse histoire que celle de Gilgamesh en quête d'immortalité, écrit en sumérien, traduit en babylonien, en assyrien, en hittite, en hourite et qui chemina jusqu'à nous gravé sur des tablettes d'argile.
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Comme c'est beau !
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Il se dégage une certaine émotion à la lecture de ces très anciens récits écrits en Babylonie du xviiie au xviie siècle av. J.-C. le terrible et cruel roi d'Uruk, Gilgamesh va découvrir la sagesse au travers de multiples aventures qui vont l'éloigner temporairement de son royaume ou il maltraite son peuple . Sa rencontre finale avec Uta-napishti, survivant du Déluge et immortel va lui faire comprendre qu'il ne pourra jamais être immortel et que le secret du bonheur réside dans la l'acceptation des bienfaits éphémères fournis par la vie.
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L'épopée de Gilgamesh est un conte venu du fond des ages. le lire c'est voyager dans le temps, effleurer l'époque ou la civilisation naissait en Mésopotamie.
En soit, cette épopée est la quête d'un héros. Un héros qui connait l'amitié, l'orgueil, la gloire, mais qui est aussi confronté au chagrin, au désespoir, à la peur de la mort.
L'histoire commence en roman d'aventure, passe par le drame et finit en voyage initiatique.
Cette histoire est étonnamment riche pour un texte si bref (~100 pages) et si ancien.

Si vous en avez l'occasion, lisez Gilgamesh.
Vous y trouverez la forme embryonnaire de nombreux éléments de littérature et de figures de héros.
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L'Épopée de Gilgamesh est un superbe conte philosophique qui nous indique que les antiques savaient penser, et peut-être même mieux que nous !
La vie, la mort, l'amitié, la perte, l'amour... N'est-ce pas le résumé de toutes les grandes passions humaines ?
De ce livre ancien, il y a mille leçon à recueillir.

Pour davantage de réflexions à ce propos :
https://journalheretique.blogspot.com/2022/11/breve-analyse-de-lepopee-de-gilgamesh.html



Lien : https://journalheretique.blo..
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