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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le petit prince venu d'ailleurs

Avec Amine Mona Azzam raconte la rencontre d'un jeune immigré avec une professeur de français déterminée à lui construire un avenir. Une rencontre déterminante, bouleversante.

Vingt ans après avoir franchi les grilles du collège Camille Claudel d'Annecy pour la première fois, Amine est de retour afin d'assister aux obsèques de sa professeur de français, Madame Maya. S'il a fait le voyage depuis Marseille, c'est qu'il doit tout à cette femme. Quand elle a fait la connaissance d'Amine, elle vivait seule. Son mari l'avait quittée après la mort de leur enfant. Dans sa classe de 6e le jeune immigré venait tout juste de débarquer du Sahel et ne parlait quasiment pas français. Une situation qui laissait l'enseignante tout à la fois révoltée, désemparée et attendrie.
Révoltée parce qu'il n'y a pas de place pour lui dans les structures dédiées et que ses collègues baissent les bras. Désemparée, parce qu'elle n'a pas de baguette magique ou même d'outils pédagogiques pour lui venir en aide. Et attendrie devant le désarroi et la tristesse du garçon.
Un garçon qui, en ce jour glacial de 1995, préfère mentir à son père et lui dire que tout va bien plutôt que de reconnaître qu'il est incapable de suivre les cours, qu'il peut à peine comprendre les quelques mots bienveillants de Madame Maya, la seule qui semble lui accorder un peu d'intérêt.
Mona Azzam a eu la bonne idée de faire alterner les voix des différents acteurs. Celle de l'enseignante et celle du jeune immigré, pour raconter leurs parcours respectifs l'un vers l'autre, mais aussi celle du principal de l'établissement. Il se souvient avoir fermé les yeux quand une fronde malsaine s'est propagée pour empêcher Amine d'aller en classe de neige. Celle de son copain de classe Théo qui par solidarité a prétexté une rage de dents pour ne pas partir à la montagne avec sa classe. Celle d'Elsa Bonnet, que je vous laisse découvrir.
À force de travail, d'heures de soutien, y compris durant les vacances, Madame Maya va réussir son pari. Amine va réussir à maîtriser la langue française et pouvoir progresser dans toutes les matières. Jusqu'à réussir à écrire une nouvelle qui sera primée (et reproduite en intégralité dans ce récit). Mona Azzam réussit fort bien à montrer dans cette histoire les lacunes de notre système éducatif, pas ou peu enclin à faire les efforts nécessaires pour pouvoir mieux intégrer les immigrés ou les élèves en difficulté. Mais on pourra aussi avoir une lecture plus réjouissante, celle qui met en avant une volonté inébranlable, une forte motivation et un engagement qui tient du sacerdoce. Un roman tout en nuances, j'allais écrire très loin du noir et blanc.



Lien : https://collectiondelivres.w..
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« 𝘪𝘭 𝘥𝘪𝘵 𝘯𝘰𝘯 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘭𝘢 𝘵𝘦𝘵𝘦
𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘪𝘭 𝘥𝘪𝘵 𝘰𝘶𝘪 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘭𝘦 𝘤oe𝘶𝘳… »

Quelques mots de Prévert et ce souvenir de mon professeur de français remontant en songes à l'orée de ma mémoire… Quelques notes vibrantes qui m'habitent à la fin de cette lecture.

Amine n'est pas un Cancre, non… Amine dit oui à ce qu'il aime mais il ne dit pas non au professeur…

En ce premier jour d'école, Amine est debout devant ses nouveaux camarades. On le questionne, oui… Mais Amine ne répond pas.
Amine ne parle pas la langue de Molière. D'ailleurs, Amine ne connaît pas Molière. Il n'est pas d'ici, il est de nulle part… Il est la graine de cacao semée dans le désert… Il est de Mbour, Sénégal… Là-bas, Amine dormait sous un ciel où les étoiles caressent les dunes…

« 𝘓𝘦 𝘥é𝘴𝘦𝘳𝘵 𝘦𝘴𝘵 𝘣𝘦𝘢𝘶… 𝘌𝘵 𝘤'𝘦𝘴𝘵 𝘷𝘳𝘢𝘪. 𝘑'𝘢𝘪 𝘵𝘰𝘶𝘫𝘰𝘶𝘳𝘴 𝘢𝘪𝘮é 𝘭𝘦 𝘥é𝘴𝘦𝘳𝘵. 𝘖𝘯 𝘴'𝘢𝘴𝘴𝘰𝘪𝘵 𝘴𝘶𝘳 𝘶𝘯𝘦 𝘥𝘶𝘯𝘦 𝘥𝘦 𝘴𝘢𝘣𝘭𝘦. 𝘖𝘯 𝘯𝘦 𝘷𝘰𝘪𝘵 𝘳𝘪𝘦𝘯. 𝘖𝘯 𝘯'𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥 𝘳𝘪𝘦𝘯. 𝘌𝘵 𝘤𝘦𝘱𝘦𝘯𝘥𝘢𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶𝘦 𝘤𝘩𝘰𝘴𝘦 𝘳𝘢𝘺𝘰𝘯𝘯𝘦 𝘦𝘯 𝘴𝘪𝘭𝘦𝘯𝘤𝘦… 𝘊𝘦 𝘲𝘶𝘪 𝘦𝘮𝘣𝘦𝘭𝘭𝘪𝘵 𝘭𝘦 𝘥é𝘴𝘦𝘳𝘵, 𝘥𝘪𝘵 𝘭𝘦 𝘱𝘦𝘵𝘪𝘵 𝘱𝘳𝘪𝘯𝘤𝘦, 𝘤'𝘦𝘴𝘵 𝘲𝘶'𝘪𝘭 𝘤𝘢𝘤𝘩𝘦 𝘶𝘯 𝘱𝘶𝘪𝘵𝘴 𝘲𝘶𝘦𝘭𝘲𝘶𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘵… »

A son arrivée en France, au collège Camile Claudel, Amine ne connaît ni Molière ni Saint-Exupéry. Il ne connaît pas le petit prince et son ami le renard. D'ailleurs, Amine n'a pas d'amis…

Maya, son professeur de français, n'en aura que faire. Malgré les menaces qui grondent, elle sera ce puits… Graine après graine, elle l'arrosera de son savoir, jour après jour l'abreuvera de ses connaissances avec persévérance et générosité, lui offrant cette nouvelle langue en héritage.

𝘓𝘪𝘳𝘦, é𝘤𝘳𝘪𝘳𝘦, 𝘦𝘹𝘪𝘴𝘵𝘦𝘳…
Trois mots-piliers. Une nouvelle vie qui commence…

« 𝘴𝘰𝘶𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘩𝘶é𝘦𝘴 𝘥𝘦𝘴 𝘦𝘯𝘧𝘢𝘯𝘵𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘥𝘪𝘨𝘦𝘴
𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘳𝘢𝘪𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘶𝘭𝘦𝘶𝘳𝘴
𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘦 𝘵𝘢𝘣𝘭𝘦𝘢𝘶 𝘯𝘰𝘪𝘳 𝘥𝘶 𝘮𝘢𝘭𝘩𝘦𝘶𝘳
𝘪𝘭 𝘥𝘦𝘴𝘴𝘪𝘯𝘦 𝘭𝘦 𝘷𝘪𝘴𝘢𝘨𝘦 𝘥𝘶 𝘣𝘰𝘯𝘩𝘦𝘶𝘳. »

***

À 𝙁𝙧𝙖𝙣𝙘𝙚…


✨✨✨

Mona Azzam est professeur de Lettres. Comme Amine, et Maïmouna avant lui (dans son précédent roman Ulysse a dit), elle aussi est d'Ici et D'ailleurs, née en Côte d'Ivoire avant de voyager vers le Sénégal puis d'exercer professionnellement au Liban avant de revenir poser ses valises dans un établissement scolaire de Montpellier… Tout cela se ressent dans ses romans…

Roman, conte, expérience personnelle peut-être, se mélangent sous une plume généreuse et appliquée, dont se dégagent des émotions faisant renaître ces souvenirs jaunis de vieux bancs d'école, d'odeur de colle, de beaux textes et l'amour de la langue que nous a légué, un jour, un professeur de français…

Merci à Editions La Trace et Mona Azzam pour cette lecture !


***

𝘐𝘭 𝘥𝘪𝘵 𝘯𝘰𝘯 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘭𝘢 𝘵𝘦𝘵𝘦
𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘪𝘭 𝘥𝘪𝘵 𝘰𝘶𝘪 𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘭𝘦 𝘤𝘰𝘦𝘶𝘳
𝘪𝘭 𝘥𝘪𝘵 𝘰𝘶𝘪 à 𝘤𝘦 𝘲𝘶'𝘪𝘭 𝘢𝘪𝘮𝘦
𝘪𝘭 𝘥𝘪𝘵 𝘯𝘰𝘯 𝘢𝘶 𝘱𝘳𝘰𝘧𝘦𝘴𝘴𝘦𝘶𝘳
𝘪𝘭 𝘦𝘴𝘵 𝘥𝘦𝘣𝘰𝘶𝘵
𝘰𝘯 𝘭𝘦 𝘲𝘶𝘦𝘴𝘵𝘪𝘰𝘯𝘯𝘦
𝘦𝘵 𝘵𝘰𝘶𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘣𝘭è𝘮𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘱𝘰𝘴é𝘴
𝘴𝘰𝘶𝘥𝘢𝘪𝘯 𝘭𝘦 𝘧𝘰𝘶 𝘳𝘪𝘳𝘦 𝘭𝘦 𝘱𝘳𝘦𝘯𝘥
𝘦𝘵 𝘪𝘭 𝘦𝘧𝘧𝘢𝘤𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘵
𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘩𝘪𝘧𝘧𝘳𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘮𝘰𝘵𝘴
𝘭𝘦𝘴 𝘥𝘢𝘵𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘯𝘰𝘮𝘴
𝘭𝘦𝘴 𝘱𝘩𝘳𝘢𝘴𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘱𝘪è𝘨𝘦𝘴
𝘦𝘵 𝘮𝘢𝘭𝘨𝘳é 𝘭𝘦𝘴 𝘮𝘦𝘯𝘢𝘤𝘦𝘴 𝘥𝘶 𝘮𝘢î𝘵𝘳𝘦
𝘴𝘰𝘶𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘩𝘶é𝘦𝘴 𝘥𝘦𝘴 𝘦𝘯𝘧𝘢𝘯𝘵𝘴 𝘱𝘳𝘰𝘥𝘪𝘨𝘦𝘴
𝘢𝘷𝘦𝘤 𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘳𝘢𝘪𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘵𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘶𝘭𝘦𝘶𝘳𝘴
𝘴𝘶𝘳 𝘭𝘦 𝘵𝘢𝘣𝘭𝘦𝘢𝘶 𝘯𝘰𝘪𝘳 𝘥𝘶 𝘮𝘢𝘭𝘩𝘦𝘶𝘳
𝘪𝘭 𝘥𝘦𝘴𝘴𝘪𝘯𝘦 𝘭𝘦 𝘷𝘪𝘴𝘢𝘨𝘦 𝘥𝘶 𝘣𝘰𝘯𝘩𝘦𝘶𝘳.

Le Cancre, Jacques Prévert
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Dans "Ulysse a dit…", un sublime précédent roman, Mona Azzam nous racontait l'histoire de Maïmouna, petite Malienne embarquée sur un bateau de fortune, direction la France et le bonheur jusqu'à ce que... Là, dans ce nouvel ouvrage, c'est "Amine" qu'elle nous présente. En provenance du Sahel, il découvre la Haute-Savoie. Difficile transition.

Difficile transition… Lorsqu'il découvre le collège Camille Claudel, à Annecy, ce 10 décembre 1995, Amine a dix ans, ne parle pas un mot de français et grelotte de froid. En un mot, Amine est perdu dans un monde qu'il ne connaît pas, ne comprend pas, qui ne le connaît pas davantage, ni ne le comprend. Heureusement, Madame Maya veille. Elle est son professeur de français.

Lire un roman de Mona Azzam c'est se délecter de son écriture, véritable dentelle, poésie de mots choisis, entrelacés, d'une légèreté indicible et qui pourtant pèsent lourd. Ici, le récit est aux confins du conte. Il y a le héros, Amine, en quête de savoir, d'étude d'une langue nouvelle, un élève travailleur, doté de capacités encore inconnues. Et puis il y a aussi "les aides" : Madame Maya, son enseignante, qui l'entoure, l'encourage, déploie des trésors d'idées pour le faire progresser et aussi Théo, son seul copain, qui brave les interdits, l'accompagne, le stimule, lui apporte son soutien. Et, naturellement, les "méchants", élèves qui le repoussent ou pire, l‘ignorent, leurs parents qui ne souhaitent pas le recevoir, et l'administration de l'établissement craignant on ne sait quoi. Mais Madame Maya ne baisse pas les bras.

L'auteure transparaît totalement dans ce récit, tant l'Africaine – elle est née sur ce continent – que la "prof de français" qui aime à transmettre à ses élèves la belle langue de Molière, se donne entièrement à sa tâche et même au-delà, rêve de les porter haut. Certes la fin laisse flotter un léger parfum de roses, mais elle fait rêver. Et je suis certaine que nombres de lectrices et lecteurs se retrouveront dans le personnage d'Amine et repenseront à l'enseignant(e) qui, un jour leur a tendu la main.

"Amine" un joli roman d'une grande sensibilité, d'une immense humanité, qui montre par petites touches que "…l'on peut semer une graine de cacao dans un désert de neige."

Lien : https://memo-emoi.fr
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Mais que voilà un joli roman choral, sur l'épanouissement d'un jeune garçon répondant au doux prénom d'Amine, fraichement arrivé du Sahel (sénégalais). Et sur son (éternelle) reconnaissance, vouée à sa professeure de Français (Maya B) qui l'accueillit à bras ouverts (en décembre 1995) dans sa classe de 6ème, au collège Camille Claudel d'Annecy … Alors qu'il ne parlait pratiquement pas un mot de notre langue …

Un enfant particulièrement attachant, volontaire et intelligent. Au fil de ce court récit, on croisera auprès de notre petit héros : Monsieur C (un peu blasé), Théo (un ami pour la vie), Elsa (l'ancienne élève devenue notaire) et surtout la bienveillante Maya B – dont c'est l'enterrement – et qui a, toute sa vie durant, vénéré son passionnant métier … Celle qui a cru « dur comme fer », vingt ans plus tôt, en un (heureux) avenir possible pour son petit protégé !

Une belle écriture, sobre et pudique, toute en poésie. Un superbe « récit-témoignage » que cet ouvrage, qui n'a de « petit » que son format … Puisque indéniablement « grand » – de par sa qualité littéraire – profondément humaine !
Merci à Masse Critique Babelio de m'avoir permis de découvrir ce livre !
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Amine est le nouveau roman de Mona Azzam paru aux éditions La Trace à l'occasion de cette rentrée littéraire.

Hasard du calendrier (ou pas…), il est sorti jeudi, jour de grève nationale des enseignants. Quel rapport me direz-vous ? Comme toujours avec Mona et la Trace, regardez cette sublime couverture : un enfant au regard apeuré, un tableau noir, une craie, un prénom…

« Je sommeillais de cours en cours ; de salle en salle. Seul le cours de Mme Maya constituait une exception. Impossible de dormir au premier rang. Son regard attentif et bienveillant me tenait en alerte. Je l'écoutais aussi attentivement que possible, tentant de déceler du sens dans les mots qu'elle disait, d'une voix claire. Au bout d'une semaine, je me suis surpris, la nuit venue, couché à côté de deux de mes frères plus âgés, à me répéter dans ma tête, certains mots. Ce n'était plus que des ballets de « alors, donc, voilà, silence » qui valsaient dans ma tête, et même jusque dans mes songes. »

Amine

Peut-être vous souvenez-vous de Maïmouna, cette jeune fille pour laquelle on ne pouvait que s'attacher dans le précédent opus de Mona, Ulysse a dit.

Peut-être Amine est un frère ou cousin lointain de Maïmouna tant leurs trajectoires se ressemblent… Ce phare d'Ulysse qui rayonne et nous guide m'avait profondément marqué. Amine et son cher professeur Maya en ont fait de même.

Amine est un jeune garçon de dix ans en provenance du Sahel. Il est le nouvel élève, le vingt-quatrième de Maya, professeur de français en classe de 6e au collège Camille Claudel d'Annecy. Amine ne parle pas français, Amine ne comprend pas le français, Amine ne parle pas tout simplement. Et pour autant, il ne bénéficie pas de cours spécifiques ou d'une quelconque aide pour s'intégrer. Il est placé là, tout simplement, et que les professeurs se débrouillent !

« Accusée, levez-vous ! pour votre défense, vous avez droit au silence. le silence, pour clamer votre innocence. En face, la Horde, déchaînée, conspuante, accusatrice. Et qui exige la potence. Ni plus, ni moins. Accusée, levez-vous ! Les hyènes sont affamées. Les chacals sont assoiffés. Levez-vous pour mieux ployer sous le poids de leurs langues aiguisées et de leurs crocs saillants »

Révolte, colère, indignation

Je ne sais si c'était le souhait de l'auteur, mais c'est ainsi que je l'ai ressenti. Révolte d'un professeur face aux attaques de ses collègues ; colère d'un professeur devant l'absence de considération pour Amine ; indignation devant l'ignorance et le refus.

Maya a un but et elle l'atteindra quoiqu'il en coûte. Jour après jour, elle consacrera son temps, ses efforts pour apprendre à Amine notre langue. Jour après jour, elle fera preuve de bienveillance, d'humanité, de pédagogie. Jamais elle ne baissera les bras, jamais elle ne renoncera malgré les cactus et autres chausse-trappes.

Généreuse et persévérante, Mona, pardon lapsus révélateur, Maya offrira ses connaissances à Amine, les lui transmettra. Maya ne demande rien, Maya fait son travail, tout simplement : celui de professeur qui instruit.

Comme Mona Azzam, professeur de Lettres, femme sensible et généreuse, militante engagée des droits de l'Homme, ayant des racines africaines et enseigné dans de nombreux pays…

« Amine, Je n'ai jamais eu l'occasion, la vie ne m'en ayant pas laissé l'occasion, de te dire à quel point je suis fière de toi. Fière du jeune homme que tu as été, dès ton premier jour en classe de sixième. Fière de ton Prix, de ta nouvelle, qui en elle-même est un prix. Qu'importe le prix payé pour tout cela. Fière de tous tes écrits, de la profondeur de tes écrits, de leur portée humaniste. Tu peux, Amine, être fier de toi, du travail que tu mènes dans les universités françaises et maliennes. Tu peux être fier de toi, de tout ce chemin parcouru avec brio, en dépit des difficultés, parfois incontournables à première vue. »

Instruction, intégration, ascenseur social, réussite

Roman choral, Amine est un livre d'actualité, un livre politique et militant pour ne pas dire engagé... Mais c'est surtout et avant tout pour moi, un vibrant plaidoyer pour le corpus du métier d'enseignant.

Qu'attend-on de l'école ? Quel est son rôle ? Ce n'est pas d'éduquer ou d'élever… mais bien d'instruire comme le narre si justement Mona dans Amine.

D'aucuns parleraient d'égalité des chances, je préfère employer l'expression l'instruction pour tous, quelle que soit son origine, quelles que soient ses traditions, quelle que soit sa religion, quelle que soit sa couleur de peau.

Je retrouve tant Mona ligne après ligne, page après page. Mona est une combattante qui parle avec son coeur, avec ses tripes. Je l'ai parfaitement ressenti dans de nombreux chapitres.

L'écriture est ciselée, extrêmement précise, incisive, envoûtante… Elle est si expressive et poétique que l'on ne peut que s'attacher et être ému. Les larmes affleurent régulièrement, elles finissent par couler à flots en refermant ce trop court opus.

« Lire, écrire, exister »

Que j'ai aimé ce roman qui m'a fait revisiter ma vie ! Tout d'abord, revenir en enfance avec le tableau noir et la craie de l'école primaire, ces souvenirs inaltérables… Puis traverser mes parcours scolaires avec ses professeurs si marquants que nous avons tous connus et pour lesquels nous sommes capables de conter telle ou telle anecdote. Enfin, mon parcours politique et cette certitude du vivre ensemble, de l'égalité des chances…

Il est si difficile de faire bouger les choses, il est si difficile d'allier les bonnes volontés. Ces batailles d'ego, cet individualisme qui pousse à ne pas s'intéresser, pire à condamner…

Nous sommes début d'année, l'heure des bonnes résolutions. Gageons que Maya n'est pas une exception, gageons que ce cri du coeur d'espoir et d'humanité hurlé par Mona Azzam fasse tache d'encre.

Naïf et utopique ? Il ne tient qu'à nous de transformer le rêve en réalité comme l'a si bien écrit Antoine de Saint-Exupéry

4/5

Lien : https://www.alombredunoyer.c..
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Toujours empreints de douceur les textes de Mina Azzam, la poésie affleure au détour des pages.

Et voici la rencontre de L'enfant venu d'Afrique Amine et d'un professeur de français Mme Maya.

Pour elle le rôle de transmission est sacré… pour elle l'absence de mots est inconcevable… pour elle la situation de ce gamin déraciné oublié par le système de l'école de la République est insupportable…

Le plaisir d'une lecture pleine d'humanité et de bienveillance
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« L'abeille et l'architecte »
Vingt ans après, Amine revient à Annecy. Il est devant le Collège Camille Claudel, il se souvient de ce jour de décembre 1995, où il en a franchi les grilles, la peur au ventre, le coeur serré et avec seulement deux mots de français : bonjour et merci.
Il y a une étrange silhouette qui lui fait signe d'avancer, c'est Madame Maya, professeur de français.
Cette première journée va se graver dans la mémoire de ces deux êtres, pour toujours.
Maya se heurte immédiatement à l'incurie des autorités et à une indifférence plutôt assumée.
Dans sa classe, elle place l'enfant au premier rang à côté de Théo. Dans les autres cours il sera au fond de la salle, comme les mauvais élèves et Théo l'y rejoindra.
Elle va y mettre toute son âme à tendre la main et enseigner le Lire-Ecrire-Exister.
« Mon petit protégé avait fait des efforts indéniables. Il était encore loin du niveau de la classe mais il s'en sortait. En cela, c'était un miracle.
En ce jour de rentrée, je n'avais qu'une seule hâte. En aviser mes collègues ainsi que le principal.
Leur réaction fut inattendue, me prenant au dépourvu. Ils n'y croyaient pas vraiment, mettant ma parole en doute. »
Ce roman choral, sur un sujet qui est et sera toujours d'une actualité brûlante, met en avant les difficultés à faire bouger les lignes, sauf pour les bonnes volontés individuelles.
Comme je l'écris à chaque opus de l'auteur, je trouve celui-ci encore trop court.
J'aurais souhaité en savoir plus, pour certains lecteurs impliqués dans une vie communautaire cela aurait pu être d'une aide précieuse, sur une méthode d'apprentissage.
L'aspect narratif aurait été moins prégnant au profit de l'action et de l'interaction entre cette enseignante et cet enfant, et un dialogue en évolution aurait imagé ce pont qu'est une main tendue.
La forme choisie laissera le champ libre aux lecteurs.
Bien écrit et les chapitres courts permettent de rythmer le tout sans que le lecteur puisse être submergé par l'émotion, afin que la réflexion soit toujours présente.
Des émotions il y en a, le sujet s'y prête, le passage du concours de nouvelles vous mettra assurément la larme à l'oeil.
Mais ce n'est pas seulement avec le coeur que l'on agit pour être efficace.
Très optimiste, trop peut-être ? A vous de juger.
Mais je conclurai par ces mots qui sont de Maya mais qui sont la substantifique moelle de ce qui habite Mona Azzam :
« Idéaliste de nature, je rêve d'un système éducatif où la seule obligation serait fondée sur l'envie d'apprendre et l'envie de surprendre.
Je fais ce rêve utopiste où l'école ne serait plus l'école pour tous mais l'école de tous, avec tous, avec les autres aussi. »
©Chantal Lafon

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