L'Aliéniste

Cette adaptation semble fidèle à la nouvelle, et elle l'est peut-être même un peu trop. Alors, on la lit comme paraphrase du texte original de Joaquim Maria Machado de Assis, et pour le confort d'avoir des images sous les yeux.


Manque cruellement de folie.

Fábio Moon et Gabriel Bá adaptent ici un texte de Joaquim Maria Machado de Assis. Ils utilisent pour cela des couleurs sépia qui m'ont un peu rebutée. Néanmoins, passé ce premier inconfort, j'ai lu avec intérêt et beaucoup d'amusement ce conte absurde et cette réflexion sur la folie. Qu'est-ce qu'un fou ? se demande le docteur Simon Bacamarte. A partir de quel moment peut-on estimer qu'on a basculé de l'autre côté? La chute est amusante et absurde.

Une bonne adaptation du roman de Machado de Assis, un peu trop sage et scolaire, mais qui permet de découvrir l'univers de cet auteur majeur de la littérature brésilienne.

Les deux auteurs étaient attendus au tournant après leur excellent Daytripper, et cette BD est d'un niveau bien inférieur à cette dernière, ce qui a déçu nombre de lecteurs. Pour autant, je ne pense pas que ce soit une mauvaise BD uniquement avec ces comparatifs, et je reste quand même sur une très bonne impression de lecture !

Le dessin est toujours aussi bon, avec sa façon de représenter tout en teintes de jaune passé. On est de plain pied dans le dessin qui fait ressortir l'ambiance. Pour l'histoire, je suis plus mitigé : on sent clairement l'adaptation, et pas aussi bien que peut le faire un Larcenet dans le Rapport de Brodeck. C'est plus lourd à lire, plus long et moins tourné vers la BD. Cependant, il y a de belles idées qui sont mises en oeuvre dans le dessin, comme l'absence presque tout du long du regard de l'aliéniste, caché derrière ses lunettes.

Cependant, j'ai beaucoup aimé l'histoire, qui mélange plein de thématiques autour de ce sujet de la folie. On découvrira tour à tour des considérations politiques et morales, des réflexions sur l'humain et sa nature, sur la gouvernance et sur les influences, sur la société au travers du microcosme de cette ville ... Et par dessus cela, l'aliéniste qui se tient au centre sans bouger. Je ne suis pas certain d'avoir tout compris à son propos, mais c'est à la fois dérangeant et intéressant par la façon qu'il a d'être représenté.

Si je mets une aussi bonne note à la BD, c'est à la fois parce que j'ai apprécié la façon dont elle a été faite même si je reconnais que l'adaptation est un peu lourde (mais ne soyons pas mesquin, c'est souvent le cas lors de l'adaptation de grands classiques). Mais surtout j'apprécie grandement le fait de découvrir cette histoire qui est si connue au Brésil et pourtant peu exportée en dehors. Des auteurs de BD qui arrivent à exporter les grands classiques de la littérature de leur pays ça me va bien, et j'aurais bien envie de découvrir d'autres auteurs comme celui-là !

Simon Bacamarte, aliéniste réputé, s'installe dans la petite bourgade d'Itaguaï pour y fonder un asile. S'il commence par y enfermer les cas de déviance psychique les plus prononcés, il repousse progressivement la frontière séparant les aliénés des sains d'esprit. Augmentant son emprise sur la population au fil du temps, il finit par interner de plus en plus de monde, dont des citoyens que tous considéraient comme normaux. Des dérives qui finissent par susciter beaucoup d'émois et de questions… Soigne-t-il la folie ou est-il à son origine ?

Après l'excellent Daytripper, Urban Comics propose la traduction d'un autre ouvrage des frères jumeaux Gabriel Ba et Fabio Moon. Datant de 2007, cette bande dessinée reprend la nouvelle éponyme écrite par Joaquim Maria Machado de Assis en 1881. L'aliéniste invite à suivre les expériences d'un médecin qui, après avoir reçu l'aval du conseil municipal de sa ville natale, décide d'y construire un établissement lui permettant de rassembler, d'étudier et de soigner les nombreux cas de démence.

Proposant une réflexion empreinte de cynisme sur les limites de la normalité, le récit explore donc les méandres de la pathologie cérébrale, tout en prenant très vite des proportions délirantes et une tournure délicieusement ironique qui ne laisse finalement personne à l'abri de la stigmatisation et de la folie. Si le ton parfois monocorde de cette oeuvre assez bavarde qui cherche à respecter le texte original peut rebuter, le graphisme proposé par les deux frangins fait une nouvelle fois mouche. Rehaussé d'une colorisation qui installe immédiatement l'ambiance rétro de l'album, le dessin soigné et sensible pourrait presque être qualifié de démentiel.

Une adaptation d'un classique de la littérature brésilienne qui permet surtout de retrouver deux artistes de talent.

Une belle leçon de vie et un vaste sujet sur lequel réfléchir.

Le graphisme de cette Bd est des plus originale. Les tons de cette bd sont le doré et le noir, ce qui confère une atmosphère atypique. Les personnages ont chacun un coup de crayon bien à eux. de l'aliéniste longiligne, à sa femme plus en rondeur, la patte du dessinateur est ancré à ses bulles.

L'histoire nous plonge dans la folie, mais a trop la chercher, on ne sait plus bien qui est le plus fou de tous ! Cette histoire m'a fortement donné envie de lire le livre dont elle est issue et découvrir l'intégralité du texte. Car si les dessins sont agréables, j'ai en revanche eu plus de mal avec les bulles de dialogues. Allez savoir pourquoi !


Je recommande donc cette bd qui me semble une bonne entré en matière pour découvrir l'oeuvre complète.

Bonne lecture à tous.

Chef d'oeuvre de la littérature brésilienne, l'aliéniste est ici adapté sous forme de BD. L'histoire est intéréssante. On s'intéresse à un psychologue qui petit à petit, sous souhait et volonté de protéger la communauté et d'identifier les sources de la folie de ses patients, les enferment dans un asile pour mieux les étudier et comprendre leurs maladies. Or, petit à petit, c'est tout le monde qu'il souhaite y placer, professant ainsi que selon lui toute la société serait atteinte de folie ?!..... Beaucoup de réflexion dans ce roman, de questionnements sur la société civile et l'individu dans la société. Machado de Assis est l'équivalent d'un Flaubert ou d'un Victor Hugo au Brésil et ce n'est pas pour rien.
Malgré les qualités de l'histoire, je n'ai pas réussi à rentrer à 100% dans cette adaptation. Peut être à cause du dessin. Je reconnais sa puissance mais les planches m'ont paru brouillonnes et surchargés d'informations souvent... A dessein ?
Il n'empêche, l'oeuvre reste une excellente manière de découvrir ce roman essentiel de la littérature brésilienne.