Je ne suis pas comme Soham, moi ! Je n'ai pas besoin d'un but et tout ça, je me serais contenté d'une vie de désolation avec toi.
J'ai l'impression d'avoir passé toute ma vie d'homme à marcher. Tout ça pour mourir dans un an, un mois, demain... En n'ayant jamais rien transmis ni accompli de valable. Et il est maintenant trop tard pour rattraper cette erreur.
C'est quelque chose qui m'obsède : on survit assez bien, mais vivre, simplement vivre... Ça, je crois qu'on a arrêté.
Te voilà seul véritable maître de ton destin, et personne pour le voir !
Je demandais pas grand-chose. Un petit endroit tranquille, une véranda, deux fauteuils... On aurait pu construire quelque chose, tous les deux, à notre échelle, même pour une journée qui aurait eu le parfum de l'éternité.
Une destinée, Soham....
Nous t'offrons une destinée extraordinaire, au-delà de l'humain. Ce que tu as toujours désiré, assis devant ta télévision, attendant un signe...nous t'offrons la possibilité de sauver ta planète, nous t'offrons un but si grand que ton existence entière en devient justifiée.
Nous t'offrons la belle mort.
Celle que l'on choisit.
On survit assez bien, mais vivre, simplement vivre... ça, je crois qu'on a arrêté.
- Je n'aurai de cesse de le combattre, pour enfin échouer...
- Non attends, ne prends pas cette conserve, elle est périmée. [...]
- Je te trouve vraiment ridicule : "Et il faut faire attention à tout, et gnagnagna"... Les dates, on s'en fout... Tu nous emmerdes, avec ça !
"(...) A-t-on le devoir de survivre, pour tous ceux qui sont morts ?"
(...)
Mathieu BABLET, La belle mort, 2011, Ankama éditions (p. 73).