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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'amour maternel : un instinct universel qui ne connaît que quelques ratés de quelques ratés de temps en temps. Badinter défend plutôt l'idée d'une construction sociale, récente de surcroît. Dans cette essai, elle passe en revue les rôles attribués aux hommes et aux femmes, la place de l'enfant, durant quatre siècles.

Au XVIIème siècle, on trouve bien peu d'amour entre les parents et leurs enfants : envoyés chez une nourrice dès les premiers jours ou même les premières heures de leur vie, ils ne reviennent que plusieurs années plus tard dans la maison familiale, auprès de parfaits inconnus. le séjour est bref, puisque l'étape suivante est l'entrée au couvent ou en pension jusqu'au mariage. le phénomène ne concerne pas que les plus riches, la mise en nourrice concernait toutes les classes sociales (quitte à mettre son propre enfant en nourrice pour aller s'occuper des enfants des autres).

Le changement s'opère lentement, pour plusieurs raisons : la première est une prise de conscience de la part des économistes du potentiel humain gâché : combien de bras, combien de soldats un pays perd-il chaque année à cause des mauvais soins apportés aux enfants ? Il est temps d'arrêter ce gaspillage ! Moins cynique, un autre moteur provient du courant philosophique de retour à la Nature et à la valorisation des instincts du « bon sauvage » par rapport à la civilisation corrompue : les animaux et les sauvages gardant leurs enfants près d'eux, les femmes européennes sont invitées à faire de même.

Il faut toutefois constater que les femmes ne sont pas retournées à leur « nature profonde » de très bon gré, et qu'il a fallu quantité d'exhortations pour qu'elles entendent raison, voire même de menaces (l'égoïste qui refuse d'allaiter ne risque pas moins que la mort, diront les médecins de l'époque).

Au final, si un instinct maternel existe, il semble incapable de lutter contre les normes sociales du moment : quand l'enfant est peu considéré, et l'affection qu'on leur porte réputé dangereux pour leur éducation, les parents les abandonne à d'autres personnes sans beaucoup d'état d'âme. L'amour maternel se construit finalement comme les autres, jour après jour, au fil des contacts.

L'essai est copieusement fourni en faits, témoignages d'époque, et chiffres. Certaines parties me semblent déséquilibrées : on parle beaucoup du phénomène des nourrices par exemple, en passant un peu rapidement sur d'autres sujets qui me semblaient intéressants à traiter (considération de l'enfant, rôle du père, …). Une pointe d'agacement se fait de temps en temps sentir quand l'auteure émet des opinions personnelles qui n'ont pas beaucoup de liens avec le sujet traité (si la position de l'Église catholique à une époque donnée est intéressante à connaître, savoir si elle était ou non conforme à la parole de l'Évangile me semble sans intérêt). Enfin, on peut regretter que la contraception n'est jamais abordée dans cet essai, alors qu'elle change à mon avis considérablement la donne sur la question. Même si sa légalisation ne datait que de quinze ans au moment de la publication du livre, l'auteure a pourtant cité des phénomènes encore plus récents.
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L'amour en plus était présenté comme le livre de la controverse, le livre qui avait fait trembler bon nombre de personne comme le Docteur Edwige Antier sur l'amour maternel.
ce livre est au final une très belle étude argumentée avec un historique très fouillé sur la famille à travers l'histoire. Mais oui, on est plus sur l'histoire des familles, mère, père, enfant. L'amour maternel n'est à mon sens pas le sujet principal du livre mais il y contribue. J'avoue que je ne vois pas où il y a polémique et c'est ce qui m'a un peu déçu. J'ai déjà lu pas mal de livre d'Elisabeth Badinter et je m'attendais plus à des écrits dans le style de son livre le conflit, un peu plus cash et vindicatif. Je reste un peu sur ma faim mais il s'agit là néanmoins d'une très belle thèse qui mérite d'être reconnue.
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Avant tout jugement, il faut replacer ce livre dans l’époque de sa publication (1980): une bonne partie de la société française portait encore une idéologie iconoclaste héritée du mouvement de ’68. Beaucoup d’intellectuels avaient envie de théoriser à l’encontre les points de vue traditionnels, trop considérés autrefois comme "évidents". La philosophe E. Badinter était donc dans l’air du temps quand elle mettait en cause un des piliers de la famille et par conséquent de la société. Dans son ouvrage, elle nous livre une étude détaillée de la relation mère-enfant au cours des quatre derniers siècles. Elle insiste sur une coutume qui s’est prolongée longuement: l’envoi des bébés chez des nourrices qui les gardaient durablement; ensuite il y avait souvent la mise en pension ou l’entrée au couvent. Ce traitement des très jeunes enfants - et d’autres pratiques que l’auteure analyse aussi dans son livre - sont pour elle significatifs: l’amour maternel n’est pas "naturel", il n’est pas inné; au contraire, c’est une invention qui s’est progressivement imposée, pour que chaque sexe ait son rôle bien déterminé, dans un but de cohésion sociale.
Le travail d’E. Badinter est sérieux. Mais on a le droit d’estimer qu’elle va trop loin. Je ne me lancerai pas dans une critique détaillée de cette thèse. Pour moi, le vrai problème des relations parents-enfants, autrefois, c’est que personne ne s’intéressait aux jeunes enfants en tant que tels. Pour les parents, c’étaient en quelque sorte des "homoncules", des adultes en miniature non dégrossis qu’il fallait au plus vite éduquer (à la dure, en général), pour les placer sans tarder sur une trajectoire sociale convenable. L’idée qu’un enfant a son propre point de vue, ses propres intérêts, ses richesses intérieures propres, est assez récente. Elle a été mise en avant notamment par J.-J. Rousseau, donc assez tardivement. Ses idées (par exemple sur l’éducation) étaient révolutionnaires et n’ont porté ses fruits que plus tard encore. Ensuite sont venus d’autres philosophes, des psychologues, des éducateurs, qui ont enfoncé le clou. Dès lors que l’enfant a été considéré en tant que tel, l’amour maternel - s’il existe spontanément dans le cœur de la mère (et je crois qu’il en est ainsi) - s’exprime et apporte une touche essentielle à l’évolution affective des enfants.
J'ajouterai une opinion strictement personnelle. Il est "amusant" de constater que, dans la France du XXIème siècle, on est plutôt dans une tendance inverse à celle que décrivait l’auteure. Maintenant, la plupart des jeunes parents manquent terriblement de recul par rapport à leurs rejetons et l’amour maternel (mal compris) porte des fruits parfois vénéneux. Sous prétexte de ne pas brimer leur liberté, on laisse trop souvent la bride sur le cou à des "enfants-rois" qui, arrivés à l’adolescence et surtout à l’âge adulte, se retrouvent très mal adaptés aux réalités actuelles de la vie sociale. A ce sujet, il ne faudrait pas oublier que « éduquer » veut dire étymologiquement « mener quelque part ». Or, j’ai la fâcheuse impression que beaucoup d’enfants sont présentement "menés" nulle part.
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Très controversé à sa sortie en 1981, l'ouvrage d'Elisabeth Badinter part du postulat que l'instinct maternel (déjà mis à mal à l'époque par les biologistes) n'existe pas et qu'il ne s'agit que d'une construction morale créée au 18e siècle par des hommes - notamment Rousseau - et dans laquelle une certaine catégorie de femmes s'est engouffrée dans le but de trouver un sens à leur vie. L'auteur montre que, sous couvert du bien de l'enfant et de la famille, les femmes qui ont obéi aux injonctions de nourrissage et d'éducation du petit enfant ont plus ou moins satisfait leur égoïsme. Quant aux "mauvaises mères", bien plus nombreuses que les ouvrages moralistes puis psychanalytiques ont pu laisser paraître, ce ne sont, d'après E. Badinter, que des femmes qui ont refusé cette hypocrisie sociale.
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Analyse très documenté sur "l'amour maternel" , démonstration que cet amour n'est pas si instinctif que cela.
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Un bon livre mais qui date un peu, car quand j'ai eu mes enfants il y a quelques années j'ai été préparé justement à ne pas être rempli d'un amour incommensurable à la minute où ils sont sortis tout sales... L'auteure nous emmène très loin dans l'histoire française du XVII ème siècle pour nous hurler que l'amour maternelle n'est pas un instinct propre à toutes les femmes, ce dont j'étais déjà convaincue. On passe vraiment trop de temps, je trouve à parler des nourrices mercenaires qui s'occupaient des enfants dans leur petite enfance car personne et surtout pas leur parents n'en voulaient. Ensuite après la révolution, la mère est citée en exemple parfait et en modèle si elle s'occupe de ses enfants et de leur éducation. Ce changement s'est effectué avant tout car l'Etat évalué la vie humaine et trouvé que perdre presque la moitié des enfants, ou les rendre estropiés et malades n'était pas un judicieux calcul financier. Les femmes ont acceptés ou ont été forcé car on faisait pression sur elles en leur offrant une place de choix dans la société car tout était entre leurs mains, ainsi donc l'autorité du père disparait totalement pour ne revenir que lorsque les femmes exerceront un emploi similaire à ceux des hommes.
Personnellement j'aurais préféré moins d'histoire et plus de faits internationaux et plus récents car là on se situe avant tout en France historiquement parlant. de plus notre pays a beaucoup changé en quelques années et même si on parle de religion dans l'ouvrage, c'est avant tout la religion chrétienne, un parallèle avec les autres est donc indispensable ainsi qu'on n'en parlera jamais assez les effets de la crise qui bouleverse également la famille moyenne, on peut se demander si ce n'est pas toujours changeant car il y a beaucoup de retour en arrière non digéré encore. Dommage.
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Un essai pour rompre avec l'image selon laquelle les femmes auraient forcément un instinct maternel qui les pousserait à désirer avoir des enfants, à s'en occuper, à les aimer plus que tout. Un livre pour montrer que la réalité, cela peut être un peu plus compliqué...
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