L'histoire décrit la relation qui se crée entre deux femmes qu'en principe tout oppose. D'une part il y a Molly, la jeune rebelle de 17 ans qui s'est vue ballottée de foyers en familles d'accueil depuis que son père, membre d'une tribu indienne, est décédé. D'autre part il y a Vivian, 91ans, veuve sans enfant qui vit seule dans une immense maison avec ses souvenirs.
Suite au vol de « Jane Eyre », recèle pour lequel elle aurait du « recevoir une médaille ! », Molly doit faire 50 heures de travaux d'intérêt général, et c'est ainsi qu'elle atterrit chez Vivian pour l'aider à trier et ranger les caisses qui inondent son grenier depuis de nombreuses années. Si à la base Molly n'est pas franchement enchantée à l'idée de passer ses week-ends entre poussière et vieux souvenirs, rapidement elle comprend qu'elle et la vieille dame ont plus en commun qu'elle ne peut l'imaginer.
Dès leur première rencontre, Vivian revient sur son passé, son enfance difficile en Irlande avec sa Granny, mais aussi le voyage en bateau qui les amèneront elle et sa famille dans les rues hostiles de New-York, jusqu'à l'incendie qui décimera sa famille, la laissant livrée à elle-même. Depuis ce drame, Vivian est confiée à une association dont le but est de replacer les orphelins dans des familles d'accueil aux quatre coins des USA.
Le roman retrace non seulement le parcours de Molly, son retour à ses racines oubliées et son évolution au contact de Vivian, mais aussi l'histoire de celle-ci ; les heures en train, la peur de ne pas être choisie, et la dur réalité des familles rurales du début du 20ème siècle. A travers les yeux de la vieille dame, on passe en revue le quotidien des enfants dans les villes rurales, l'école, l'impact du crash boursier de 1929 et les craintes inhérentes à la seconde guerre mondiale.
Si l'évolution de la relation entre les deux personnages principaux est prévisible, l'histoire reste réaliste et on a envie de connaitre la fin. Molly est peut-être moins attachante que Vivian, qu'on suit plus longtemps et plus profondément, mais son évolution au contact de cette amie d'un autre âge reste ma foi fort sympathique. On sent que l'auteur s'est énormément documentée sur le sujet, qu'elle maitrise et transmet de façon très juste. Je déplore cependant le fait que l'histoire de Vivian s'arrête brusquement dans sa vingtaine, mais comme elle le dit justement ce sont ces année-là qui l'ont forgée, et je pense que le roman aurait perdu de sa saveur si on avait suivi le quotidien de Vivian à travers le siècle.
Le train des orphelins est le premier roman traduit en français de Baker Kline et est une bonne introduction à ce mouvement qui durant plus de 70 ans déplaça et logea plusieurs centaines de milliers d'orphelins à travers le pays.