![]() |
Un enchantement absolu que ce roman...Une vraie tristesse de quitter la farouche Christina, jeune femme invalide, déterminée, indépendante, fière...son gentil frère Al, taiseux... aussi fier et digne, cette nature du Maine,l'artiste peintre, Andrew Wyeth... qui va devenir l'ami de Christina...celle-ci sera une sorte de double, elle sera sa muse, l'inspirera... Il l'immortalisera par ce mystérieux tableau, "Le Monde de Christina"qui fascine tant...provoque un grand nombre de questionnements, de rêveries... de mélancolie,une sensation de grand mystère, etc. Eh bien , nous ne pouvons qu'applaudir le grand talent de Christina Baker Kline, qui va , à partir d'un unique tableau, capturer complètement notre attention, nous faire voyager de façon captivante dans une famille de fermiers du Maine, la rencontre insolite entre une femme invalide, recluse et un artiste peintre, tous deux , des "sauvageons"....qui vont se reconnaître dans leurs doutes, une enfance solitaire, et une sensibilité d'écorchés vifs... J'ai déniché ce roman par un très heureux concours de "hasards"...J'ai été marquée il y a longtemps par ce tableau connu "Le monde de Christina"...et par un autre concours de circonstance présent, je viens de lire et de découvrir un hommage d'un auteur que j'apprécie, parlant excellemment de l'oeuvre et de l'univers de ce peintre [ cf, Patrick Cloux, "Peindre c'est voir" ...]... autre ricochet: en continuant mes recherches, je suis "tombée" sur ce roman, que je me suis empressée de commander !... Je joins un extrait très explicite , du 4e de couverture "(...)Christina Baker Kline recrée l'histoire de l'une des muses les plus célèbres, et les plus mystérieuses, de la peinture américaine du XX e siècle. Un roman fascinant et plein de tendresse sur l'amitié, le regard de l'autre et la force de l'art.Du monde, Christina Olson n'a rien vu. Paralysée depuis l'enfance, elle vit recluse dans la ferme familiale, perchée sur une falaise du Maine. " Elle tente de s'accommoder de cet isolement dans la ferme familiale, dans le Maine, , où elle s'occupe de ses frères, de la maison, des repas, de la couture des vêtements... et ce qui la réconforte surtout : cultiver son jardin, comme le faisait la poétesse, Emily Dickinson et lire ses poèmes...jusqu'au jour où un couple, Betsy et son fiancé, le jeune peintre, Andrew Wyeth va réchauffer le quotidien de cette jeune femme infirme , trop seule... Une amitié naît entre eux trois, et elle apprend à connaître Andrew Wyeth, qui lui parle de son enfance aussi recluse que la sienne, où son père, célèbre illustrateur, lui faisait l'école à la maison, et lui apprenait les bases de son métier d'artiste-peintre... Ce jeune garçon comme Christina, se sentait si différent des autres... Nous découvrons le peintre , Andrew Wyeth, à travers la vie de son modèle...alternance des paroles entre l'artiste et Christina ! L'art, l'Amitié, La complicité entre deux êtres qui se sentent à part ! Des remarques, observations passionnantes sur l'art , et le talent particulier d'Andrew Wyeth ....Un roman foisonnant d'émotions et de couleurs ! "L'oeil d'Andy est attiré par le moindre ustensile et outil ébréché, fendu ou terni, des objets que nous utilisions quotidiennement autrefois et qui, telles des reliques, existent pour témoigner d'un mode de vie aujourd'hui disparu. A travers lui, je pose un regard neuf sur des choses familières." (p. 65) Un gigantesque coup de coeur pour ce roman plein de tendresse et de réflexions sur la solitude si intense de certaines existences malmenées, mais aussi sur l'essentiel vital du regard de l'autre... comme du regard de l'artiste sur le monde et sur son prochain...!! il est très émouvant d'apprendre dans les notes et remerciements suivant le roman, d'apprendre que ce tableau "Le monde de Christina" a été offert à l'auteure, aussi prénommée "Christina" par son père, alors qu'elle n'avait que 8 ans... Très bouleversant de constater comment un livre ou une oeuvre d'art peut vous accompagner toute une vie, être "comme une seconde peau" , "un ami de l'ombre" !!! L'histoire d'un tableau qui nous amène aux confins de plusieurs mondes: ceux de la Nature, de l'Art et de l'Amitié !! "Le monde de Christina. En vérité, ce lieu- cette maison, ce champ, ce ciel-n'est peut-être qu'un petit morceau du monde. Mais Betsy a raison : c'est le monde entier pour moi. (...) Je songe à toutes les manières dont j'ai été perçue par d'autres au fil des ans; comme un fardeau, une fille obéissante et dévouée, une petite amie, une pauvre femme méchante, une invalide... Ceci est ma lettre au Monde qui jamais ne M'a écrit. Je dis à Andy : -Tu as montré ce que personne d'autre ne pouvait voir (...) La voici, cette fille sur une planète d'herbe. Ses envies sont simples : incliner son visage vers le soleil et en sentir la chaleur. Etreindre la terre sous ses doigts. Echapper et retourner à la maison dans laquelle elle est née. Contempler sa vie de loin, aussi précise qu'une photographie, aussi mystérieuse qu'un conte de fées. C'est une fille qui a vécu des rêves brisés et des promesses rompues. Qui vit toujours. Qui vivra toujours sur cette colline, au centre d'un monde qui se déploie entièrement jusqu'au bords de la toile. (...) Son monde est à la fois limité et infini." (p. 310) Une impatience à lire son premier roman traduit, "Le Train des orphelins" !...pour prolonger ma "connaissance de cette auteure qui m'a enthousiasmée...au delà de tous les mots que je pourrais écrire dans cette chronique !!! + Lire la suite |