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Citations sur Le maître des limbes (16)

Après un long sommeil, il faut toujours un peu de temps, quelques minutes, avant de revenir à la réalité. On flotte dans cet entre-deux, pas certain que le monde dans lequel on s'éveille soit le vrai, pas assuré non plus que celui que l'on vient de quitter n'était qu'une chimère. Parfois, on rêverait de replonger, d'y retourner pour toucher du bout du doigt encore, encore un peu, ce fantasme hypnotisant.
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Avec Amy, on erre d'une salle à l'autre. Tout ici nous ramène au décès de [ ..]. Sa place vide à la cantine, les comics qu'il a laissés entrouverts sur l'accoudoir d'un canapé dans la salle de repos. Tout ici, en réalité, dénote son absence. C'est horrible de réaliser à quel point tout, quand une vie est prise, tout de cette personne reste en suspens, comme une phrase qu'on ne terminerait jamais.
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L'homme n'a jamais été aussi connecté au monde et pourtant aussi impuissant, aussi isolé, aussi anesthésié. La religion a laissé la place à la politique, la politique, aux grands groupes industriels, l'industrie à la haute finance. Il y aura toujours quelqu'un, quelque chose pour tenter d'avoir la mainmise. Le pouvoir évolue, change de visage, mais reste toujours aussi cruel et vorace
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L'homme est vorace, il ne semble jamais pouvoir se rassasier de violence, de haine. Sa rage est sans fin, son appétit de domination inextinguible. C'est comme une tumeur, comme une maladie, qui ne cesse de revenir, de se répandre.
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C'est horrible de réaliser à quel point tout, quand une vie est prise, tout de cette personne reste en suspens, comme une phrase qu'on ne terminerait jamais.
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— Eh bien, en ce moment, je fais des cauchemars, toutes les nuits, c’est de pire en pire. Je sais que ce ne sont que des rêves, tout ça, mais ça me travaille vraiment… putain, j’ai peur, Gabriel.

— Je ne peux pas t’aider, Lucas, je suis désolé. Je n’y connais pas grand-chose.

— J’imagine, mais peut-être pourrais-tu me donner des médicaments que tu utilises pour ne pas dormir ? Tu as bien quelque chose, un traitement, non ?

— Non, je ne prends rien de particulier…

— Merde, j’ai vraiment besoin d’aide, Gabe. Je vais craquer, là. Je ne pense qu’à ça. J’ai tellement peur de fermer les yeux. Chaque nuit, je fais tout pour résister. Il faut que je trouve un moyen.

— Je ne peux pas t’aider, je suis désolé. Je vais réfléchir… je te dirai si je pense à quelque chose.
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Je traverse la Nef, appose mes mains sur la Stèle. Je repense au visage de Gabriel, aux particularités de ses traits. Au départ, il ne se passe rien. J’ai du mal à me concentrer sur lui. C’est étrange, normalement, le contact se fait si rapidement… J’en ai tellement l’habitude… C’est comme si, chaque fois que je me fixais sur son visage, il m’échappait. Enfin, après un gros effort de concentration, je me sens propulsé en avant. J’ai trouvé l’accès. À nous deux, gamin…
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Je suis le marchand de sable.

Je suis le Roi des songes.

Je suis le Maître des Limbes.

Puisque je n'ai pu sauver le monde d'hier, je bâtirai celui de demain.
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— ça me semble fou, Gabriel. Complètement fou...

— Parce que ce que nous vivons ici n'est pas fou ? Les Limbes, la Nef, la possibilité de contrôler les rêves des autres... Ici, rien ne semble impossible. Il y a encore à découvrir, j'en suis certain. Je le sens.

Je remarque que la matière noire commence à se répandre sur nos jambes, à remonter le long de nos pantalons.

— Il vaudrait mieux que tu partes, maintenant. Ce rêve est souillé. Je crois que j'ai envie de rester un peu seul...
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Mais depuis le départ, toute cette histoire flirtait tant avec la folie que je n'étais plus à ça prêt. Pourtant Clyde ne m'avait pas menti, je n'ai quasiment rien senti. C'était justement cela le plus troublant peut-être... Il s'est approché de moi, j'ai eu l'impression qu'il se fondait en moi, puis plus rien. Je me suis réveillée dans mon lit. Il était 20 heures. Deux heures s'étaient écoulées. Et il ne m'en restait absolument aucun souvenir...
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