[...] — Et toi, t’as du style, Archer. Ne laisse personne te dire que tu n’en as pas.
[...] Si jamais il retombait sur Tony ou Hank, il avait prévu de tirer d’abord et de ne poser aucune question ensuite.
[...] — Ne jouez pas à ce petit jeu avec moi, Mabel. J’essaie de mettre la main sur un tueur.
— Vous pensez vraiment que je sais tout ce qui se passe ici ?
— Je pense surtout que vous en savez bien plus que ce que vous voulez faire croire. » Elle laissa échapper un soupir si long qu’Archer crut que c’était son dernier souffle. Elle s’alluma une Camel et enveloppa Dash d’un nuage de fumée.
[...] — On nous a bernés, Archer. Tout le monde s’est fait mener par le bout du nez dans cette histoire.
— Il faut m’expliquer, là.
[...] Et pour certains habitants de cette ville, je ne vois que des moments compliqués à l’horizon.
[...] - Et je ne t’ai pas donné ce foutu permis d’enquêteur privé pour te voir finir dans l’océan, là où tu n’as pas pied. »
[...] Avec des chaussures en ciment sur mesure autour des pieds, en coulant jusqu’au fond, il aurait tout le temps de réfléchir à la nouvelle vie de plancton qui l’attendait.
[...] — Sawyer Avenue coupe la ville pile en deux. Du côté de la montagne, ce sont les quartiers populaires, les familles d’ouvriers. Enfin, pour la plupart. Et près de l’océan, ce sont les quartiers riches, sauf le quartier de Sawyer’s Wharf, du côté des quais, évidemment. Et Idaho Avenue se trouve juste là, ajouta-t-elle en écrasant une nouvelle fois la carte du doigt.
— Alors comme ça, les riches veulent une vue sur la mer, hein ?
— Les riches peuvent se payer ce qu’ils veulent, de ce que j’en dis ! répliqua-t-elle hardiment.
— Et un peu plus haut dans la montagne, alors ? On n’est pas au bord de l’océan, là-bas.
— Alors c’est là où vivent les très riches.
[...] Il se dirigea vers l’océan et traversa Sawyer Avenue. Il comprit tout de suite ce que la fille à la fontaine à soda avait voulu lui faire comprendre. Même les chiens avaient l’air en meilleure santé de ce côté-ci de la ville, tout comme les fleurs, les arbres, les buissons. Aucun papier, aucun détritus à signaler sur les trottoirs. Les gens étaient mieux habillés. Le coût des voitures qui circulaient dans cette partie de la ville augmenta sensiblement.
[...] On voit que les gens ici ne sont pas n’importe qui. Ils ont la classe. Ces hommes sont certainement allés à la fac pour leurs études, et ces femmes y sont allées pour se trouver un mari.
[...] — Si sa femme croit qu’il a une liaison, comment faire cesser ce chantage ? On n’a plus vraiment de levier. Et comme l’a dit son épouse, Kemper a de grandes chances d’être élu, que l’adultère soit avéré ou non.
— Les élections ne sont pas le sujet, Archer. Quelqu’un est en train de commettre un crime, et il doit être puni pour ça.
[...] Un cabriolet deux places Delahaye Type 165 de 1939 signé Figoni et Falaschi.
— On… On dirait qu’elle flotte », s’extasia la jeune femme.
[...] « Ça ressemble… plus à un mirage qu’à une voiture, suggéra Archer calmement.
— C’est pas un mirage, mon vieux, dit Lester. Elle est bien réelle. Ce beau bébé pèse mille quatre cent cinquante kilos et embarque un moteur douze cylindres tout en aluminium de quatre litres cinq.
[...] Archer n’avait pas encore trente ans. Après avoir servi au front pendant la Seconde Guerre mondiale, il avait passé du temps en prison pour un crime dont il était en grande partie innocent, bien qu’une telle nuance eût échappé aux autorités qui l’avaient collé derrière les barreaux.
[...] Archer espérait trouver une opportunité dans une ville au bord de l’eau, en Californie, où il n’avait qu’une hâte : commencer une nouvelle phase de sa vie sous la tutelle d’un détective privé.
[...] Et s’il se plantait ? Et si la Californie et son rêve de devenir détective privé ne donnaient rien ? Que deviendrait-il ?