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sur 25 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici un roman qui dépayse. Géographiquement d'abord, avec l'Uruguay, son minuscule village de pêcheurs et son phare, dissimulés derrière les dunes .
"D'ailleurs, parler de village pour dire ce qu'était Cabo Polonio à l'époque relevait de la plus pure prétention. Un bout de terre marécageuse coincée entre de hautes dunes mouvantes et les flots, malmené par les vents et les courants de l'Atlantique."
Dépaysement avec ses personnages tout d'une pièce qui avancent sûrement, sans dévier. Qui font rêver. Teresa à la forte personnalité "entrevit une existence aventureuse s'ouvrir à elle aux côtés d'un homme qui lui plaisait terriblement".
Un regard, l'amour comme une évidence. C'est beau.
"Elle fut séduite.
C'est comme dans les contes, un regard allumé de paillettes se fiche droit dans nos yeux, une voix chaude ravit nos oreilles et notre petit coeur flanche."
Dépaysement avec l'horrible chasse, le massacre des loups de mer, autrement dits otaries à fourrure australe.

La première partie est la plus intense, la plus merveilleuse. Les deux autres parties relatent le retour de Teresa dans la capitale, chez ses parents, retrouvant ainsi le rôle qui lui était dévolu.
J'ai eu plaisir à lire l'ensemble, en quelques heures, je peux dire que c'est une lecture qui fait du bien.
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C'est grâce aux 68 premières Fois que je découvre ce premier roman de Catherine Baldisseri…, une histoire sud-américaine dans l'Uruguay des années 1970, un portrait de femme sur fond de nature hostile et de guérilla lors de la révolte des Tupamaros et du mouvement de libération nationale qui a marqué le pays.

Cabo, c'est d'abord un lieu, Cabo Polonio, un tout petit village côtier, perdu au milieu des dunes… Aujourd'hui, c'est un endroit touristique, une station balnéaire au milieu d'un parc naturel. À l'époque où se situe le roman, il y a surtout un phare, un gardien de phare, sa jeune épouse et leur petit garçon. C'est un peu « le bout du monde », tant c'est isolé, loin de toute civilisation, à quelques trois cents kilomètres de la capitale.
Teresa est issue d'une famille d'immigrés italiens qui s'est enrichie sur trois générations en exploitant des brasseries à la mode à Montevideo ; jeune fille insatisfaite et éprise d'aventure, elle a coupé court à un avenir tout tracé dans les affaires familiales et suivi l'homme mystérieux dont elle est tombée amoureuse jusque dans ce hameau isolé où on pratique la chasse intensive aux loups de mers.
À Cabo Polonio, entre un mari peu présent, totalement investi de père en fils dans la mission d'éviter les naufrages, et l'isolement, Teresa trouve une occupation et donne un sens à sa vie en prenant en charge l'instruction des enfants et leur fait la classe dans la cuisine du phare ; elle devient ainsi une passeuse de savoir. Quand Machado, un étrange adolescent analphabète, chasseur de loups, avide d'apprendre entre deux saisons de chasse (du printemps à l'automne), arrive dans sa classe, elle s'intéresse particulièrement à lui et l'encourage doublement à progresser. Malgré les grands bouleversements de la vie, une promesse va lier Teresa à Machado aux delà des épreuves et des séparations.
La question du lieu reste centrale dans le roman, même quand le récit intercale les chapitres entre Montevideo où revient Teresa et Cabo Polonio où reste d'abord Machado : le jeune homme n'oublie pas celle qui lui a ouvert les possibles de l'instruction et Teresa espère que Machado fera ce qu'elle lui a demandé lors de leurs adieux.Le contraste entre les mondanités de la capitale et le village perdu donne force à l'intrigue ; les tribulations des Tupamaros que Machado a rejoints accentuent les différences entre les villes et les zones rurales du pays. Par son engagement, la jeune femme avait su donner vie au phare ; devenue pour toujours la voix de Cabo, elle se fait allégorie de la culture, de la conscience populaire de ce lieu reculé alors qu'à Montevideo, elle dirige une brasserie ou afflue une clientèle raffinée et cosmopolite.
Les personnages sont travaillés, mais forcément stylisés, vu la brièveté du roman : ils dégagent donc une vision d'excès, révèlent des tempéraments entiers, sans concession, sans atténuations, sans nuances. Leurs comportements, leurs réactions et leurs attitudes vont de pair avec la violence et la dureté des éléments naturels : l'océan et ses tempêtes, le vent mordant, les nappes de brouillard… Au fur et à mesure que l'on avance dans le roman, c'est la violence de la répression policière qui prend le relais de la nature hostile. La cour assidue de Stephen auprès de Teresa paraît bien frivole et toute en représentation face à ces dures réalités. Les oppositions sont tranchées ; les deux mondes sont aux antipodes l'un de l'autre, seulement réunis par les évènements historiques.

La Voix de Cabo est ma cinquième lecture pour les 68 premières Fois et je croyais bien tenir là mon premier coup de coeur… Je suis un peu déçue cependant, je reste sur ma faim…
Ce n'est pas la première fois que je m'étonne, voire déplore le format court des romans de cette rentrée littéraire. Ici, la trame esquissée supporterait bien des développements : l'histoire de Dario et Chela, les parents de Teresa ou encore l'inconscience de son frère Domingo, amateur de luxe et de vie facile, auraient gagné à être plus détaillées ; de même la lignée des gardiens du phare aurait mérité une plus longue évocation… Naturellement, Machado, surnommé « le colosse de Cabo », personnage brossé à trop grands traits, nécessitait selon moi plus de profondeur entre son passé misérable, sa grande intelligence, sa prise de conscience politique et son indéfectible lien avec Teresa. Prise dans ma lecture, j'avais besoin d'en savoir plus aussi sur les hommes qui l'ont suivi « dans sa marche sur les pas d'Artigas », le leader révolutionnaire ou encore sur ceux qui l'ont aidé… Que dire enfin de la révolte des Tupamaros, trop rapidement traitée ?
À côté de ce manque, je salue les descriptions des scènes de chasse aux loups de mers, très réalistes dans leur crudité et leur violence, dont la signification profonde peut prendre sens si on les compare aux scènes de tortures et de massacres des révoltés politiques. Bien sûr, j'ai aussi apprécié la symbolique du phare qui porte le flambeau de la connaissance, de la lutte pour la survie, du lieu de ralliement, de la solidarité, d'une forme de rayonnement…
Sensible à l'intertextualité, j'ai retrouvé avec bonheur le rôle joué par Jonathan Livingston le goéland de Richard Bach dans l'apprentissage de Machado : la lecture laborieuse de ce livre culte illustre à merveille une quête d'absolu, une recherche de soi-même à travers une transgression sans que l'auteur aie besoin de beaucoup la détailler, le goéland portant en lui tout un univers métaphorique et allégorique déjà connu de la plupart des lecteurs (enfin, je l'espère car ils passeront alors à côté de passages significatifs, ce livre n'étant pas explicitement cité).

Je me suis sentie tout de suite embarquée par ce livre, par une écriture qui me rappelle l'univers des romans d'Isabel Allende ou de Luis Sepúlveda ou encore l'influence de Gabriel García Márquez (les amours de Teresa avec le beau télégraphiste me font penser à celles des parents de l'auteur colombien). La Voix de Cabo dépayse, fait voyager, met en lumière un pan d'histoire peu connu des lecteurs français, mais mon horizon d'attente s'est heurté à un format trop court, à une trame narrative pas assez développée... Dommage !
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Teresa sera la honte de sa famille : elle a quitté Montevideo (Uruguay) où on lui promettait un futur de confort avec un mari bien choisi pour les beaux yeux de Damaso, le gardien du phare de Cabo. A terre, les hommes chassent les loups de mer, ces cétacés dont on mange la chair et dont la peau, surtout celle des bébés, est très prisée. Javelot, balles, dynamite, tout est bon pour que la chasse soit bonne, et il suffit de serrerl'estomac et les lèvres pour ne pas vomir à la vue du carnage.

Dans la cuisine du phare, Teresa fait la classe aux enfants tandis que Damaso protège les bateaux du naufrage grâce àses messages en morse. Il en a sauvé des vies mais pas celle de son propre petit garçon, décédé une nuit de tempête sanssoins médicaux, le phare était inaccessible. Alors Teresa vomit sa rage et son désespoir et Damaso, d'un saut fatal dans l'océan, abandonne son phare pour toujours. 

La vie va reprendre ailleurs pour Teresa, à Montevideo, une autre vie. de son côté, Machado, l'un de ses grands élèves à qui elle a appris à lire et à écrire lutte pour sa vie, entre carnages de loups de mer et compagnons d'infortune. Et il intègre le groupe des révolutionnaires, les Tupamaros et sa vie devient lutte et danger, camaraderie et fuite devant les policiers qui les traquent.

La mer, la liberté, la responsabilité envers les autres, l'amour fort qui ne résiste pas au désespoir, la solitude, les sentiments purs et doux, rageurs et vénéneux : un arc-en-ciel d'émotions et de moments de vie dans une langue vive et belle qui restitue l'âpreté de la vie dans les conditions extrêmes. Un bon roman, plein de sensibilité et qui propose un total dépaysement.
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Sélection 68premièresfois 2017.2
Un premier roman d'une écriture plaisante et qui nous emmène en Uruguay et en particulier, au bout du monde dans un phare. Polyphonique, ce texte nous parle aussi de la situation sociale et politique de ce pays, dont on a rarement la chance de lire des textes, en tous cas pour moi. Nous allons suivre la vie de Teresa, qui quitte sa vie confortable, son père à une brasserie florissante, pour suivre Damaso qui vient d'avoir un poste de télégraphiste dans un phare. Une vie paisible va alors s'instaurer, elle va avoir un petit garçon et décide de faire l'école aux enfants des pêcheurs du coin. Elle va alors transformer et améliorer la vie de certains de ses enfants. Après un drame elle rentre chez son père et reprend la brasserie et va en faire un lieu à la mode. Machado, un des enfants et chasseur de loups de mers va alors prendre la route et croiser celle des Tupamaros, mouvement révolutionnaire. J'ai apprécié la lecture de ce texte qui mêle à la fois l'histoire de gens simples et la grande Histoire, en particulier, le combat des Tupamaros pour faire reconnaître leurs droits. Sans en avoir l'air, l'auteure nous parle d'espoir, d'inégalités, d'éducation et de belles pages de descriptions de la nature sauvage et terrifiante de l'Uruguay : des pages impressionnantes de la chasse des loups de mers ou de la forêt mais aussi des images réjouissantes des soirées mondaines dans la brasserie de Montevideo.
Merci encore à cette aventure des 68premièresfois qui me permet de passer d'agréables moment de lecture et de partage.
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Alors que tout destinait Teresa à reprendre la brasserie de son père à Montevideo, elle choisit de suivre l'homme qu'elle aime à Cabo Polonio, où il exerce le métier de télégraphiste. Elle y fera la classe aux enfants du village des pêcheurs. Et un matin, Machado, chasseur de loups de mer, analphabète, désireux s'instruire prend place dans la classe.
Tout va pour le mieux jusqu'à ce que survienne un événement tragique qui fait que Teresa repart à Montevideo. Elle reprendra en main la brasserie et finira par rencontrer un dramaturge américain qui tentera par divers moyens de la séduire. Mais un question reste en suspens chez Teresa : Machado, qui quant à lui a rejoint les tupamaros révolutionnaires mais qu'elle ne sait pas, tiendra t-il parole ?

Ce roman nous parle tout d'abord d'une forme de solidarité par le besoin d'être utile, de la volonté de fer d'une femme dans un environnement pas toujours favorable mais aussi de l'amour courtois avant l'amour. Il nous permet aussi de découvrir ce petit pays dont on ne parle pas beaucoup. Très belle découverte.
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Dans les années soixante dix, la voix de Cabo, c'est le cliquetis du télégraphe qui relie un phare, perdu au fin fond d'un territoire désolé d'Uruguay, au reste du monde. C'est par amour que Teresa, fille d'une famille aisée de Montevideo, a échoué dans ce no man's land où survivent quelques villageois misérables et de pauvres chasseurs de phoque.
Teresa est une femme de passions. Au-delà de son bonheur de femme, puis de mère, Teresa donne un sens à sa vie en se lançant dans l'alphabétisation des enfants du village. Avec détermination, Machado, adolescent timide mais audacieux chasseur, intègre la classe, mu par une farouche envie d'apprendre à lire.
C'est le moment que choisit le destin cruel pour frapper Teresa en plein coeur.
Teresa regagne la ville, et reprend la tête de la brasserie de son père, flottant avec peine entre passé et présent, tandis que Machado le colosse rallie un groupe de guerilleros, les Tupamaros, pour semer l'esprit de la révolution dans les plantations.
Cette histoire épique à travers les paysages d'Uruguay donne lieu à de très belles descriptions d'un univers et d'une époque d'une sauvagerie extrême. Les sentiments aussi sont exacerbés, tout est excessif, passionné. Entre fantastique et réalité, j'ai senti planer l'ombre de GG Marquez. C'est un roman original, picaresque.
J'ai eu plaisir à lire ce livre, mais j'ai trouvé parfois le récit confus, sans fil conducteur et je suis bien en peine d'exprimer un éventuel message de l'auteur.
NB Des approximations, comme les phoques classés dans les cétacés, ou la morphine donnée contre la fièvre.
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