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EAN : 9782369560579
176 pages
Editions Intervalles (22/08/2017)
2.92/5   25 notes
Résumé :
Uruguay, années 1970.

À vingt ans, Teresa Monti fuit Montevideo et la brasserie familiale pour l’amour de Damaso, un télégraphiste avec lequel elle emménage dans un phare du bout du monde.

Des années plus tard, dans l’étroite cuisine du phare de Cabo Polonio où Teresa fait la classe aux enfants des pêcheurs, Machado, un chasseur de loups de mer analphabète, fait son apparition. Sur les bateaux qui naviguent entre les îles, il a entendu ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
2,92

sur 25 notes
Tout destinait Teresa à succéder à son père à la tête de la brasserie familiale après un passage dans une école hôtelière coûteuse, mais c'était sans compter sur le caractère bien trempé de la jeune fille.
Angela aime la vie, les garçons, les baisers, les mains audacieuses glissées sous sa jupe et le plaisir ressenti.
Lorsque Damaso croise sa route, la jeune femme n'hésite pas et le suit sur un bout de terre balayée par des vents furieux et les courants de l'Atlantique.
Quelques cabanes de pêcheurs et une poignée d'hommes rompus aux intempéries.
Très rapidement Teresa prend ses marques et tandis que son mari, à la fois gardien du phare de Cabo et télégraphiste vaque à ses occupations, elle s'improvise maîtresse d'école bien décidée à éduquer les enfants de la communauté.

J'ai adoré ce court roman dans cette première partie. Les paysages sont parfaitement décrits. On sent presque le vent et les vagues de l'océan déchaîné se fracasser sur le phare les jours de tempêtes.
J'ai aimé le regard ébahi et émerveillé des écoliers devant leur maîtresse.
J'ai cru tenir « un coup de coeur ».
Seulement voilà, lorsque le roman avec la vie de Teresa change de cap, l'histoire perd de mon point de vue une partie de son intérêt.
En nous immergeant dans le monde des Tupamaros à la suite de Machado, ancien élève de Teresa, l'auteur ne fait que survoler la réalité et les motivations de ce mouvement révolutionnaire.
J'aurais aimé en savoir plus.

Un autre gros bémol à ma lecture, j'ai trouvé que la psychologie des personnages manquait de consistance.

Je resterai très attentive au prochain roman de Catherine Baldisseri tant je reste convaincue, qu'elle a un talent certain, des idées et une écriture particulièrement élégante. Il suffit qu'elle ose aller plus loin avec ses personnages, quitte à les malmener, car cette fois-ci j'ai eu l'impression qu'elle les bridait de peur d'aller trop loin.


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C'est grâce aux 68 premières Fois que je découvre ce premier roman de Catherine Baldisseri…, une histoire sud-américaine dans l'Uruguay des années 1970, un portrait de femme sur fond de nature hostile et de guérilla lors de la révolte des Tupamaros et du mouvement de libération nationale qui a marqué le pays.

Cabo, c'est d'abord un lieu, Cabo Polonio, un tout petit village côtier, perdu au milieu des dunes… Aujourd'hui, c'est un endroit touristique, une station balnéaire au milieu d'un parc naturel. À l'époque où se situe le roman, il y a surtout un phare, un gardien de phare, sa jeune épouse et leur petit garçon. C'est un peu « le bout du monde », tant c'est isolé, loin de toute civilisation, à quelques trois cents kilomètres de la capitale.
Teresa est issue d'une famille d'immigrés italiens qui s'est enrichie sur trois générations en exploitant des brasseries à la mode à Montevideo ; jeune fille insatisfaite et éprise d'aventure, elle a coupé court à un avenir tout tracé dans les affaires familiales et suivi l'homme mystérieux dont elle est tombée amoureuse jusque dans ce hameau isolé où on pratique la chasse intensive aux loups de mers.
À Cabo Polonio, entre un mari peu présent, totalement investi de père en fils dans la mission d'éviter les naufrages, et l'isolement, Teresa trouve une occupation et donne un sens à sa vie en prenant en charge l'instruction des enfants et leur fait la classe dans la cuisine du phare ; elle devient ainsi une passeuse de savoir. Quand Machado, un étrange adolescent analphabète, chasseur de loups, avide d'apprendre entre deux saisons de chasse (du printemps à l'automne), arrive dans sa classe, elle s'intéresse particulièrement à lui et l'encourage doublement à progresser. Malgré les grands bouleversements de la vie, une promesse va lier Teresa à Machado aux delà des épreuves et des séparations.
La question du lieu reste centrale dans le roman, même quand le récit intercale les chapitres entre Montevideo où revient Teresa et Cabo Polonio où reste d'abord Machado : le jeune homme n'oublie pas celle qui lui a ouvert les possibles de l'instruction et Teresa espère que Machado fera ce qu'elle lui a demandé lors de leurs adieux.Le contraste entre les mondanités de la capitale et le village perdu donne force à l'intrigue ; les tribulations des Tupamaros que Machado a rejoints accentuent les différences entre les villes et les zones rurales du pays. Par son engagement, la jeune femme avait su donner vie au phare ; devenue pour toujours la voix de Cabo, elle se fait allégorie de la culture, de la conscience populaire de ce lieu reculé alors qu'à Montevideo, elle dirige une brasserie ou afflue une clientèle raffinée et cosmopolite.
Les personnages sont travaillés, mais forcément stylisés, vu la brièveté du roman : ils dégagent donc une vision d'excès, révèlent des tempéraments entiers, sans concession, sans atténuations, sans nuances. Leurs comportements, leurs réactions et leurs attitudes vont de pair avec la violence et la dureté des éléments naturels : l'océan et ses tempêtes, le vent mordant, les nappes de brouillard… Au fur et à mesure que l'on avance dans le roman, c'est la violence de la répression policière qui prend le relais de la nature hostile. La cour assidue de Stephen auprès de Teresa paraît bien frivole et toute en représentation face à ces dures réalités. Les oppositions sont tranchées ; les deux mondes sont aux antipodes l'un de l'autre, seulement réunis par les évènements historiques.

La Voix de Cabo est ma cinquième lecture pour les 68 premières Fois et je croyais bien tenir là mon premier coup de coeur… Je suis un peu déçue cependant, je reste sur ma faim…
Ce n'est pas la première fois que je m'étonne, voire déplore le format court des romans de cette rentrée littéraire. Ici, la trame esquissée supporterait bien des développements : l'histoire de Dario et Chela, les parents de Teresa ou encore l'inconscience de son frère Domingo, amateur de luxe et de vie facile, auraient gagné à être plus détaillées ; de même la lignée des gardiens du phare aurait mérité une plus longue évocation… Naturellement, Machado, surnommé « le colosse de Cabo », personnage brossé à trop grands traits, nécessitait selon moi plus de profondeur entre son passé misérable, sa grande intelligence, sa prise de conscience politique et son indéfectible lien avec Teresa. Prise dans ma lecture, j'avais besoin d'en savoir plus aussi sur les hommes qui l'ont suivi « dans sa marche sur les pas d'Artigas », le leader révolutionnaire ou encore sur ceux qui l'ont aidé… Que dire enfin de la révolte des Tupamaros, trop rapidement traitée ?
À côté de ce manque, je salue les descriptions des scènes de chasse aux loups de mers, très réalistes dans leur crudité et leur violence, dont la signification profonde peut prendre sens si on les compare aux scènes de tortures et de massacres des révoltés politiques. Bien sûr, j'ai aussi apprécié la symbolique du phare qui porte le flambeau de la connaissance, de la lutte pour la survie, du lieu de ralliement, de la solidarité, d'une forme de rayonnement…
Sensible à l'intertextualité, j'ai retrouvé avec bonheur le rôle joué par Jonathan Livingston le goéland de Richard Bach dans l'apprentissage de Machado : la lecture laborieuse de ce livre culte illustre à merveille une quête d'absolu, une recherche de soi-même à travers une transgression sans que l'auteur aie besoin de beaucoup la détailler, le goéland portant en lui tout un univers métaphorique et allégorique déjà connu de la plupart des lecteurs (enfin, je l'espère car ils passeront alors à côté de passages significatifs, ce livre n'étant pas explicitement cité).

Je me suis sentie tout de suite embarquée par ce livre, par une écriture qui me rappelle l'univers des romans d'Isabel Allende ou de Luis Sepúlveda ou encore l'influence de Gabriel García Márquez (les amours de Teresa avec le beau télégraphiste me font penser à celles des parents de l'auteur colombien). La Voix de Cabo dépayse, fait voyager, met en lumière un pan d'histoire peu connu des lecteurs français, mais mon horizon d'attente s'est heurté à un format trop court, à une trame narrative pas assez développée... Dommage !
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Voici un roman qui dépayse. Géographiquement d'abord, avec l'Uruguay, son minuscule village de pêcheurs et son phare, dissimulés derrière les dunes .
"D'ailleurs, parler de village pour dire ce qu'était Cabo Polonio à l'époque relevait de la plus pure prétention. Un bout de terre marécageuse coincée entre de hautes dunes mouvantes et les flots, malmené par les vents et les courants de l'Atlantique."
Dépaysement avec ses personnages tout d'une pièce qui avancent sûrement, sans dévier. Qui font rêver. Teresa à la forte personnalité "entrevit une existence aventureuse s'ouvrir à elle aux côtés d'un homme qui lui plaisait terriblement".
Un regard, l'amour comme une évidence. C'est beau.
"Elle fut séduite.
C'est comme dans les contes, un regard allumé de paillettes se fiche droit dans nos yeux, une voix chaude ravit nos oreilles et notre petit coeur flanche."
Dépaysement avec l'horrible chasse, le massacre des loups de mer, autrement dits otaries à fourrure australe.

La première partie est la plus intense, la plus merveilleuse. Les deux autres parties relatent le retour de Teresa dans la capitale, chez ses parents, retrouvant ainsi le rôle qui lui était dévolu.
J'ai eu plaisir à lire l'ensemble, en quelques heures, je peux dire que c'est une lecture qui fait du bien.
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Teresa, au destin tout tracé par son père, quitte par amour la brasserie familiale de Montévidéo, pour s'installer dans le phare de
Cabo Polonio. Elle crée une école dans sa cuisine, lui accordant ainsi la joie et la reconnaissance de ses jeunes élèves, et notamment de Machado qui a choisi de s'instruire ente deux périodes de chasse aux loups de mer. Teresa perçoit en lui une capacité évidente de réflexion et d'envie d'apprendre.


Confronté à un drame qu'elle ne peut assumer en restant à Cabo Polonio, elle repart à Montevideo pour prendre en main l'établissement que son père avait toujours souhaité lui voir gérer. Elle fait promettre à Machado de venir étudier à Montevideo, lui assurant de financer ses études. Choix dont il s'éloignera complètement en décidant de rejoindre les Tupameros dans leur mouvement révolutionnaire.


Servi pas une belle écriture, j'ai perçu dans ce roman, l'atmosphère un peu particulière des livres de Gabriel Garcia Marquez et d'Isabelle Allende. On y retrouve d'ailleurs un peu l'âme de Clara qui communique avec les esprits dans "La maison aux esprits", dans le personnage de Teresa qui lutte contre ses fantômes.

Autant j'ai aimé la première partie qui nous projette au coeur des personnages et de l'état d'esprit des principaux acteurs de ce récit, autant j'ai eu l'impression de déboucher ensuite dans une histoire qui n'était pas la leur.
Je n'ai pas compris ce revirement brutal de Machado, qui m'a désintéressé du récit, tout comme l'arrivée du personnage de Stephen et sa relation un peu farfelue avec Teresa, le tout ayant cassé, pour moi, l'esprit de ce récit.

Je guetterais le prochain livre de Catherine Baldisserri, dont la qualité de l'écriture m'a enchantée.
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Le premier roman de Catherine Baldisseri "La voix de Cabo" prend vie dans les années 70 en Uruguay. La vie de Teresa semble toute tracée qui devrait prendre la suite de son père à la tête de la brasserie familiale à Montevideo après avoir suivi ses études dans une école hôtelière réputée. Oui, mais, c'est sans compter sur "Un homme grand, la trentaine, aux cheveux épais et noirs…Damaso Ferri de la Corte…" qu'elle suivra bientôt jusqu'à Cabo Polonio, pour vivre dans un phare battu par les vents et faire la classe aux enfants dans sa cuisine.

D'emblée, j'ai aimé cette histoire, formidablement narrée, j'ai aimé les mots subtilement choisis pour décrire la nature, nous faire sentir le vent, la pluie, la difficulté de la pêche aux loups de mer ou pour parler de Teresa "Sur le pont du voilier Teresa s'était allongée. La jupe qu'elle portait avait voleté, dévoilé le haut de ses cuisses. Ce fut une épiphanie."
J'ai aimé le décor, l'Uruguay, ce pays que je ne connais pas et dont on parle peu. J'ai aimé ce conte aux couleurs de l'Amérique du Sud, les personnages forts, rebelles et courageux. J'ai aimé Gustavo, cet ara offert à Teresa par Stephen – dramaturge américain amoureux d'elle – qui devient presque un personnage à part entière, pas Stephen, l'ara. Et puis, allez savoir pourquoi – il n'y a pourtant aucune ressemblance – ce volatile m'a rappelé Mademoiselle Superfétatoire, un autre oiseau des îles superbement mis en scène par Olivier Bourdeaut dans son sublime "En attendant Bojangles".

J'ai aimé ce roman malgré ses défauts : un manque d'approfondissement des personnages – il y avait tant à dire sur chacun d'entre eux – une exploration insuffisante de l'épopée de Tupamaros beaucoup trop survolée, un manque de finition – j'ai eu parfois l'impression qu'il s'agissait d'une ébauche, d'un écrit rapide destiné à être repris, amélioré, complété – un manque d'harmonie entre les différentes parties.

Il aurait suffi de peu pour me transporter complètement, juste quelques pages supplémentaires pour une fois.

www.memo-emoi.fr
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Plus tard, lorsqu’il descendit jusqu’à la chambre de son fils, il crut voir la femme mouette telle qu’il l’avait connue enfant. Éclairée par la flamme de la bougie, sa longue chemise de nuit rasant ses pieds nus, les cheveux en bataille et le regard vide, Teresa berçait un petit paquet sans vie. Paralysé par les ombres qui se mouvaient devant ses yeux, Damaso resta prostré sur le seuil. Quand Teresa se retourna et le vit à la place du docteur, elle se mit à vociférer des incantations. Puis elle s’affaissa sur le sol,sa main en un geste protecteur désormais inutile, glissée sous la tête inerte de Silvito. » 
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Depuis ce jour d'octobre sur la Rambla, Teresa savait à quel point l'homme qu'elle s'était choisi était dévoué à son métier. Son esprit n'avait malheureusement pas anticipé que pareille vocation ne s'accomlirait qu'au prix de nuits solitaires qu'elle passerait dans un lit trop grand et secoué par les vibrations que les déferlantes feraient subir à la sentinelle, la laissant tétanisée.
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Un premier roman prometteur
J’ai beaucoup apprécié ce premier roman. L’écriture est forte et les mots bien choisis. Le rythme est soutenu. La première chasse aux loups de mer, entre virilité, sang et violence est parfaitement rendue, même si les loups de mer sont des mammifères de la famille des phocidés et non des cétacés. Dans le même temps, Teresa, amoureuse insoumise et ardente, qui fait la classe aux enfants des pêcheurs de ce bout du monde, est décrite avec force et talent. Cette histoire située en amérique latine m’a fait revivre des scènes des grands auteurs que j’adore, dont Garcia Marquez et Alliende. Après un drame onirique bouleversant, la deuxième partie change de ton, sur fond de révolution, mais l’attente de l’amour est toujours là. J’aurais aimé que Catherine Baldisseri travaille ses personnages avec plus de profondeur. Il reste que ce premier roman est une merveille et que d’autres, j’en suis sûre, vont suivre.
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Le premier jour d'école, les enfants ne furent captivés que par le service à café étincelant sur l'étagère. Ils n'avaient jamais rien vu d'aussi beau. Elle leur avait amors expliqué que c'était un souvenir de sa vie passée. Comme ils n'avaient pas compris tout de suite, elle avait précisé, "C'est pour se rappeler de belles choses". Miguel, le plus jeune, avait déclaré "il faut être vieux et riche pour avoir des souvenirs !" Toute la classe avait ri.
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Chacun doit trouver la force de s'élever, de libérer ses chaînes et d'accomplir son destin, quel que soit son passé.
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