Je fais un rêve qu’un jour :
"Chaque vallée sera relevée et toute montagne et toute colline seront abaissées et ce qui est tordu sera tendu droit, et les lieux raboteux deviendront une plaine unie. Et la gloire de l’ Éternel sera révélée, et toute chair ensemble la verra".
Isaïe 40, 4-5
Ces textes, je ne pensais pas à les approfondir, tant je croyais ceci: qu’ils étaient des textes révélés. (…) Puis un jour, le mot s’est renversé, je me suis aperçue que c’étaient des textes « révélants » lorsqu’ils étaient lus par des lecteurs actifs. (…) Une différence qui me rappelle celle qu’on a faite dans mon métier, entre une « analysé » - au participe passé, un patient qui subit une analyse faite par un psychanalyste - et un « analysant » - au participe présent, qui fait son analyse avec l’aide d’un psychanalyste. (p. 41)
Chapitre la femme adultère :
C’est la condamnation qui fait le pécheur.
J’ai le souvenir d’une femme qui parle à un SDF désespéré alors qu’elle s’apprête à partir en vacances. Elle lui laisse les clés de chez elle. Tout le monde la traite de folle. Quand elle rentre de vacances, il a laissé l’appartement propre et un mot: « Vous ne savez pas ce que vous avez fait, je sortais de prison et je repars de nouveau dans la vie. » N’étant pas condamné, il n’est plus pécheur.
Notre voyage se terminerait donc par ce constat: la Bible est finalement indéfendable et elle mène vers ce Maïtre de la Loi devant lequel il n’y aurait que deux positions. Ou bien la soumission religieuse envers lui, ce qui signe notre mort psychique, nous renonçons à notre propre pensée, nous avons accès à l’éternité (mais dans quel état !). Ou bien le refus d’être écrasés et soumis, et nous révoquons ce Dieu. Là, c’est Lui qui meurt, pas nous; sa mort nous délivre d’un tyran, mais nous laisse à notre statut de mortels, sans possibilité d’accéder au monde divin. (p. 152).