Ne pas tenir sa promesse à Staline c'est mourir.
Le camarade Staline est insomniaque. Il ne se couche jamais avant les petites heures de la nuit. Tant qu'il est debout, personne n'a le droit d'éteindre ses lampes ni de se coucher. C'est la règle, au Kremlin comme partout où il va.
Pas un ciel:le royaume de la lumière.Teintes suaves,bleu et or. Rien à voir avec le bleu massif et pétrifié qui nous domine lorsque l'on demeure rivé au sol. Tout ici est nuances,transparences,saturations de magenta jusqu'aux tons les plus faibles,lavés de blanc,soutenus çà et là d'un peu de cyan,d'une plaque liqide de lapis alors que là-bas,dans l'ourlet de l'horizon,la mer de nuages s'alourdit d'une poussière de cinabre.
De ses deux doigts serrés sur la cigarette, il tapote l'image, parie que sa Lidiouchka ne devinera pas d'où vient cette photo. Non bien sûr, elle ne peut pas deviner.
Le Grand Charlatan viennois, glousse-t-il. Le divan de sa maison de Londres où ses pigeons s'allongeaient pour débiter leurs rêves et leurs foutaises névrotiques de bourgeois repus
La longue expérience enseigne cependant une chose : la mort est le souci des faibles. Il y a plus fort que la mort : l'éternité. Une affaire qui ne se réduit pas à la survie d'un sac d'os et de chair. L'éternité : rester vivant dans l'esprit de nos survivants ainsi que ces astres éteints depuis des milliards d'années qui continuent d'éblouir nos nuits et nos ciels.
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Danilo ouvrit la porte, ah c'est vous, dit-il. Dans le contre-jour de la remise, la nacre de son sourire brille à nouveau entre ses lèvres.
Lidia Semionova - vêtue comme la veille : jupe de laine aux mollets, blouse de velours moulante, le châle de l'Oural remplacé par un grand fichu aux motifs d'Orient lointain, d'un tissage plus léger et plus souple, et lui bien sûr, le Valery Yakovlevitch Danilov, portant son pull canari confortable, son pantalon de velours et présentant des prunelles luisantes d'un espoir de caprice ; peut-être Pasternak jeune arborait-il aussi cette mine de ténèbres renfrognée ? - constate que le siège réclamé au capitaine Dovitkine est déjà là, posé à la pointe d'un rai de soleil, à quatre ou cinq bons mètres de l'installation de l'atelier, un fauteuil de cuir astiqué, haut dossier et oreillettes rebondies. Assez imposant pour faire songer au trône d'un Généralissime.
... la mort est le souci des faibles. Il y a plus fort que la mort : l'éternité.
Qu'est-ce qu'on peut faire avec un âne?
On peut lui botter le cul.
Mais cela le fait-il avancer ?
L'oeil se contente de refléter l'apparence des choses du monde tandis que la connaissance du monde est une conscience.
Lénine
Tu as voulu faire comme les femmes des contes de sorcières? Te sortir un bébé par le nombril?
Staline
Le rêve est la réalisation d'un désir qu'on ne s'autorise pas à accomplir.
Freud
Tant qu'il y aura de la lumière dans sa chambre, tout le monde reste debout.
Son bras gauche estropié à 10 ans.
Il ne consomme aucun plat avant que d'autres s'en soient servi et aient déjà avalé leur assiette.
Staline avait à son côté son secrétaire Poskrebychev, quand Vassilievski lui annonça par radio l'encerclement des armées allemandes. Staline, sans regarder Poskrebychev, resta quelques instants les yeux clos, comme assoupi (...) C'était l'heure de son triomphe. Il n'avait pas seulement vaincu son passé. L'herbe se ferait plus épaisse sur les tombes de 1930 dans les villages. Les neiges et les glaces au-delà du cercle polaire resteraient silencieuses. Il savait mieux que personne au monde qu'on ne juge pas les vainqueurs. (Vassili Grossman)
- Foutaises ! Sais-tu ce qu’a dit un des collègues du Charlatan de tout ce charabia ? « L’interprétation des rêves du professeur Freud n’est pas scientifique car elle ne peut pas être falsifiée. » enfin une parole de bon sens.
Les souvenirs d’amour c’est comme les mouchoirs sales, on les lave ou on se les garde dans la poche.