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EAN : 9782702163658
336 pages
Calmann-Lévy (16/08/2018)
3.7/5   25 notes
Résumé :
1945, à Paris. Paul Valéry, vieux solitaire indifférent à la fureur des temps, doit en admettre l’horreur. Cherchant la lumière, il rouvre le carnet hérité dans sa jeunesse de Berthe Morisot, peintre du silence et de l’absolu. Dans ses mots, il affronte l’exigence vitale de beauté qui fut sa quête. Revient alors le souffle de la vie, malgré tout.
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La tristesse des femmes en mousseline Jean-Daniel Baltassat Calmann-Lévy 16 août 2018.
Paris ,février 1945, un vieil homme solitaire dans un appartement glacial. Un vieil homme seul avec sa mémoire en guise de médecine. Une mémoire qui le ramène aux années de sa jeunesse, un Mardi chez Mallarmé, une femme encore belle et silencieuse comme à son habitude. Mars 1895, Paul Valéry avait tout juste 24 ans et Berthe Morisot 54 ans.... La mémoire de Paul Valery est toujours fidèle, de page en page s'égraine sous nos yeux la vie de cette femme hors du commun reconnue par ses pairs et aimée par beaucoup surtout par Edouard Manet . Autre époque, autres moeurs mais amour toujours. Précieux roman qui nous entraine sur les pas de Manet et Morisot, sur le chemin de la Beauté intangible mais qui ravit le coeur. "en excès d'amour" leit-motiv des aquarelles de Morisot, peux t'on peindre sans aimer? Un bien joli roman servi à merveille par une écriture ciselée et légère. Un moment suspendu entre deux lectures plus sombres. Un grand merci aux éditions Calmann Lévy via NetGalley pour ce partage. #LaTristesseDesFemmesEnMousseline
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Nous sommes le 25 février 1945. Paul Valéry est perdu dans la contemplation d'une aquarelle de Berthe Morisot qu'il affectionne. Pour lui, cette oeuvre représente la beauté absolue. Il relit aussi les carnets laissés par l'artiste. Soudain, la sonnerie du téléphone l'arrache à ce moment de sérénité. C'est son amie Mathilde, en larmes, qui vient de découvrir l'horreur des camps de concentration.
Un aussi beau titre ne pouvait pas me laisser indifférente. Sur le bandeau, une reproduction de Berthe Morisot. J'aime beaucoup l'Impressionnisme et cette artiste, je la connais mal (et je ne pense pas être la seule). Aussi, lorsque je découvre ce titre dans ceux que propose Masse critique, je le coche et j'ai la chance de le recevoir .
Le point de vue adopté par l'auteur est celui de Paul Valéry, qui a réellement connu la peintre, son aînée d'une trentaine d'années. Jean-Daniel Baltassat ne se met pas à la place du vieux poète. Il le présente de l'extérieur, mais passe sans cesse du « il » au « nous » ou au « on », de sorte qu'on imagine découvrir les scènes à travers le regard de Valéry, sans être tout à fait lui.
Celui-ci apparaît à deux époques. Son présent est ce 25 février 1945 . Il est déjà âgé et mourra d'ailleurs quelques mois plus tard. En replongeant dans ces carnets que Berthe a transmis à son ami Mallarmé et que Valéry a pu recopier, il est comme transporté dans le passé. Lui-même, jeune homme d'une vingtaine d'années, avait croisé cette femme qui l'intriguait. La narration sera donc interrompue à divers endroits pour céder la parole à Berthe, qui livre ses états d'âme à son cahier de moleskine jaune, cadeau de son amie, la duchesse d'Affry. Ces pages permettent de connaître ses pensées face à l'art en général, à son rôle de peintre en particulier. Évidemment, elle parle beaucoup d'Édouard Manet, son beau-frère, dont elle fut un modèle privilégié. Elle livre ses hésitations : comment rendre tel ou tel sujet ? Souvent, elle se décourage ou se fâche. Elle détruit un grand nombre d'oeuvres dont elle n'est pas satisfaite. Ils sont nombreux à cette époque, les thèmes interdits aux femmes. On aurait plus vite fait de citer ce qui leur est permis ! Cela m'a fait penser à l'éducation de Sophie, dans « l'Émile » de Jean-Jacques Rousseau, où le philosophe trouve bon que les femmes s'adonnent au dessin ou à la peinture, mais proscrit quasiment toutes les représentations de telle sorte que, finalement, c'est à peine s'il leur reste plus que quelques lettres de l'alphabet destinées à être brodées !
Au fil du récit, on croise divers artistes qui discutent entre eux, se disputent parfois, donnent leur avis en littérature ou peinture.
Le livre devrait donc être très intéressant (il l'est). Pourtant, souvent, il m'a semblé ennuyeux. D'abord parce que l'auteur fait preuve d'une érudition qu'il étale sur un ton pédant : « Des mascarons menaçants peuplaient les frontons et les linteaux. Des mosaïques diffusaient des ors surnaturels au haut des tympans. Des noeuds d'acanthe virides ou couleur d'algues célestes couraient sur les colonnes, investissaient des corniches surmontées de bustes de gypse et d'albâtre (etc.) » Voilà un vocabulaire qui n'est pas à la portée de n'importe quel lecteur ! Nombre de phrases sont très longues (une dizaine de lignes), entrecoupées de plusieurs parenthèses, si bien que, arrivé au bout, on ne se souvient plus du début. de temps en temps, même moi, qui me targue pourtant d'être une bonne lectrice, je ne saisis pas ce qu'il veut dire exactement : « l'horreur, dit-il de son ton le plus sec, l'horreur n'est pas une variété d'actes issus de l'imagination. le mal non plus. Si l'on en croit ce qu'on voit, il faudrait plutôt les classer dans les catégories du plaisir et du spectacle. » Je ne vois pas bien la rapport entre mal, horreur et plaisir.
Sans doute est-ce parce qu'il adopte le point de vue d'un poète hermétique (Mallarmé) ou cérébral (Valéry). Lui-même, dans son écriture, fait, de temps à autre, penser à certains textes connus. Ainsi, cette allitération : « Paix de l'insomnie et paix dans Paris » me fait songer à ce vers de Rimbaud dans le « sonnet des voyelles » : « Paix des pâtis, paix des rides » auquel il emprunte aussi l'adjectif « viride ».
J'ai apprécié les analyses de nombreux tableaux. Il nous fait ainsi découvrir les secrets de la pose pour « le Balcon » ou « Rêverie », où Manet offre la première place à sa belle-soeur Et on se rend compte alors combien cette attitude, qui paraissait si naturelle, demande d'efforts et occasionne de fatigue.
Il décrit, bien évidemment, un grand nombre des oeuvres de Berthe Morisot et les techniques utilisées. Il faut aller voir les tableaux pour profiter de la lecture, et cela m'a donné l'envie d'acheter d'autres livres consacrés à l'artiste. Mais, au début du roman, Paul Valéry est devant cette aquarelle qu'il connaît par coeur, « Lisière, forêt de Fontainebleau » et en souligne les « élancements verticaux d'un bleu aqueux » (Berthe se reproche d'avoir trop détrempé son papier et doit attendre qu'il sèche, laissant fuir l'instant et compromettant son inspiration), « des taches de verts, de carmin transparent, une liquidité de touches superposées, flottantes, volantes », qui nous invitent à contempler à notre tour cette merveille. Hélas, j'ai beau chercher, je n'en trouve nulle trace. Jean-Daniel Baltassat l'a-t-il inventé, tout comme il invente les propos prêtés à Valéry, Mallarmé, Degas ou le journal de Berthe ? (C'est ce qu'il nous révèle dans une note en fin de volume).
Je ne sais donc trop que dire à propos de cette oeuvre brillante, certes, mais trop froide, intellectuelle, élitiste, pas assez vivante. Elle m'a donné envie de me tourner vers d'autres documents et de visiter le cimetière de Passy, que je ne connais pas. En parlant de l'enterrement d'Edmond (le mari de Berthe), il livre une superbe description de la tombe voisine, celle d'une fillette (Emilia del Saz Caballero) que j'aimerais beaucoup voir de mes propres yeux, moi qui suis fanatique de l'art funéraire.
Il me reste donc à remercier Babelio pour son opération Masse critique et les éditions Calmann-Lévy qui m'ont offert cette lecture.
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Difficile de résumer la trame de ce livre qui parle d'art et de beauté, de création et de peinture,  mais par le biais des souvenirs de Paul Valéry vieillissant, souvenirs d'une époque où tout jeune il fréquenta Mallarmé, les impressionistes (surtout les Refusés) dont Degas, Renoir, Monet, Manet et Berthe Morisot, que Paul Valéry admirait.
Ce livre nous parle magnifiquement d'art mais aussi de femmes cherchant à se réaliser dans ce métier de peintre essentiellement masculin.  Il décrit par touches une époque où l'art et la peinture était en pleine ébullition et (r)évolution.
Et il parle de Berthe Morisot.
De belle manière, avec sensibilité et poésie.
Mais dehors la guerre finie, la découverte les camps de déportation des juifs révèle une horreur qui rend cette peinture bien futile, voire inutile puisque tant de beauté n'a pas empêché l'indicible.
Bien que le roman commence et finisse par ce thème, il est peu traité  dans ce livre où le prétexte de la découverte de carnets intimes (fictifs)  de Berthe Morisot sert de fil directeur à des réflexions et  anecdotes sur l'art et les Impressionistes.
l''ensemble  peut alors sembler un peu décousu.
Pourtant ce texte bien écrit, fluide, empreint de finesse, est un roman qui devrait séduire les amateurs d'histoire de l'art et ceux qui apprécient la peinture impressioniste et Berthe Morisot.
Un roman délicat et intéressant, lu grâce aux Editions Calmann-Levy et à NetGalley que je remercie.
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La tristesse des femmes en mousseline de Jean-Daniel Baltassat m'a été envoyé par Calmann-Lévy via net galley, et je les en remercie chaleureusement.
1945, à Paris.
Paul Valéry, vieux solitaire indifférent à la fureur des temps, doit en admettre l'horreur.
Cherchant la lumière, il rouvre le carnet hérité dans sa jeunesse de Berthe Morisot, peintre du silence et de l'absolu.
Dans ses mots, il affronte l'exigence vitale de beauté qui fut sa quête. Revient alors le souffle de la vie, malgré tout.
La tristesse des femmes en mousseline est un roman qui m'a fait découvrir Berthe Morisot, artiste peintre française dont je n'avais jamais entendu parler ! J'ai apprécié cette découverte et je suis d'ailleurs aller voir avant d'ouvrir ce roman ce qu'elle avait peint.
J'ai donc découvert cette femme et j'ai apprécié cette plongée dans un autre temps.
Nous avons ici un très joli roman plein de poésie, très joliment écrit. J'ai été charmée par La tristesse des femmes en mousseline.
Ma note : 4 étoiles
Encore une bonne surprise de cette rentrée littéraire 2018 :)
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A travers Paul Valéry qui, à l'aube de sa vie, visite les carnets (annotations, confessions) de Berthe Morisot, nous découvrons un peu plus celle-ci , et surgit alors un fine analyse du beau, de la relation entre l'art et l'intime.
Durant toute une partie de sa vie, Paul Valéry a eu une curiosité quasi obsessionnelle pour Berthe Morisot qu'il n'a peu connue (puisque morte peu avant qu'il ne s'allie avec les familles Morisot, Manet et Gobillard). Il faut dire qu'il avait épousé la fille de la soeur de Berthe, que les toiles de celle-ci décoraient certainement les salons familiaux, que la légende de cette femme brune et mystérieuse intriguait.
Longtemps considérée à tort comme "la peintre des poussettes", parce que ses sujets étaient des enfants et leurs mères en robe de mousseline , Berthe Morisot était beaucoup plus complexe que cela. Manet l'avait compris, lui qui la peignait toujours en sombre, en noir, presque inquiétante.
Ne cherchez pas les écrits de Berthe Morisot, Jean-Daniel Baltassat les a imaginés, fantasmés (tant ils restent parcellaires ; Berthe a eu soin de beaucoup détruire durant sa vie ! ) avec beaucoup d'intelligence et de savoir.
Ne cherchez pas non plus une biographie de l'un ou de l'autre ; le récit alterne entre Paul Valéry et Berthe Morisot sur le thème du souvenir et de l'art .
Si, à l'épilogue de ce roman, la visite impromptue d'une certaine femme au domicile de Paul Valėry m'a intriguée, j'en vois après coup un hommage à Hélène Berr, "l'autre Anne Franck".
Merci à la Masse Critique de Babelio et aux Éditions Calmann Lévy de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Le souci du beau, elle l'avait déjà en ce temps-là. Le vrai beau, pas celui qui veut être joli et plaisant. Celui qui fait peur aux gens sages. Et ça n'a pas changé. C'est de l'aujourd'hui comme d'hier. Mais en ce temps-là, elle n'était pas encore la Morisot des beautés d'aujourd'hui. Il lui fallait subir, supporter le poids du beau qui vous écrase en un rien de temps comme une coquille d'oeuf. Mais la force du beau, elle l'avait. C'était du chevillé profond. Pour ceux qui savaient voir, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Manet l'a vu. Fantin l'a vu. Puvis de Chavannes l'a vu. Je l'ai vu. Mais celui qui s'est mieux servi de ce qu'il voyait dans Melle Berthe , c'est lui, cest Manet. Sauf qu'il avait peur, Manet. La folie de Melle Berthe se voyait trop. Ça lui donnait la frousse.
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Il n'y a qu'un art, il n'est ni d'homme ni de femme. Toutes ces distinctions, toutes ces mascarades d'idées imbéciles reviennent époque après époque comme une houle abrutissante. Le mâle dessin et la féminine couleur, cette soi-disant féminité de la manière impressionniste, les adorables délices et les délicates sensations sont à mourrir d'abattement.
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De toute façon, monsieur Degas, je suis une femme. La peinture des femmes, pour vous les messieurs de la peinture, tous autant que vous êtes, vous n'y croyez pas une seconde. Nous les femmes, nous sommes faites pour être portraiturées , nues ou vêtues, ou pour le mariage, ce qui est la même chose. Mais l'art, ah l'Art ! Ce n'est pas pour nous.
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Manet avait grande réputation avec les femmes. Sa peinture foutait en rage les messieurs, mais elle attirait les dames. Il soignait ça avec sa barbe blonde et ses jaquettes à carreaux. Fallait voir. Moi, j'étais tout dans l'inverse. J'ai pas varié . Zoé me va très bien. Qu'est-ce que j'aurais fait d'une femme qui vienne me donner son opinion dès que sa langue lui démange ? C'est déjà bien assez des visiteuses toujours prêtes à secouer la poussière de mon atelier.
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Berthe Morisot : Père, voulez-vous donc que j'essuie le front de l'ennui pour le reste de mes jours?

Un dessin, ça n'est pas la forme : c'est la manière de voir la forme!
Degas

C'est qu'il est des jours de la vie qui font de soi ce que l'on est.

Mallarmé à Berthe :
Auriez-vous pour nous, un mot, une phrase qui dirait le poème de votre peinture?
... Ces paroles ... m'avaient un peu blessée.

... un étrange couple de mots a surgi en moi pendant le travail : l'excès d'amour. Voilà ce que je peins.

Je n'aurais rien de plus à vous offrir que mon "silence de méduse" comme vous l'appelez.

p. 161

p. 173

La vraie science de la vie dans le petit comme dans le grand, c'est de se faire aux choses au lieu de vouloir qu'elles se fassent à vous.

Peut-on vivre deux vies : l'une d'apparence, l'autre de vérité?

Ecoute-moi avec les yeux puisque ton oreille est si loin.
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