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Quel étrange bouquin ! On sait que Balzac nous a habitués à toucher à tous les genres, mais là, c'est vraiment un registre où l'on ne l'attend pas. Il s'agit d'une sorte de catalogue comique à la façon des livres de Pierre Desproges tels que le Manuel de Savoir-Vivre À L'Usage Des Rustres Et Des Malpolis ou encore du Dictionnaire Superflu À L'Usage de L'Élite Et Des Bien Nantis. Et le plus fort, c'est qu'Honoré de Balzac est très bon aussi dans ce registre et sait nous fait rire.

L'ouvrage est organisé de façon symétrique, deux préfaces de l'auteur, 36 chapitres décrivant des mesquineries diverses : 18 misères pour l'homme, dépeint sous les traits d'un Adolphe quelconque, archétype du gros bourgeois inintéressant et sans finesse de vue, le tout directement mis en parallèle de 18 vexations pour sa femme Caroline, symbolisant la bougresse machiavélique intéressée par tout ce qui brille.

La première partie (concernant l'homme) est à mon avis plus comique, plus caustique que la seconde, plus " analytique ", même si ce terme fait assez scientifique de nos jours, ce qui n'est pas du tout le cas ici. Ainsi donc, par cette pseudo symétrie de construction, Balzac n'en fait pas moins clairement passer son petit message bien misogyne : pour vivre heureux, vivons sans femme.

Néanmoins, on ne peut s'empêcher de reconnaître qu'il y a une certaine justesse dans les situations décrites et qu'on peut reprocher beaucoup de choses à Balzac, mais certainement pas d'être un médiocre observateur des moeurs de son époque, et même — soyons fou — un véritable éthologiste humain.

Le fardeau de la femme étant, selon lui, plutôt la lourdeur de son mari que d'autres travers moins glorieux pourtant bien réels (les femmes en savent quelque chose !) mais non développés ici. L'auteur se contente, comme le nom du livre l'indique, de mettre l'accent sur la suite de désillusions, sur la successive descente des marches qui conduisent du piédestal au troisième sous-sol dans le ressenti du protagoniste étudié vis-à-vis de son conjoint à mesure que le temps passe dans le couple.

Un livre donc bien plaisant, caustique, léger et drôle, fait de petits chapitres courts, relatant les mille désillusions qui attendent le marié ou la mariée après la signature devant le maire.
En revanche, je suis très, très réservée sur l'intérêt des dessins de Cabu (que j'aime pourtant par ailleurs) car ils sont très datés (façon années 1980) et n'apportent, selon moi, absolument rien, mais ceci n'est qu'une des petites misères de l'avis conjugal, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Mea culpa et honte à moi : j'ai rectifié ma chronique car je me suis souvenue, après coup, que j'avais lu par le passé Balzac avec Eugénie Grandet qui fut ma, cette fois-ci c'est sûr, première découverte de cet auteur, que j'avais beaucoup aimé mais que j'avais complètement occulté de ma mémoire (commencerait-elle à me jouer des tours ou mon cerveau commence-t-il à être encombrer de toutes ces lectures.....)

Je continue donc ma découverte de la plume De Balzac avec une vieille édition Albin Michel trouvée chez Emmaüs au titre prometteur, Petites misères de la vie conjugale, des chroniques drôles, vivantes et finalement toujours actuelles ou encore visibles dans une vie de couple le tout sous l'oeil scrutateur d'un écrivain avide d'évoquer les petits (et parfois grands) désagréments de la vie maritale.

L'auteur prend un couple type : Caroline et Adolphe pour nous raconter surtout les petits désillusions qui surviennent après quelque temps, après que les coeurs se soient embrasés et que le feu s'apaise (si feu il y a car tous les mariages n'étaient pas des mariages d'amour à l'époque). Adolphe puis Caroline, vont donner leurs ressentis sur ce qui se cache derrière le mariage, les petits désagréments, mensonges, arrangements ou interprétations des agissements de la personne qui partage votre vie.

Je ne savais rien de la construction du récit et je me suis lancée dedans en lisant les axiomes avec lesquels le grand Honoré introduit chacun de ses chapitres comme par exemple pour celui sur La logique des femmes

Les êtres sensibles ne sont pas des êtres sensés

Le sentiment n'est pas le raisonnement, la raison n'est pas le plaisir, et le plaisir n'est certes pas une raison (p40)

et ensuite il démontre la justesse de ce qu'il avance comme vérité, mettant en garde, en quelque sorte, les candidat(e)s à l'aventure. Ne sachant pas que Caroline allait dans la deuxième partie prendre la parole et nous faire part de ses constations et pensées, je trouvai qu'Adolphe était bien prétentieux et nous offrait de sa femme une image assez légère et inconséquente, une femme sans cervelle qui ne faisait que se plaindre ou réclamer argent et toilettes. Puis quand Caroline prend la parole, Balzac nous livre une autre version, une autre vision du mariage vue du point de vue féminin avec certains faits ou vérités tus par le mari mais aussi les sentiments de jalousie, d'envie voire de rivalités avec d'autres couples ou femmes.

Bon disons-le clairement Honoré est homme et écrit en tant qu'homme : on sent la misogynie pointée dans le constat qu'il fait d'une union mais aussi des portraits dressés, mais il ne se départit pas d'une critique sur les comportements parfois hasardeux du mari et rend justice à la finesse d'esprit de la femme, jamais dupe des agissements de celui-ci mais qui apparait malgré tout assez frivole et plus préoccupée par sa mise et sa position dans la société que par ses déboires conjugaux. N'oublions pas que nous sommes au milieu du XIXème siècle et que la femme "bourgeoise" ne travaille pas, dépend financièrement presque totalement de son époux (heureusement certaines avaient quelque argent issu de leur dot) et si l'homme est libre d'agit, son épouse doit rendre des comptes.

Je ne m'attendais pas à ce ton là de la part De Balzac que l'on me décrivait souvent comme ennuyeux, descriptif et faisant languir son lecteur et je découvre de l'ironie, de la justesse, des vérités encore actuelles sur le mariage, la vie à deux, les attitudes et pensées de chacun(e). Il joue avec différents styles : épistolaire, pièce de théâtre (vaudeville), on ressent une certaine jouissance à relater les désagréments (principalement) de la vie à deux, les petits compromis ou tolérances dont chacun doit faire preuve. C'est pétillant, drôle, sarcastique et il me faisait un peu penser à Sacha Guitry sous certains aspects (mais c'est plutôt Sacha qui s'est inspiré d'Honoré.....).

L'écriture est remarquable, travaillée pour être la plus efficace possible, avec parfois un parler et des expressions dont on n'a plus l'utilisation, certes, ou le sens, mais sans lourdeur et je dois avouer que j'ai pris plaisir et souri des péripéties du couple en particulier quand Caroline pouvait, enfin, s'exprimer. C'est divertissant, grinçant, cela offre une galerie de portraits mais également de sentiments n'encourageant pas au mariage. Au-delà des émois du début que devient l'amour quand le quotidien et les caractères se révèlent et transforment l'amour en affrontements.

Honoré ne me fait plus peur et comme j'aime de plus en plus me plonger dans les classiques où je trouve de plus en plus sources de plaisir que ce soit dans l'écriture, la construction et les thèmes, je vais m'aventurer sur ses terres avec un roman où je pourrai découvrir sur la longueur son style et sa créativité.

J'ai aimé d'autant plus que je l'ai lu dans une édition ancienne de chez Albin Michel, jaunie, aux pages dentelées et sentant bon le renfermé......
A nous deux Honoré !
J'ai aimé.


Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Pour cet essai sur le mariage et ses accidents de parcours, petits ou grands, Balzac met en scène un couple marié, Caroline et Adolphe, dont il nous fait suivre toute l'évolution de leur vie maritale depuis les premières découvertes déplaisantes jusqu'à l'acceptation d'une vie partagée à ... 4 !

Légère et très drôle, la première partie accompagne Adolphe dans la découverte de sa femme et de la vie de couple. Avec un humour aussi corrosif que la soude caustique, Balzac dénonce les menus inconvénients du mariage pour un homme : oubliées les joies d'une paresseuse matinée au lit, envolé le bonheur d'être seul maître à bord de son domicile ! Adolphe regretterait presque de ne pas être resté garçon... Pire encore, Adolphe, atterré, découvre que sa Caroline est une écervelée qui ne cesse d'accumuler les gaffes lors des soirées entre amis. Et puis, il faut supporter les petites querelles au sujet de l'éducation du jeune Charles, les envies de villégiature de Caroline qui sont aussi onéreuses que fugaces, les bouderies de Madame quand les robes de ses amies ont été plus admirées que la sienne lors d'un bal...
Balzac file la métaphore jusqu'à l'excès et distille de nombreux aphorismes pas toujours excellents.

Cet essai qui s'inscrit dans Les études analytiques de la Comédie Humaine est inégal à plus d'un titre. Après une première partie très plaisante, la seconde l'est beaucoup moins, évoluant vers plus de gravité avec des petites misères qui le sont de moins en moins, et de sérieux accrocs au contrat de mariage tels que l'adultère. L'attitude d'Adolphe engendre les soupçons de Caroline qui se fait enquêteuse, secondée dans sa tâche par la femme de ménage. L'infidélité, une petite misère ? Sans doute d'un point de vue masculin, et surtout de celui De Balzac qui accumula les liaisons simultanées. Car l'on se doute bien que tout ce qui est présenté dans cette étude a été vécu par l'écrivain, ou, à tout le moins, observé.

Son analyse est aussi clairement inégalitaire dans le traitement appliqué aux deux sexes. Elle dénote une bonne part de misogynie de la part De Balzac qui présente la belle Caroline comme une parfaite idiote tandis qu'Adolphe, pauvre mari, en subit les conséquences. Cela justifierait-il l'adultère ? Balzac semble l'approuver, extrapolant jusqu'à en faire la clé d'un mariage heureux.

Enfin, je regrette que les dessins originaux de Bertall aient été remplacés par quelques uns de Cabu dans mon édition Arléa et limités à la préface : si cela montre bien le caractère quasi-intemporel de cette étude où les couples mariés pourront se retrouver, c'est dommage d'avoir perdu l'esprit et le charme de ceux du 19ème siècle.

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Balzac observe le mariage d'Adolphe et Caroline, des premiers rapprochements économiques avec la dot et les rentes jusqu'au pacte final de bonne entente en passant par toutes les ruses, les duperies, les jalousies et les fiertés d'Adolphe.

Et Adolphe semble bien pauvre et Caroline fort niaise…

Puis vient une seconde partie, celle qui donne tout le sel et la force à ce livre, celle qui dévoile un Balzac (pas forcément féministe, tant le mouvement n'était alors qu'à ses premiers balbutiements en France) subtil et doué d'une grande sensibilité féminine et qui se plait à décortiquer l'institution du mariage.

Un livre drôlissime, illustration par l'exemple de la physiologie du mariage auquel il fait fréquemment référence, et dans lequel la femme suit son mari là où elle le mène.
Lien : https://www.noid.ch/petites-..
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Ce livre se presente comme une succession d'anecdotes chargees d'illustrer les principes exposes par balzac dans l'ouvrage:physiologie du mariage.
Adolphe et Caroline,ainsi que quelques comparses se retrouvent dans des saynetes interrompues par des reflexions.
Aux tableaux humoristiques depeignant les miseres du mari,repondent les lettres confessions de Caroline et de plusieurs jeunes maries detaillant leurs desillusions
Lecture divertissante d'une autre epoque sur des sujets qui sont toujours d'actualite aujourd'hui.Tres bon moment de decouverte
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Une oeuvre qui appartient à la Comédie Humaine au sens propre, car elle fait rire. Comédie au sens de la représentation aussi, car Adolphe et Caroline ne sont que des types, des archétypes, mis en scène devant nous. le titre évoque une "étude", pleine d'axiomes, de principes et de théorèmes, mais les interventions distanciées ironiques du Narrateur ruinent cette fausse apparence de science. Tout y passe, adultère, intérêts économiques autour de la dot et des "espérances", coquetterie, orgueil, gourmandise, luxure même aussi - même si elle n'est que suggérée. Certains oeuvres qui se veulent humoristiques, certains humoristes même, pourraient voir qu'ils n'ont rien inventé, et que l'opposition hommes/femmes est un sujet éternel d'humour.
Cependant, même si Balzac prétend faire une oeuvre équilibrée, en présentant les souffrances des maris et des femmes, on retrouve la misogynie du XIXème siècle, et les femmes sont forcément inférieures.
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Je me suis régalée avec les "petites misères de la vie conjugale "!!
Nous retrouvons Caroline et Adolphe dans une succession de saynètes, ainsi que d'autres personnages autour d'eux. 18 saynètes concernent les misères de l'homme (donc d'Adolpe) et 18 autres la femme (Caroline). Ces petites scènes sont entrecoupées d'axiome. Tout ceci est fort rigolo et est parfois pas loin d'une certaine réalité.
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Il s'agit de chroniques publiées une à une dans la presse de 1830 à 1846, et rassemblées ici. On suit donc un peu de la vie et des scènes conjugales de Caroline et Adolphe, bourgeois parisiens. Ces chroniques sont assez inégales, mais globalement drôles, voire parfois incisives ou faisant quelques incursions du côté du cynisme, et évidemment délicieusement bien écrites, d'une plume alerte, vive, presque virevoltante. L'analyse sociale et relationnelle est amusante, et on se dit souvent que près de deux siècles plus tard, finalement, il y a des constantes qui ne changent pas vraiment, dans la vie de couple... Une certaine misogynie transparaît parfois aussi, pas tout le temps, et globalement tout le monde en prend pour son grade, pas seulement les femmes ou les parisiennes. Quelques piques politiques au passage... Bref, des petites choses écrites de manière éparse qui permettent de mieux s'imprégner de l'air du temps de l'époque et de la personnalité De Balzac bien mieux que la simple lecture de ses romans.

Pour autant je n'ai pas terminé ce livre, simplement parce que je l'ai trouvé trop répétitif. Il m'a manqué l'impression de suivre l'évolution des personnages, et pour cause : les personnages n'évoluent pas vraiment, puisque ça n'est pas l'objectif. Donc stop pour moi page 111 sur 317. En revanche, si vous pouvez l'acheter et/ou le lire par petits peu, une chronique de temps en temps, je pense que ce livre prendra alors toute sa saveur sans les défauts qui m'ont fait en arrêter ma lecture à regret =^.^= Je pense d'ailleurs le lire en tranches directement à la bibliothèque...

(des extraits sur mon blog)
Lien : http://ploufetreplouf.over-b..
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La première partie : on donne la parole à Monsieur. Il s'est fait avoir ! Sa femme est impossible et il a honte d'elle en société.
Seconde partie : parole à Madame. Son mari, à qui elle a tout donné, n'est pas le meilleur des hommes.
Plein d'humour et de cynisme. Une belle écriture.
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Suite de petites scènes de la vie conjugale, Caroline et Adolphe servant de modèle du jeune couple fraîchement marié de la bourgeoisie d'affaires.
Balzac, sur un ton enjoué avec de nombreuses adresses au lecteur, emploi le mode narratif du conseiller conjugal un brin moralisateur.
Comme dans tout couple – y compris aujourd'hui- les problèmes se centrent sur l'argent : madame souhaite avoir un équipage (belle voiture), changer souvent de garde-robe ; la fidélité et la jalousie : comparaison avec des ménages équivalents, c'est toujours mieux ailleurs ; pourquoi me délaisse-t-il pour ses affaires ou rentre-t-il si tard ? etc.
Le narrateur, petite voix du côté des hommes, pose des « axiomes » sur la femme et en fait la démonstration dans le couple Adolphe-Caroline. Balzac se ferait traiter de « misogyne » de nos jours car il cherche à montrer sous une forme de scholastique bien à lui que les femmes sont diaboliques quand elles cherchent à savoir certaines choses, se lient pour cela à leurs amies, s'en servent contre le « pauvre mari » qui semble faire ce qu'il peut pour contenter son épouse.
Le côté mathématique et scholastique, à la Spinoza, ajoute justement à la drôlerie de la chose car si Spinoza s'en sert pour parler de Dieu, Balzac s'en amuse pour parler du couple. Il en profite aussi pour égratigner les personnages « types » de son époque : la bourgeoise qui tient salon et que tout le monde admire en la détestant, sorte de Madame Verdurin avant l'heure, s'appelle du nom ridicule de Madame de Fischtaminel. Caroline l'admire tout en la jalousant, s'en sert pour parvenir à ses fins, soupçonne son mari d'avoir une liaison avec elle.
L'ensemble se lit très agréablement, on a l'impression que Balzac s'est offert une récréation en traitant un sujet plus léger qu'à l'ordinaire mais il semble aussi un peu un précurseur de la sociologie.
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