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Citations sur Une vieille maîtresse (76)

Ma chère marquise, si je vous racontais mes sentiments plus que les événements de cette histoire, je ne pourrais vous dire fidèlement ceux de cette époque de ma vie, tant ils furent affreux ! Il me semblait que j’avais un cancer au cœur… Ah ! n’être pas aimé c’est toujours un effroyable supplice, — un non-sens humain, car l’amour devrait appeler l’amour ; — mais ne pas l’être pour la première fois, quand les femmes vous ont appris l’orgueil de la fortune qui s’ajoute à votre autre orgueil ; mais n’être pas aimé par une créature laide et chétive qu’on juge bien inférieure à soi, qu’on écrase de son intelligence, qu’on méprise presque dans son corps et dans son esprit, et qu’on ne peut s’empêcher d’adorer et de placer dans tous ses songes, c’est là une de ces catastrophes de cœur à laquelle, dans les plus cruelles douleurs de la destinée, il n’y a rien à comparer. Si parfois j’avais dans ma vie traité trop légèrement des âmes qui s’étaient trop livrées à moi, elles étaient bien vengées maintenant. J’expiais ce que j’avais fait souffrir. Elle ne m’aimait pas ! J’en arrivais, de dépit, de fatigue, de rage, aux projets les plus ridicules et les plus fous.
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« Alors, avec ce flegme britannique qui est aussi une éloquence, le baronnet tira de sa poche deux petits pistolets et m’en tendit un :

« — À quatre pas ! — dit-il, — et feu !

« — Non, monsieur, — lui dis-je, repoussant son arme et pénétré de son sang-froid. — Pas en cet instant, pas devant Madame, mais demain et à l’heure qui vous conviendra.

« — Eh bien, — répondit-il, — demain, à dix heures, et dans ce chemin qui a vu l’injure et qui verra la punition !

« — Va donc pour dix heures ! — repris-je, en regardant cette femme inouïe, cause de ce duel que j’étais heureux d’avoir pour elle.

« — Pourquoi pas tout à l’heure ? — dit-elle en fronçant les sourcils comme une enfant contrariée et despote. Et, s’adressant à moi avec un regret d’une cruauté révoltante :

« — J’aurais cependant bien aimé — dit-elle — à vous voir tué aujourd’hui. »
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— Oui, monsieur, » — dit Oliva en débarrassant le vicomte de son manteau. Cette belle soubrette, à la taille de déesse, étalait une beauté étrange et une mise plus étrange encore. Elle avait les cheveux d’un rouge flamboyant, largement tordus sous un peigne d’écaille blonde, les bras nus et une robe de soie. C’était mauvais ton peut-être que cette mise, pour une fille de service chez qui rien n’indiquait la femme de chambre, si ce n’est le tablier blanc consacré. Elle éclaira, de son bougeoir de cristal, M. de Prosny et lui fit traverser plusieurs pièces. Elle marchait d’un pas résolu et voluptueux tout ensemble, et l’on entendait craquer sur les tapis le satin turc de sa bottine. Son ondoyante taille profilait d’alliciantes ombres sur les draperies qu’elle éclairait en passant. Il fallait que la señora Vellini eût une grande idée de sa beauté pour garder chez elle une camériste de cet air-là. Il fallait qu’elle eût l’orgueil immense qui naît de la force éprouvée. La plus altière du faubourg Saint-Germain aurait renvoyé haut la main une femme de chambre au port si princesse, et qui, en tendant un plateau ou une lettre, prenait tout naturellement des attitudes à exposer ses amies et soi-même aux plus écrasantes comparaisons.

Quand on voyait Oliva, l’idée venait : si c’est là la soubrette, qu’est donc la maîtresse ? Mais le vicomte de Prosny ne pouvait se prendre à une telle préface. Il connaissait la señora Vellini, et il devait la retrouver avec quelques années de plus.
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Sa fille, qu’elle aimait sans doute, mais qui ne lui plaisait pas, — cette chose importante pour que les affections soient profondes ! — avait épousé un des descendants des Polastron.
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— … Vous ne voyez rien à travers vos lunettes, mon cher contemporain ? — interrompit la comtesse, jouant l’incrédulité avec une câlinerie perverse. — Dois-je croire cela de votre ancienne sagacité ?
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Le goût est la conscience de l'art.
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L'amour le plus sincère n'est pas exempt de fatuité.
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Les grandes réputations sont fondées sur de grandes calomnies.
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Tous les êtres vulgaires de cœur et grossiers de sens prennent la passion pour de l'amour.
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Le passé, cette nostalgie du temps, comme le mal du pays est la nostalgie de l'espace.
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