Pour son entrée dans le monde de la fiction,
Damian Barr s'attaque à un sujet d'envergure : l'Afrique du Sud, dont l'histoire tourmentée ne manque pas de dérouter le lecteur. Croisant deux histoires de vies à plusieurs dizaines d'années d'intervalle, il nous parle des premiers camps de concentration de l'histoire, de ceux, déguisés, qui existent encore aujourd'hui, et de la ségrégation tenace entre colons blancs historiques et kaffirs noirs. A travers les destins de Sarah van der Watt, enfermée avec son fils dans un camp lors de la Seconde Guerre des Boers, et de Willem, petit garçon sensible et trop gâté envoyé par sa mère dans un camp d'entraînement de l'extrême droite pour y devenir un homme, c'est tout un pays qui se dévoile dans sa complexité, illustrant notre méconnaissance de son histoire et de ses enjeux.
Si cette lecture n'a franchement pas été simple vu le contexte, je dois dire que je l'ai trouvée très instructive, d'un point de vue historique et politique, puisqu'elle m'a permis de découvrir une période, une guerre et un pays que je connaissais à peine.
Damian Barr nous décrit patiemment la réalité de l'époque, les enjeux sous-jacents de ces guerres des Boers, leurs répercutions sur la vie d'aujourd'hui, et bien sûr l'évolution du pays après l'apartheid et la fin officielle des discriminations, afin de nous donner un aperçu de la complexité de ce territoire malmené par les puissances coloniales et encore profondément blessé. Si je reste persuadée que le style est probablement meilleur en langue originale, ça s'en reste pas moins un récit qui se lit bien, et permet d'élargir nos horizons et connaissances.
Par un entrecroisement habile de ses personnages,
Damian Barr nous montre que la violence n'engendre que la violence, inversant les rôles au cours de l'Histoire, transformant les enfants de victimes en bourreaux assoiffés de vengeance.
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