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Critique de ALDAMO21


« Toi qui hurles sans gueule
Mords sans dents
Fascines sans yeux
Face creuse
Toi qui fais bondir la pantomime des ombres et des lumières
Coupe sans faux
Arrache claques et bats
Sans bras sans mains sans fouets sans fléau
Fléau toi-même vent levant du Levant
Toi qui mets le tonnerre au coeur de la forêt
Et fais courir les géants de sable au désert
Père des vagues des cyclones des tornades
Déformant d'hystérie la face de la mer… »

( Je n'ai pas peur du vent - Roger Gilbert- Lecomte)
*

C'est le seul livre de toute la bibliographie de Claire Barré que je n'avais pas encore lu.
J'aime beaucoup l'univers de cette auteure qui me fait voyager à travers ses récits, souvent psychédéliques, souvent fantasmagoriques, parfois chamaniques.
Des récits aussi parfois fantastiques et sombres où Claire y apporte toujours une lumière finale d'espoir.
*

« Phrères » est à la fois un mélange habile de fiction et de biographie, dont la plume de l'auteure n'a jamais été aussi poétique.
Et pour cause, Claire nous fait découvrir des poètes mal connus, ceux qui furent classés comme pour un Paul Verlaine ou pour un Arthur Rimbaud, de « Poètes maudits ».

Nous allons alors faire connaissance d'un morceau de la vie de Roger Gilbert-Lecomte et de son grand ami René Daumal, passionné d'ésotérisme, qui se sont rencontrés en 1923, sur les bancs du lycée « des Bons-Enfants » à Reims.

Les deux poètes sont des idéalistes, sont mal dans leur peau, entrent parfois dans des délires et des extravagances presque parfois suicidaires.
Les deux jeunes gens se droguent en s'asphyxiant avec de l'alcool, de l'éther, du tétrachlorure de carbone, puis ensuite de la strychnine ou de l'opium. Ils sont persuadés que leur état second leur permettra d'explorer certaines limites de leurs consciences et qu'ils pourront ainsi s'aventurer aux orées inconnues de la mort.
*

C'est à cette même époque qu'ils fondent une société secrète « les Phrères simplistes », auquel sont venus s'ajouter Robert Meyrat et Roger Vailland.

Les quatre jeunes se définissent ainsi :

« Nous sommes des enfants, et comme les petits enfants, simples et ignorants, nous possédons la vraie connaissance ». Leur but, c'est le programme d'Arthur Rimbaud : chercher « l'immense dérèglement raisonné de tous les sens », changer la vie.
*

Nous sommes à un moment crucial de la vie de Lecomte et de Daumal, qui ont seulement 17 ans, et qui ont décidé de se suicider. Les deux autres Phrères ne semblent pas, pour l'instant aller à l'encontre de la volonté des deux suicidaires.
Chacun des deux amis et adeptes de « la roulettes russe », va faire sa propre préparation psychologique pour partir au mieux dans l'autre monde…

Claire Barré relatent si bien ces faits qu'ils auraient pu exister ou qui ont peut-être existé. Elle nous plonge dans les méandres inconnus et très sombres du cerveau d'êtres qui sont en plein processus d'autodestruction.
C'est à la fois frissonnant, glaçant, angoissant et hypnotisant !
*

Roger Gilbert-Lecomte et René Daumal iront-ils jusqu'au bout de leur démence ?
A moins que Pulchinella, la jeune fille dont les garçons sont amoureux, à moins que les deux autres Phrères, empêchent ce drame imminent.
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