Claire Barré - Pourquoi je n'ai pas écrit de film sur Sitting Bull
Je me retrouvais dans une forêt enneigée. Les arbres se dressaient autour de moi, plus noirs que bruns. Le ciel était d'un bleu ardent, proche de cette haute fréquence vibratoire qui prennent les couleurs, quand on les contemple sous LSD.
Ca ressemblait à un rêve profond, sauf que j'étais entièrement consciente de ce qui se passait. Je ne voyais pas mon corps mais percevais sa présence et c'étaient mes yeux intérieurs qui regardaient la scène.
Me revient en mémoire ce proverbe cree, parfois attribué à Sitting Bull: Quand le dernier arbre aura été abattu, la dernière rivière empoisonnée et le dernier poisson pêché, alors l'homme s'apercevra que l'argent ne se mange pas.
Un samedi midi, je déjeunais tranquillement en famille, quand un visage d'indien m'apparut.
L'apparition en elle-même n'est pas évidente à décrire.
Une fine paroi transparente, courbée comme la rétine d'un œil, se plaça subitement entre le monde et moi, et sur cette paroi était imprimé le visage d'un chef indien.
Comme ils aiment les étaler ces mots boursouflant leur langage et leur écrits, comme ils aiment manier la langue en l'ornant de mots à chaussetrapes, à tiroirs. Moyen sûr de crypter leur pensée, de ne l'ouvrir qu'aux érudits, à ceux capables de déchiffrer le fond derrière la forme, capables de simplifier à l'extrême, de revenir au sens pur, clair.
Ils savent que l'alchimiste doit cacher ses découvertes derrière des codes, que l'hermétisme est la clé de la recherche, que révélation rime avec dissimulation. Tous ne sont pas dignes de plonger dans le labyrinthe sacré de leurs esprits, seuls quelques élus feront l'effort de les comprendre. Et à eux seuls, les Phrères simplistes ouvriront leur âme. A eux seuls. Et les autres peuvent bien aller se pendre avec la corde du quotidien.
Stella arpente la rue ,ses talons hauts piétinent les pavés inégaux les volutes de sa cigarette enveloppent sa silhouette, l'effacent aux yeux des passants ,la protège. Elle fume ,fait les cent pas ,observe ses ongles--rougis comme Amir aime qu'elle rougisse.
Hésite à rejoindre la chambre.Regarde la fenêtre aux rideaux bleus.
Tirés
L'espoir a du mal à fleurir, dans ces contrées.
Les adolescents qui grandissent dans les réserves manquent de rêves. De perspectives. Le taux de suicide des jeunes Amérindiens explosent tous les records des Etats-Unis. Les adolescents afro-américains finissent souvent en prison ou avec une balle dans la tête, les jeunes Natifs prennent leur propre vie.
Cette situation est dramatique.
C'est pour cette raison qu'il souhaiterait que je parle de tout ça. De cette misère, non pas forcément sociale, mais humaine : la mort du rêve. L'impossibilité de se projeter dans un avenir radieux. Alcoolisme, obésité, addictions, endettement, violence. Voilà, selon lui, le quotidien de ces enfants. Ils n'ont plus de liens avec leurs racines, parlent la langue de leurs oppresseurs. Subissent un racisme constant qui ne cessent de les rabaisser, de les ostraciser.
Ernie sourit. M'explique que, pour les Lakotas, les regrets ne servent à rien.On a fait une chose ou on ne l'a pas faite.Se dire qu'on n'aurait pas dû la faire est vain.Il faut assumer ses choix passés et vivre avec.
Des jeunes filles cueillaient des fleurs, quand, soudain, un ours gigantesque, apparut près à les dévorer crues. Les jeunes filles, éplorées, prièrent le Grand Esprit qui fit surgir le monolithe des entrailles de la terre pour les protéger.
L'ours, furieux de voir son repas lui échapper, essaya de grimper sur Devil's Tower, et ne réussit qu'à le rayer avec ses griffes.
Un aigle vint sauver les jeunes filles et les prit sur son dos, s'envolant au loin. L'ours les poursuivit, puis finit par s'effondrer de fatigue. Son corps se transforma en colline : Bear Butte.
Quant aux jeunes filles, elles se métamorphosèrent en étoiles : les Pléiades (que les Amérindiens appellent "les sept soeurs").
Il vaut mieux garder espoir, semer de belles choses dans chacune de nos intentions et actions, plutôt que de redouter les mauvaises et se battre contre les ombres.
"- Ça veut dire quoi Nitchevo?
- Rien.
- Ça ne veut rien dire?
- Si. Ça veut dire "rien", en russe."