AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La décimation (14)

Quel plaisir, quelle gloire, quelle joie doit donc apporter la guerre, pour qu’ils y partent tous ainsi ?

Je me souviens avoir eu l’impression que la voix d’une belle femme appelait et qu’un vaste pays d’abondance s’étendait devant moi.

Pourquoi ai-je été un des rares hommes à survivre à ce long périple ? Je ne trouve aucun indice, aucun fragment d’ordre ou de détermination, même si je savais depuis le début – ou presque depuis le début – que j’allais effectivement survivre.

Ai-je vécu depuis de manière à justifier d’avoir été épargné ? Ai-je accompli quoi que ce soit de magnifique, accompli plus que n’auraient pu le faire ceux qui sont morts ? Cinquante ans plus tard – je suis éleveur de bétail, des chèvres, des moutons et des bovins, je fais pousser du maïs et du coton –, je ne vois aucune raison à ma survie, mais, en même temps, je ne vois aucune bonne raison non plus d’avoir franchi la frontière, pour commencer.
Commenter  J’apprécie          10
L’oiseau, quel qu’il fût, ne semblait pas s’intéresser à nous personnellement, mais il paraissait déterminé à tout détruire sans aucune raison, et cette indifférence impitoyable rendait la terreur qu’il suscitait à peine moins effrayante.
Commenter  J’apprécie          20
Je me trouvais dans le grenier d’une maison inconnue. D’énormes poutres tombaient en traversant le toit et en fracassant les murs ; même si ces madriers paraissaient dirigés sur moi, je n’avais pas l’impression de courir le moindre danger. Cette fois-ci, lorsque je me suis réveillé, je n’ai pas pu me rendormir, je suis donc sorti et suis resté assis dehors jusqu’à l’aube, en regardant autour de moi et en attendant.
Commenter  J’apprécie          10
Mon cœur battait la chamade, mais l’univers semblait vaste et calme, intact.
Commenter  J’apprécie          10
Je crois que j’ai alors compris que je survivrais à bien des épreuves – que certains sont élus sans aucune raison – et la dimension solitaire de cette révélation fut violente et totale, impliquant ma plus grande peur, celle d’être abandonné, d’être laissé en arrière. C’était une peur qui avait sa place dans le monde. J’avais l’impression d’être peut-être mis en demeure de maintenir brûlante une certaine terreur dans mon cœur, jusqu’à ce que l’incendie s’éteigne de lui-même.
Commenter  J’apprécie          10
Ce fut l’un de ces regards qui tomba sur moi ce matin-là, lorsqu’ils entrèrent dans notre ville.
Commenter  J’apprécie          10
Nous ne savions pas non plus que la veille au soir, au bivouac, les deux capitaines s’étaient demandé – sans qu’il y ait vraiment eu de discussion – s’ils allaient chercher à LaGrange ces quarante hommes qui leur manquaient encore, ou s’ils allaient plutôt filer vers le nord-ouest et Bastrop.
Commenter  J’apprécie          10
Notre ville était alors un peu comme le calme au cœur de la tempête. Nous vivions une sorte d’idylle bucolique, et nous le savions ; chaque matin, l’aube naissante nous trouvait déjà dans les champs, au travail. Et, paradoxalement, ce fut cette existence pastorale, cette paix dans l’œil du tourbillon, qui poussa nombre d’entre nous à abandonner le calme pour s’aventurer dans la tempête. Lorsque j’y repense, je perçois clairement l’ironie et la folie de tout cela, mais à l’époque cela paraissait parfaitement sensé : comme si de telles décisions et de telles notions avaient été prédéterminées.
Commenter  J’apprécie          10
Trop jeunes pour nous être battus à fort Alamo, mon ami James Shepherd et moi-même pensions avoir définitivement manqué l’occasion de faire la guerre. Nous pensions qu’avec la victoire de San Jacinto, moins d’un mois après la chute de fort Alamo, une écœurante période de paix et de douceur molle s’était abattue sur le pays et, avec elle, un déluge de faiblesse. Nous pensions que notre virilité ne serait jamais mise à l’épreuve.
Commenter  J’apprécie          10
Quelle était la part de la haine, quelle était celle de l'amour ? Dans notre expédition, les deux étaient également présents. Nos commandants, Thomas Jefferson Green (qui fut ainsi nommé en l'honneur de son grand-oncle de Virginie) et le capitaine William S. Fisher, furent dès le départ enclins à tresser les deux ensemble, l'amour et la haine, de façon à pouvoir, au bout du compte, nous posséder totalement. Nous devînmes une sorte de corde, qu'ils maintenaient enroulée sur elle-même, avant de l'utiliser pour servir leurs propres buts - Thomas Jefferson Green étant à la poursuite de l'amour, à mon avis, tandis que Fisher était tout entier attaché à l'assouvissement de sa haine. C'est un miracle si certains d'entre nous s'en sont sortis vivants, et même si je n'avais que seize ans lorsqu'ils sont arrivés chez nous à cheval, cherchant à recruter des volontaires, je ne les tiens pas pour responsables de ce qui fut mon libre choix. Ils ne faisaient que passer : l'un invoquant le patriotisme, l'autre la vengeance. À eux deux, ils convainquirent les quelques-uns d'entre nous qui n'avaient pas encore été emportés par l'une ou l'autre de ces deux émotions.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (143) Voir plus



    Quiz Voir plus

    C'est la guerre !

    Complétez le titre de cette pièce de Jean Giraudoux : La Guerre ... n'aura pas lieu

    de Corée
    de Troie
    des sexes
    des mondes

    8 questions
    1129 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , batailles , armeeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}