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Citations sur Le blues roumain, tome 1 (42)

faille temporelle

il est encore temps
de freiner avant les clous
de voir ses cheveux blanchir
de poursuivre les études
et d’obtenir un nouveau diplôme
peut-être même un doctorat
il est encore temps
pour la promenade du soir
pour le sommeil de beauté
pour les préparatifs d’hiver
pour écrire au moins deux poèmes
et deux solitudes

il est encore temps
de devenir pauvre comme job
ou d’épargner de l’argent
pour payer les factures acheter des fringues ou des loisirs
compulsivement
d’oublier plusieurs fois le même être
de t’oublier toi
de regarder en toi
de te chercher
de te pardonner
ou de prétendre jusqu’à la fin
que tout va bien oh oui tout va bien

et puis il est temps
il est grand temps de comprendre
que tout ce qui te reste est juste cet instant de maintenant
et la douceur
et la douceur

(Petronela Rotar, p. 102)
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Séjour en tachycardie

Le cœur a quatre chambres mais aucun hall.
Il n’a ni cuisine, ni salle de bains, ni balcon
et il lui manque surtout un cellier.
Je me suis assise sur les bagages et j’attends que tu me fasses de la place.
Je t’entends jurer doucement pendant que tu jettes les affaires de ton ex sur le feu
ou par la fenêtre.
Mais attends, ton cœur n’a pas de fenêtres,
il a seulement des portes bancales qui grincent comme 4 orchestres
et sonnent faux.
Les portes de ton cœur sentent le ragoût ou les lardons frits.
Tu aimes manger gras.
Tu vas crever de cholestérol et je serai enfermée dans ton cœur mort.
4 chambres, aucun hall, aucun balcon.
Ton cœur est un appartement sans le moindre confort.
Une niche, qui diable voudrait y vivre ?
Je pars les mains vides vers le soleil.
Je te laisse en souvenir mes 16 jambes
et je cours.

(Raluca Feher, p. 95)
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l’art de la peur

bientôt tout se passera à l’envers :
tu me haïras de ton ancien amour
et je me saignerai pour ne pas te décevoir

tu l’as dit toi-même :
la beauté ne dure qu’un moment
la laideur — une éternité

(Ioan Es Pop, p. 93)
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TROP, PLUS, TRÈS

Vous qui êtes
trop fatigués pour pouvoir dormir
trop seuls pour pouvoir aimer
trop licornes pour être caressés sur le front
trop bateau pour vous jeter à l’eau
trop sérieux pour rire avec Mister Been
trop adultes pour vous rappeler le pays de l’enfance
plus fâchés que le ciel de plomb
et plus amers que la Mer de l’Amertume
plus blasés que le coucou de l’horloge
plus indécis que le vol de la libellule
vous, très mécontents de cela. Ou plutôt de tout cela,
très attentifs à la déco de votre tralala
laissez, je vous prie, l’espoir de ne pas entrer
et commencez à conjuguer le verbe aimer

(Iv cel Naiv, p. 89)
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ce pays centrifuge qui est le mien

un pays centrifuge
qui bouge sur la carte
un lieu mouvant où la seule échappatoire
est de te placer au plus près du centre
et une lutte fratricide pour ce point s’enclenche
où la force d’expulsion multiplie le zéro

quand j’étais petit
ma mère avait une centrifugeuse électrique
elle chargeait dedans le linge fraîchement lavé
et ce monstre de mécanique primitive commençait à vrombir
faisant trembler les murs et le plancher en béton
énervant tous les voisins

et par un orifice
s’écoulait ce qu’il restait de la sève des tissus
après avoir été essorés
comme les dernières gouttes de sang
d’un cadavre frais

à la fin on ôtait le couvercle
et on décrochait du cylindre métallique les habits écrasés
entremêlés drôlement
une manche qui sortait par le col
une autre fourrée dans la jambe
ou la braguette du pantalon
je sortais un mouchoir des poches
et je cherchais la face des choses
tournées à l’envers
elles étaient presque sèches et terriblement froissées
comme si elles étaient mâchées par un ogre
extrêmement attentif à sa propre digestion
mais il y avait toujours une chaussette qui manquait à l’appel
comme si elle avait voulu migrer
quitter cet endroit qui la faisait tourner en bourrique
pour des cieux plus sereins

et ce pays centrifuge qui est le mien
dont personne n'a encore trouvé le bouton
« stop »
rugit quelque part sur la carte
à rotations maximum

(Vitalie Vovc, pp. 81-82)
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La rencontre

j’ai rencontré un homme
qui avait été foudroyé
au milieu d’un champ

non seulement il n'est pas tombé
mais il a continué de marcher
connecté à l’éclair du ciel
comme un jouet téléguidé

je lui ai dit - méfiant -
que dieu était grand
il m’a répondu en souriant
que Dieu était enfant

(Robert Șerban, p. 78)
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l’ascension

cet automne
à la commémoration des 40 jours
j’ai dessiné sur la terre qui t’abrite
un cœur aux chandelles

ce cœur a des défauts
– comme les tranches fines de poivrons
avec lesquelles je t’écrivais des messages innocents
sur les sandwichs préparés pour le petit déjeuner –
mais on entend son battement
qui s’élève en l’air
comme un papillon amoureux
du soleil

(Horia Ghibuțiu, p. 70)
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les taches

douce enfant penchée sur un cheval en bois
pendant les nuits d’hiver et les jours de chimères
le nez dans la lune
le menton appuyé sur un nuage

de l’autre côté de la vie
une femme mûre balayait ses espoirs
elle les portait à un arlequin
décoloré d’illusions

au-dessus du cheval en bois
l’existence avait dessiné
sans répit
des taches de bonheur

(Mihaela Colin, p. 67)
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bonne nuit le salut

aujourd’hui nous ne sommes plus vraiment
sur les mêmes longueurs d’onde de la radiation orange
émise par krypton 36

si on visitait la grosse pomme cet été
on fonderait aux pieds des gratte-ciels
dressés comme des bêtes
entre les deux guerres
et tes cheveux seraient aussi mouillés
qu’après une pluie d’apocalypse
ou après que nous avons fait
un amour si intense
qu’il en resterait des vagues
à nos arrière-petits-enfants

des vagues pour rire
jouir
ou mourir

(Felix Nicolau, p. 65)
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Un ange qui rêve

Un matin d’hiver
tu dormais si profondément

ta respiration était moins tranquille
que la blancheur de la neige

pendant que je te regardais
tirer les rideaux rouges du froid

(Traian T. Coșoveim p. 62)
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