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Je remercie babelio et les éditions Unicité pour ce moment de grâce qu'ils m'ont offert. J'ai eu beaucoup de chance lors de la dernière opération masse critique. En effet, la lecture de ce recueil de poésies avait tout pour me plaire. Une superbe couverture tout d'abord. J'adore les tons sombres d'où surgissent une luminosité et des coloris délicats. Ici, il faut féliciter Iulia Schiopu, pour la première de couverture et l'illustration intitulée « La Blouse roumaine », ainsi que Horațiu Weiker, dont la quatrième de couverture reprend (c'est un peu dommage que cela soit en taille 4 x 5 cm) le tableau « Il est où le bonheur ». Sur celui-ci on peut lire ceci : « Când o cauți/Fericirea e ca un ac/ În carul cu fân/Când o găsești, / E un nod/ În papură! » (Quand on le cherche/ le bonheur est comme une aiguille/Dans une botte de foin/ Quand on le trouve/ C'est un noeud dans la canne de jonc ! Cette dernière expression est l'équivalent de « chercher des taches dans le soleil »)

Voici la liste des 57 auteurs réunis ici. Elle trône légitimement avant la préface de Jean-Pierre Longre. Il faut y ajouter le poète Radu Bata avec plusieurs poèmes d'ailleurs (« la beauté », p. 31, « pornographie avec les nuages », p. 43, « plus chauds sur la banquise, plus seuls dans la bise », p. 76-77, « flagrant délit de faciès dans le pays du feu aux fesses », p. 84, « entre les cuisses de la nature », p. 126-127) : Iuliana Alexa, Dan Alexe, Luminita Amarie, George Bacovia, Ana Barton, Ana Blandiana, Max Blecher, Dorina Brândusa Landén, Emil Brumaru, Alexia Ema Ema/Artema Burn, Nina Cassian, Mircea Cartarescu, Mariana Codruţ, Mihaela Colin, Ben Corlaciu, Traian T. Coșovei, Silviu Dancu, Carmen Dominte, Rodian Drăgoi, Adela Efrim, Mihai Eminescu, Raluca Feher, Anastasia Gavrilovici, Horia Ghibutiu, Matei Ghigiu, Silvia Goteanschii, Mugur Grosu, Cristina Hermeziu, Nora Iuga, Vintilă Ivănceanu, Claudiu Komartin, Ion Minulescu, Ramona Müller, Ion Mureșan, Iv cel Naiv, Bil Bill Kostel Bezos/Felix Nicolau, Florin Partene, Elis Podnar, Mircea Poeana, Ioan Es Pop, Alice Popescu, Radmila Popovici, Eva Precub, Petronela Rotar, Ana Pop Sirbu, Octavian Soviany, Nichita Stănescu, Petre Stoica, Ramona Strugariu, Robert Serban, Mihai Şora/Luiza Șora, Iulian Tănase, Mihai Ursachi, Paul Vinicius, Gelu Vlasin, Vitalie Vovc, Anca Zaharia

Une poésie qui me parle, une poésie aux thématiques variées, une poésie résolument moderne, d'où internet par exemple n'est pas absent (cf. notamment p. 42 où l'on reçoit « comme un hostie infinie/ like après like »), bien au contraire, il serait même à l'origine de la rencontre des différents protagonistes. Une poésie qu'on lit sans modération et qu'on a envie de citer à profusion.
Je vous recommande ce recueil dont l'avant-dernier poème me semble brillant : « nous sommes tous/ une fourmi/traversant/-insouciante-/ le tranchant / de la hache » (p. 129, poème de Petre Stoica), car quoiqu'il arrive il ne faut pas « renonce[r] à la marotte fourbe de la poésie » (p. 106, poème de Mihai Ursachi), elle nous teint souvent en vie, parfois en joue.
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« On peut se taire comme si on faisait une révérence aux mots du futur » (cf. le poème « Sept silences et une attente », p.19). On peut aussi affirmer haut et fort son plaisir de lecture. Je fais une révérence à cette anthologie qui comprend des poèmes variés et frais.
La traduction me semble de bonne facture et plutôt réussie même si Radu Bata, lui-même poète, adapte pas mal. le livre m'a été prêté par Tandarica et je ne regrette pas cette lecture. À l'instar de Octavian Soviany, je vous souhaite d'ores et déjà un Joyeux Noël (cf. Voeux, p. 27-28).
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Un titre en forme de clin d'oeil à la « Blouse roumaine » de Matisse – ce vêtement chargé de fleurs et de motifs divers, apparemment sans logique, et qui finissent par former une image harmonieuse –, donne envie de se plonger dans ce joli livre.

Le « Blues roumain » (recueil, anthologie « imprévue », florilège, traductions « inopinées ») rassemble 57 poètes roumains rencontrés au cours de ses investigations « fortuites » par Radu BATA. Une poésie contemporaine et sensible, proche du quotidien, lyrique, mais sans excès, mélancolique et « bluesy » où chacun trouvera de quoi alimenter sa rêverie, son désespoir ou son envie d'ailleurs.

« On peut se taire en enfermant de l'intérieur tous les mots qui nous habitent » (J. Tanase). On peut aussi « grignoter en cachette les lettres tombées par terre » (M. Ghigiu), « marcher sur le fil du soir comme une lumière sur une balançoire » (R. Bata) et se persuader que « la douleur n'existe pas. Il existe seulement des blocs de glace sur lesquels nous accrochons nos vêtements comme sur un porte-manteau » (A. Efrim).

Aimer surtout cette « Météo du coeur » de R. Serban :
« Après la fin
d'un amour
la vie se ferme
comme un parapluie
jusqu'à
la prochaine averse »

Merci à Babelio et aux éditions Unicité





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La grâce du labyrinthe



Le hasard fait bien les choses, surtout s'il est sollicité par les poètes. En l'occurrence, cette anthologie a bien été « imprévue » par un poète, qui plus est, un poète bilingue, qui passe le plus aisément du monde de sa langue maternelle à sa langue d'adoption, et inversement. Une chance pour nous, lecteurs, qui pouvons aller en toute confiance sur ses traces, nous promener parmi ses traductions et « adaptations » (oui, l'artiste se permet tout) de textes qui n'ont jamais dit leur dernier mot, et qui, s'ils ne prétendent pas représenter toute la poésie roumaine (remarquez le pluriel indéfini du sous-titre), y font de larges et profondes incursions.
La poésie roumaine ? s'interrogeront certains. Ah oui, Tristan Tzara, Benjamin Fondane, peut-être même Gherasim Luca. Bien sûr, ils sont indispensables à notre connaissance du passé littéraire proche et à notre culture… française, puisque ces Roumains ont écrit en français. Mais en Roumanie, dans la langue du pays ? Depuis trente ans, libérée d'une censure qui faisait peser sa contrainte (parfois productive, le plus souvent accablante) sur toutes les formes artistiques, la poésie a éclaté dans des directions très diverses, s'enrichissant d'une expression librement retrouvée, transcendant le lyrisme et la sensibilité, la passion et la vitalité inhérents à l'esprit roumain. le nombre de publications, en revues et en volumes, en ligne et sur papier, témoigne de la richesse poétique actuelle d'un pays de grande culture, que la lecture des pages qui suivent contribuera heureusement à faire connaître.
Attention ! Qu'on ne s'attende pas à y trouver quelque folklore, quelque exotisme que ce soit, même si le passé, la tradition, se rappellent à nous avec, par exemple, un quatrain d'Eminescu — qui n'a rien de folklorique. Et si le titre, « le blues roumain », fait allusion, en particulier, à la fameuse « blouse roumaine » immortalisée par Matisse, il peut renvoyer aussi au sentiment d'indéfinissable nostalgie que les Roumains condensent en un petit mot, le « dor », et à bien d'autres domaines poétiques et musicaux qui passent largement les frontières, voire les océans. Donc, pas de folklore, mais, véritablement, de la poésie d'aujourd'hui (et un peu d'hier), parfois complexe, plus souvent d'une simplicité toute suggestive, déclinée sur tous les tons, révélant toutes les sensibilités, s'adonnant à toutes les formes de vers et de prose, avec cependant, pour ainsi dire, un programme commun dévoilé dès le début par Nichita Stănescu : le poète « est touché par la grâce / et le souci des autres ».
Des gestes quotidiens aux visions fantastiques, de l'attente à la résignation, de la résignation au pessimisme, du silence éloquent à la parole légère, les textes choisis par Radu Bata ouvrent des passages étroits et infinis, jamais obscurs, toujours à taille humaine. Au choix, les chemins mènent, au-delà des paradoxes du désespoir et des cimes de la solitude, vers des tableaux insolites, étranges, voire surréalistes (au vrai sens du terme), parfois impressionnistes (toujours au vrai sens), d'où ne sont pas exclus les sourires de l'humour et les éclats de la vie heureuse. Et la nature est là, qui apaise et qui rassure, qui meuble les vides de l'existence humaine et humanise la violence du réel, qui « tire les rideaux rouges du froid », semant des « flocons d'espoir », de la « douceur » et de l'harmonie. Par-dessus tout, l'amour, ses couleurs, ses lumières et ses surprises, ses déceptions quand même, les battements du coeur rythmant les pensées et les phrases, les beautés de l'ici et les plaisirs du maintenant.
Il est temps à présent de suivre Radu Bata dans le labyrinthe enchanté de ses lectures, où l'on reconnaîtra ou découvrira quelques « valeurs sûres » appartenant à notre époque ou au passé proche (outre Eminescu et Nichita Stănescu déjà cités, Max Blecher, Nina Cassian, Ana Blandiana, Ion Mureşan, Mircea Cărtărescu, Paul Vinicius, Ioan Es Pop…), où l'on pourra s'arrêter sur quelques-unes des « poésettes » du traducteur, où l'on décèlera quelques influences et allusions plus ou moins ouvertes qui n'empêchent pas l'originalité de s'épanouir tous azimuts, où l'on croisera même Bernard Pivot, mais, aussi et surtout, où l'on fera maintes belles rencontres, maintes belles balades au fil desquelles on pourra trimballer son « cabas plein de météores », retrouver « le pays de l'enfance », contempler « un nuage qui a la forme d'un bateau », dormir avec « les bonnes planètes », « continuer de rêver » et répéter avec George Bacovia : « Des vers, ma mie, lis-moi encore ! »

Jean-Pierre Longre
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Lire de la poésie
est toujours un régal,
de petites tranches de vie
présentées sans égal!

Des textes souvent pertinents
parfois impertinents
chantant tantôt l'amour,
la nature, la nuit, le jour...

Forcement tout ne plait pas,
mais quelques perles
se cachent ici ou là,
entre consonnes et voyelles.

Une anthologie imprévue,
mais très bien vue,
que Radu Bata
traduisit et rassembla.

Une belle découverte,
que tous ces textes,
que les Roumains poètes
nous laissent en tête...

A lire
et relire!
A déguster
et recommander!

Merci Babelio!
Merci Unicité!
Pour ces textes beaux,
tout en subtilité...

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On connaît généralement Eugène Ionesco, Mircea Eliade. Au mieux, Benjamin Fondane, Tristan Tzara, Ghérasim Luca, et puis c'est tout. Est-ce pour réparer cette injustice que Radu Bata, également auteur d'une dizaine de livres divers, s'est ingénié à regrouper plusieurs créateurs contemporains ? Sous-titré "anthologie imprévue de poésies roumaines", ce beau recueil rend hommage à une terre de littérature quelque peu oubliée en France, et plus généralement en Europe de l'Ouest. Outre leur nationalité, les différents auteurs ici regroupés semblent tous en proie au spleen, annoncée dès l'intitulé. le blues, nous le retrouvons sous la plume notamment d'Octavian Soviany : "Il nous reste la tristesse, ténue comme une bruine,/Dans les paumes ouvertes, sur la bouche, la poitrine,/Et le sang qui fuit vers la mort aérien./En dessous c'est le rien. Dessus, toujours rien" (p. 39). Ce franc désespoir fait souvent place à une forme de nostalgie plus douce, plus voilée et délicate, au souvenir d'amours passés, de plaisirs éteints, notamment chez Ben Corlaciu : "Comment vas-tu ? Merci, ça marche après l'aurore./Je vis, il n'y a pas d'autre solution. "(p. 92). Si le vers libre domine, la forme est parfois différente, rimée, mais toujours lisible, claire, loin de tout hermétisme. Radu Bata a choisi une poésie populaire, accessible, et certains textes s'apparentent également à des haïkaï, de brefs moments contemplatifs ou réflexifs, dépouillés : "nous sommes tous/une fourmi/traversant/-insouciante-/le tranchant de la hache" (Petre Stoica, p. 120).

Le « blues » roumain semble parfois atténué par une cocasserie très particulière, à la limite de l'absurde. Ainsi de Vitalie Vovc lorsqu'il évoque "un pays centrifuge" (p. 81-82), et une étrange machine à laver sous forme, précisément, de centrifugeuse détruisant les habits : "et ce pays centrifuge qui est le mien/dont personne n'a encore trouvé le bouton « stop »/rugit quelque part sur la carte/à rotations maximum". Nous nous plaçons ici aux confins du surréalisme, comme le suggère d'ailleurs la peinture d'Iulia Şchiopu reproduite en couverture, représentant une jeune fille dans une robe blanche décorée de fleurs, assise sur un village montagneux emblématique du pays. Et ce même si nombre de vers semblent ancrés dans le présent, dans ce qu'il a de plus immédiat, sinon trivial : "Dieu est encore plus visible et semble heureux/tu l'as connecté à Internet/ensuite aux réseaux sociaux/à e-mail YouTube aux torrents, écrit ainsi Robert Şerban" (p. 42), dénonçant indirectement le phénomène d'hyper-connexion, ou plutôt s'en amusant.

Par-delà le blues apparaissent également ces "taches de bonheur" dont parle Mihaela Colin (p. 67), et certains poètes semblent se contenter de célébrer l'existence à travers quelques phrases simples, sincères, bien senties. Tout n'est donc pas si triste, à Bucarest.

Article d'Etienne Ruhaud paru dans "Diérèse" 81 au printemps 2021.
Lien : https://pagepaysage.wordpres..
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