Georges Bataille est, dans le monde de la littérature, un cas à part : Nietzschéen dans l'âme, mélangeant allègrement dans ses oeuvres le sexe et la mort, il est celui que
Sartre déclara « inapte à la philosophie ».
Un adolescent de 16 ans rencontre une jeune fille prénommée Simone dont il tombe dès le premier regard éperdument amoureux et ensemble, ils finissent très vite par s'adonner à des jeux sexuels bien singuliers. Ils emmènent ensuite dans leur incongruité une dénommée Marcelle, une fille au discernement alambiqué et donc facilement manipulable. À trois, ils iront toujours plus loin, crescendo dans la folie et la frénésie sexuelle jusqu'à la scène finale dans l'église.
Le chapitre final nous dévoile la clé du récit : Il s'agit en fait d'une auto-psychanalyse, celle de
Georges Bataille lui-même. Chaque obsession prenant son véritable sens à la lumière de sa propre analyse.
Quant au texte, rédigé dans un style sommaire (on est très loin de Mauriac à tout point de vue), ce livre qui se veut outrancier, ne choque de nos jours plus personne, à part peut-être quelques âmes bien trop chastes tant les scènes de sexe mêlé à l'urine ou à un oeuf nous paraissent désuètes.
Georges Bataille fait vraiment pâle figure si on le compare au marquis de
Sade, qui lui est demeuré subversif jusqu'à maintenant.
D'une certaine façon, avec «
Histoire de l'oeil », nous sommes plus près des « Onze mille verges » d'
Apollinaire que des « 120 journées de Sodome » de
Sade, c'est-à-dire plus proche de la parodie que d'une véritable provocation. Ceci est indéniable.