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Citations sur Histoire de l'oeil (11)

A d’autres l’univers paraît honnête. Il semble honnête aux honnêtes gens parce qu’ils ont des yeux châtrés. C’est pourquoi ils craignent l’obscénité. Ils n’éprouvent aucune angoisse s’ils entendent le cri du coq ou s’ils découvrent le ciel étoilé. En général, on goûte les « plaisirs de la chair » à la condition qu’ils soient fades.
Mais, dés lors, il n’était plus de doute : je n’aimais pas ce qu’on nomme « les plaisirs de la chair », en effet parce qu’ils sont fades. J’aimais ce que l’on tient pour « sale ». Je n’étais nullement satisfait, au contraire, par la débauche habituelle, parce qu’elle salit seulement la débauche et, de toute façon, laisse intacte une essence élevée et parfaitement pure. La débauche que je connais souille non seulement mon corps et mes pensées mais tout ce que j’imagine devant elle et surtout l’univers étoilé…
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[…] ce qui me paraît être le terme de mes débordements sexuels : une incandescence géométrique (entre autres, point de coïncidence de la vie et de la mort, de l’être et du néant) et parfaitement fulgurante.
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Je me rappelle un jour où nous allions vite en voiture. Je renversai une jeune et jolie cycliste, dont le cou fut presque arraché par les roues. Nous l'avons longtemps regardée morte. L'horreur et le désespoir qui se dégageaient de ses chairs écœurantes en partie, en partie délicates, rappellent le sentiment que nous avons en principe à nous voir. Simone est simple d'habitude. Elle est grande et jolie; rien de désespérant dans le regard ni dans la voix. Mais elle est si avide de ce qui trouble les sens que le plus petit appel donne à son visage un caractère évoquant le sang, la terreur subite, le crime, tout ce qui ruine sans fin la béatitude et la bonne conscience.
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D’ailleurs les régions marécageuses du cul – auxquelles ne ressemblent que les jours de crue et d’orage ou les émanations suffocantes des volcans, et qui n’entrent en activité, comme les orages ou les volcans, qu’avec quelque chose d’un désastre – ces régions désespérantes que Simone, dans un abandon qui ne présageait que des violences, me laissait regarder comme en hypnose, n’étaient plus désormais pour moi que l’empire souterrain d’une Marcelle suppliciée dans sa prison et devenue la proie des cauchemars.
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- Justement, continua l'anglais, ces hosties que tu vois sont le sperme du Christ en forme de petit gâteau. Et pour le vin, les ecclésiastiques disent que c'est le sang. Ils nous trompent. Si c'était vraiment le sang, ils boiraient du vin rouge, mais ils boivent du vin blanc, sachant bien que c'est l'urine.
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Je suçais le sein de Simone en attendant les œufs mollets.
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Granero différait des autres matadors en ce qu'il n'avait nullement l'apparence d'un boucher, mais d'un prince charmant, bien viril, parfaitement élancé. Le costume de matador, à cet égard, accuse une ligne droite, érigée raide et comme un jet, chaque fois qu'un taureau bondit le long du corps (il moule exactement le cul). L'étoffe d'un rouge vif, l'épée étincelante au soleil, en face du taureau mourant dont le pelage fume, ruisselant de sueur et de sang, achèvent la métamorphose et dégagent l'aspect façinant du jour.
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J'ai été élevé seul et, aussi loin que je me le rappelle, j'étais anxieux des choses sexuelles. J'avais près de seize ans quand je rencontrai une jeune fille de mon âge, Simone, sur la plage de X… Nos familles se trouvant une parenté lointaine, nos relations en furent précipitées. Trois jours après avoir fait connaissance, Simone et moi étions seuls dans sa villa. Elle était vêtue d'un tablier noir et portait un col empesé. Je commençais à deviner qu'elle partageait mon angoisse, d'autant plus forte ce jour-là qu'elle paraissait nue sous son tablier.

Elle avait des bas de soie noire montant au-dessus du genou. Je n'avais pu encore la voir jusqu'au cul (ce nom que j'employais avec Simone me paraissait le plus joli des noms du sexe). J'imaginais seulement que, soulevant le tablier, je verrais nu son derrière.

Il y avait dans le couloir une assiette de lait destinée au chat.

– Les assiettes, c'est fait pour s'asseoir, dit Simone. Paries-tu ? Je m'assois dans l'assiette.
– Je parie que tu n'oses pas, répondis-je, sans souffle.
Il faisait chaud. Simone mit l'assiette sur un petit banc, s'installa devant moi et, sans quitter mes yeux, s'assit et trempa son derrière dans le lait. Je restai quelque temps immobile, le sang à la tête et tremblant, tandis qu'elle regardait ma verge tendre ma culotte. Je me couchai à ses pieds. Elle ne bougeait plus ; pour la première fois, je vis sa « chair rose et noire » baignant dans le lait blanc. Nous restâmes longtemps immobiles, aussi rouges l'un que l'autre.

Elle se leva soudain : le lait coula jusqu'à ses bas sur les cuisses. Elle s'essuya avec son mouchoir, debout par-dessus ma tête, un pied sur le petit banc. Je me frottais la verge en m'agitant sur le sol. Nous arrivâmes à la jouissance au même instant, sans nous être touchés l'un l'autre. Cependant, quand sa mère rentra, m'asseyant sur un fauteuil bas, je profitai d'un moment où la jeune fille se blottit dans les bras maternels : je soulevai sans être vu le tablier, passant la main entre les cuisses chaudes.

Je rentrai chez moi en courant, avide de me branler encore. Le lendemain, j'avais les yeux cernés. Simone me dévisagea, cacha sa tête contre mon épaule et me dit : « Je ne veux plus que tu te branles sans moi. »

Ainsi commencèrent entre nous des relations d'amour si étroites et si nécessaires que nous restons rarement une semaine sans nous voir. Nous n'en avons pour ainsi dire jamais parlé. Je comprends qu'elle éprouve en ma présence des sentiments voisins des miens, difficiles à décrire. Je me rappelle un jour où nous allions vite en voiture. Je renversai une jeune et jolie cycliste, dont le cou fut presque arraché par les roues. Nous l'avons longtemps regardée morte. L'horreur et le désespoir qui se dégageaient de ces chairs écœurantes en partie, en partie délicates, rappellent le sentiment que nous avons en principe à nous voir. Simone est simple d'habitude. Elle est grande et jolie ; rien de désespérant dans le regard ni dans la voix. Mais elle est si avide de ce qui trouble les sens que le plus petit appel donne à son visage un caractère évoquant le sang, la terreur subite, le crime, tout ce qui ruine sans fin la béatitude et la bonne conscience. Je lui vis la première fois cette crispation muette, absolue – que je partageais – le jour où elle mit son derrière dans l'assiette. Nous ne nous regardons guère avec attention qu'en de tels moments. Nous ne sommes tranquilles et ne jouons qu'en de courtes minutes de détente, après l'orgasme.

Je dois dire ici que nous restâmes longtemps sans faire l'amour. Nous profitions des occasions pour nous livrer à nos jeux. Nous n'étions pas sans pudeur, au contraire, mais une sorte de malaise nous obligeait à la braver. Ainsi, à peine m'avait-elle demandé de ne plus me branler seul (nous étions en haut d'une falaise), elle me déculotta, me fit étendre à terre et, se troussant, s'assit sur mon ventre et s'oublia sur moi. Je lui mis dans le cul un doigt que mon foutre avait mouillé. Elle se coucha ensuite la tête sous ma verge, et prenant appui des genoux sur mes épaules, leva le cul en le ramenant vers moi qui maintenais ma tête à son niveau.

– Tu peux faire pipi en l'air jusqu'au cul, demanda-t-elle ?
– Oui, répondis-je, mais la pisse va couler sur ta robe et sur ta figure.
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Je m'allongeais alors dans l'herbe, le crâne reposant sur une pierre plate et les yeux ouverts sur la voie lactée, étrange trouée de sperme astral et d'urine céleste à travers la voûte crânienne des constellation.
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Une nuit, ma mère et moi fûmes réveillés par un discours que [mon père] l’infirme hurlait dans sa chambre : il était subitement devenu fou. Le médecin, que j’allai chercher, vint très vite. Dans son éloquence, mon père imaginait les événements les plus heureux. Le médecin retiré dans la chambre voisine avec ma mère, le dément s’écria d’une voix de stentor :
– DIS DONC, DOCTEUR, QUAND TU AURAS FINI DE PINER MA FEMME !
Il riait. Cette phrase, ruinant l’effet d’une éducation sévère, me laissa, dans une affreuse hilarité, la constante obligation inconsciemment subie de trouver dans ma vie et mes pensées ses équivalences. Ceci peut-être éclaire « l’histoire de l’œil ».
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