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Citations sur La littérature et le mal (51)

La littérature authentique est prométhéenne. L'écrivain authentique ose faire ce qui contrevient aux lois fondamentales de la société active.
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Genet, qui écrit, n'a ni le pouvoir ni l'intention de communiquer avec ses lecteurs. L'élaboration de son oeuvre a le sens d'une négation de ceux qui la lisent. Sartre l'a vu sans en tirer la conclusion : que dans ces conditions, cette oeuvre n'était pas tout à fait une oeuvre, mais un ersatz, à mi-chemin de cette communication majeure à laquelle prétend la littérature. La littérature est communication. Elle part d'un auteur souverain, par-delà les servitudes d'un lecteur isolé, elle s'adresse à l'humanité souveraine. S'il en est ainsi, l'auteur se nie lui-même, il nie sa particularité au profit de l'oeuvre, il nie en même temps la particularité des lecteurs, au profit de la lecture. La création littéraire - qui est telle dans la mesure où elle participe de la poésie - est cette opération souveraine, qui laisse subsister, comme un instant solidifié - ou comme une suite d'instants - la communication, détachée, en l'espèce de l'oeuvre, mais en même temps de la lecture.
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Il n'y eut pas moins qu'une révolution - et le bruit des portes de la Bastille enfoncées - pour nous livrer au hasard du désordre le secret de Sade, auquel le malheur permit de vivre ce rêve (dont l'obsession est l'âme de la philosophie) : l'unité du sujet et de l'objet.
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Selon moi, le point faible de notre monde est généralement de tenir l'enfantillage pour une sphère à part, qui sans doute, en quelque sens, ne nous est pas étrangère, mais qui reste en dehors de nous, et ne saurait d'elle-même constituer, ni signifier sa vérité : ce qu'elle est vraiment. De même, en général, personne ne tient l'erreur pour constitutive du vrai... « C'est enfantin », ou « ce n'est pas sérieux » sont des propositions équivalentes. Mais enfantins, pour commencer, nous le sommes tous, absolument, sans réticences, et même il faut le dire, de la plus surprenante façon: c'est ainsi (par enfantillage) qu'à l'état naissant, l'humanité manifeste son essence. A proprement parler, jamais l'animal n'est enfantin, mais le jeune être humain ramène, lui, non sans passion, les sens que l'adulte lui suggère à quelque autre qui, lui-même, ne se laisse ramener à rien. Tel est le monde auquel nous adhérions et qui, les premières fois, jusqu'au délice, nous grisait de son innocence: où chaque chose, pour un temps, donnait congé à cette raison d'être qui la fit chose (dans l'engrenage de sens où l'adulte la suit). (p. 112)
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(...) le monde, en un mot, nous est donné quand l'image que nous en avons est sacrée, car tout ce qui est sacré est poétique, tout ce qui est poétique est sacré.
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« Kafka a considéré qu’en écrivant, il désobéissait aux siens et que, par conséquent, il se mettait dans une situation de culpabilité. Il est vrai que sa famille lui faisait sentir qu’il était mal de consacrer sa vie à écrire, que le bien c’était de suivre l’exemple que l’on avait toujours suivi dans la famille, d’avoir une activité commerciale, et qu’en se soustrayant à ce devoir, on agissait mal. [...] Je crois qu’il y a quelque chose d’essentiellement puéril dans la littérature. [...] On ne peut pas comprendre ce que signifie la littérature si on ne la situe pas du côté de l’enfant. Ce qui ne veut pas dire qu’on la situe d’une façon inférieure. »
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Le Bien se fonde sur le souci de l'intérêt commun, qui implique, d'une manière essentielle, la considération de l'avenir. La divine ivresse, à laquelle s'apparente le "mouvement primesautier" de l'enfance, est en entier dans le présent. Dans l'éducation des enfants, la préférence pour l'instant présent est la commune définition du Mal. Les adultes interdisent à ceux qui doivent parvenir à la "maturité" le divin royaume de l'enfance. Mais la condamnation de l'instant présent au profit de l'avenir, si elle est inévitable, est une aberration si elle est dernière. Non moins que d'en interdire l'accès facile et dangereux, il est nécessaire de retrouver le domaine de l'instant (le royaume de l'enfance), et cela demande la transgression temporaire de l'interdit.
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De cette façon, le Mal, envisagé authentiquement, n'est pas seulement le rêve du méchant, il est en quelque sorte le rêve du Bien.
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La communication, au sens où je voudrais l’entendre, n’est en effet jamais plus forte qu’au moment où la communication au sens faible, celle du langage profane (ou, comme dit Sartre, de la prose, qui nous rend à nous-mêmes — et qui rend le monde — apparemment péné­trables) s’avère vaine, et comme une équivalence de la nuit. Nous parlons de diverses façons pour convaincre et chercher l’accord ]. Nous voulons établir d’humbles vérités qui coordonnent à celles de nos semblables nos attitudes et notre activité. Cet incessant effort visant à nous situer dans le monde d’une manière claire et distincte serait apparemment impossible si nous n’étions d’abord liés par le sentiment de la subjectivité commune, impénétrable pour elle-même, à laquelle est impénétrable le monde des objets distincts. A tout prix, nous devons saisir l’opposition entre deux sortes de communications, mais la distinction est difficile : elles se con­fondent dans la mesure où l’accent n’est pas mis sur la communication forte. Sartre lui-même a laissé là-dessus une confusion : il a bien vu (il y insiste dans La Nausée) le caractère impé­nétrable des objets : en aucune mesure les objets ne communiquent avec nous. Mais il n’a pas situé de façon précise l’opposition de l’objet et du sujet. La subjectivité est claire à ses yeux, elle est ce qui est clair ! Il est d’une part enclin, me semble-t-il, à minimiser l’importance de cette intelligibilité des objets que nous apercevons dans les fins que nous leur donnons, et dans leur usage à ces fins. D’autre part, son attention ne s’est pas suffisamment portée sur ces moments d’une subjectivité qui, toujours et im­médiatement, nous est donnée dans la cons­cience des autres subjectivités, où la subjectivité justement apparaît inintelligible, relativement à l’intelligibilité des objets usuels et, plus généralement, du monde objectif. Cette apparence, il ne peut évidemment l’ignorer, mais il se détourne des moments où nous en avons éga­lement la nausée, parce que, dans l’instant où l’inintelligibilité nous apparait, elle présente à son tour un caractère insurmontable, un carac­tère de scandale. Ce qui est, en dernier lieu pour nous, est scandale, la conscience d’être est le scandale de la conscience, et nous ne pouvons
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Une vision immédiate de la vie est pauvre, comparée à celle que la réflexion et l'art de l'historien élaborent.
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