AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Oedipe sur la route (71)

Des cris lui échappent : "Œdipe, tout a un sens ! - Un certain sens, pas plus. - C'est trop peu. Ta parole est trop pauvre. - Je n'ai qu'elle. Je ne vais pas si loin. - Nous sommes ensemble sur la même route. - Un jour, tu iras sans moi."
Ce mot la fait soupirer sans la distraire du bonheur qui est là. La force qui la traverse rayonne à travers elle, pénètre Œdipe et fait irrésistiblement s'écrouler les séparations et les pesanteurs qui l'entravent. Alors il n'y a plus de paroles entre eux, plus de limites dans les mots, plus aucune possibilité de se soustraire à cette autre langue qui les englobe, qui est là, sur un seuil incertain, malgré la formidable certitude.
Commenter  J’apprécie          40
"Pourquoi, dit Œdipe, ne partagez-vous pas avec les plus pauvres de vos voisins le surplus que vous apporte la mer souterraine ?"
Je ne crois plus assez en l'homme, Œdipe, je ne crois peut-être plus assez en moi-même pour prendre un tel risque. Les Achéens sentiraient ma méfiance et se méfieraient eux aussi. Seule une grande reine, une héroïne pourrait susciter parmi nous les actes qui, en purifiant nos cœurs et ceux des Achéens, nous libéreraient de nos peurs réciproques.
Antigone est cette héroïne. Elle a mendié pour toi et a tout perdu et risqué pour te suivre.Elle a lavé patiemment le masque effrayant dont le parricide et l'inceste avaient recouvert ton visage. Les nôtres, les femmes surtout, qui ont en horreur la terrible image de la paternité achéenne, ont pu, grâce à elle, te comprendre et t'aimer.
Antigone explique aux enfants notre langue, nos mythes, nos histoires ancestrales comme personne ne l'a plus fait depuis l'assassinat de la Veuve. Si quelqu'un peut transmettre notre héritage, c'est elle. Je lui ai demandé à quelle source elle avait puisé ce trésor presque perdu, elle m'a répondu : "En écoutant chanter Œdipe."
Commenter  J’apprécie          80
Le lendemain, Œdipe s'assied sur le seuil de la cabane et cherche à se rappeler ce qu'il a chanté la veille. Vaine entreprise, il n'y a plus en lui d'attention profonde, plus de pensées, rien que des invocations misérables et des prières en miettes. Il entend Diotime qui gravie le chemin et s'approche. Il se lève avec une sorte de colère, il s'entend dire : "Prier, toujours prier, ça sert à quoi ?" La réponse est sans hésitation : "Ça sert à prier."
Commenter  J’apprécie          50
Le temps du bonheur n'est pas mort, mais il s'atténue. On a senti qu'il pouvait avoir une fin, on sait qu'il en aura une. Il y a encore de la tendresse, une douce spontanéité dans les soins de Calliope. Œdipe sent qu'elle le chérit toujours, il se laisse aimer et chérir par elle, mais ce n'est plus que pour un temps. Il retrouve ses forces et avec elles les obstacles et les murs de la réalité.
Commenter  J’apprécie          60
Il ne voulait pas me tuer, mais me lier à jamais par l'obéissance de la terreur et de la haine. J'ai senti confusément le soleil disparaître, la fraîcheur de la nuit descendre. Il y a eu près de moi une présence bienfaisante, était-ce lui, la musique de sa flûte ou seulement sa pensée ? Je ne le saurai jamais.
Commenter  J’apprécie          50
"Alors tu penses que, moi aussi, je suis amoureuse de toi, - Ça se voit non ? -Ça se voit !" Antigone est honteuse, atterrée : "Tandis que toi, naturellement..." Il s'arrête en face d'elle, avec le sourire noir qu'elle aime tant, et la coupe : "Moi, je désire, je n'aime plus." Œdipe, qui est un peu devant eux, s'arrête et dit : "Vraiment?"
Commenter  J’apprécie          60
Œdipe soupire et ne répond pas. Clios reprend : " Ce matin quand tu m'as appelé j'ai senti que tu étais étais ma dernière chance. - Je ne t'ai pas appelé, je ne suis la chance de personne. Je n'appelle personne." Alors Antigone : "Tu l'as appelé comme tu m'as appelée à Thèbes. Tu l'appelles encore dans ton cœur, tu l'ignores parce que tu ne connais pas ton cœur."
Commenter  J’apprécie          40
Elle voudrait lui raconter son rêve mais elle a peur de l'affaiblir en le faisant entrer dans le tissu incertain des mots et puis il faut qu'elle aille travailler.
Commenter  J’apprécie          40
Œdipe a repris des forces, ils repartent. Ils suivent une route hésitante, pleine de détours et de retours en arrière. Antigone ne s'inquiète plus de la lenteur ni de la pesanteur du pas d’Œdipe. Elle ne s'effraie plus de ses moments de vertige ni de la fréquence de ses chutes. Elle ne sait plus si c'est une maladie ou la route interminable qui pèse ainsi sur lui et provoque ce tremblement dans ses gestes et cette incertitude dans sa démarche. Elle accepte de le voir s'arrêter, chercher, changer constamment de direction comme s'il s'était heurté à d'invisibles obstacles. Il est entré dans un vaste labyrinthe dont il est seul à éprouver les aspérités et les risques. Ce n'est que par essais, tâtonnements et patientes tentatives qu'il pourra le traverser, mais elle est sure qu'il y parviendra.
Commenter  J’apprécie          30
Ce n'était pas la Sphinx qui tuait mais la peur.
La peur des questions enfantines qui semblaient recouvrir un piège.
Jour qui engendre la nuit. Nuit enceinte de la lumière.
Vie qui commence à quatre pattes, s'élève à deux et trois survient.
Comment croire que c'était la naissance, l'évidence fondamentale
Quant à tant chercher la réponse, ils n'entendaient plus la question ?
Commenter  J’apprécie          90






    Lecteurs (823) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Freud et les autres...

    Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

    3
    4
    5
    6

    10 questions
    436 lecteurs ont répondu
    Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}