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Citations sur Couma acò (11)

Et il m’a appris à faire les murs. Les murs dans lesquels les racines s’enfoncent. Des cailloux, des pierres, des murs, il y en a beaucoup dans la campagne de mon enfance. Ils retenaient la terre fugace. Il y en avait toujours un qui s’écroulait. Alors le vieux Squinabe le remontait. Squinabe, c’était le surnom de John Carney. Je n’ai jamais bien su pourquoi. Peut-être à cause de l’esquine, et c’est vrai que le pépé était fort avec son dos. Il commençait par nettoyer soigneusement, comme un dentiste une carie. Je rangeais les pierres en catégories, les petites, mes moyennes, lui s’occupait des grosses. Ensuite il faisait le mur. Le mur. La muraille. La riba. Il doit être un peu oblique, penché vers l’amont. Les grosses pierres en façade. Derrière, d’autres viennent s’imbriquer en elles. Derrière encore, les moyennes, les petites, et enfin la terre. Mais tout ça, c’est de la technique, et la technique n’est rien sans a beauté. Et depuis les Grecs, c’est la beauté qui faisait tenir longtemps les murs de pierres sèches. Squinabe se reculait, scrutait son œuvre, hésitait, s’avançait, changeait de cailloux au dernier moment, sans raison apparente. Comme un peintre, ou un sculpteur. Il ne connaissait pas les Grecs. Il ne savait même pas l’existence de ce pays. Il m’a appris à reconnaître la beauté. Au cours de chaque reconstruction, je l’ai vu jeter à l’intérieur du mur, une boîte de sardines vide. Aujourd’hui, quand un de ces murs s’écroule, je vais fouiller le talus. Il m’arrive de retrouver une boite de sardines rouillée. John qui ne savait même pas écrire son nom signait ses œuvres.
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Des hommes ont habité là .
Quand je frappe avec ma serpe sur les ronces
qui effacent les chemins
je sens ces hommes dans mon bras.
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Mon idée était : je vais faire tourner mon magnétoscope intérieur, histoire de vérifier les films anciens qui ont tendance à s’effacer. Et peut-être aussi le besoin de revoir ces bandes pour mieux comprendre dans quels paysages je mache aujourd’hui. Je choisis un montage simple. De petites séquences collées sans trop de logique apparente. Je fais des images dépouillées. Je ne me sers d’aucun document, vu que plus on essaie d’approcher la vérité, plus elle fout le camp. Mon idée me plaisait bien. Mais la connerie étant plus grande que la mer, je me trouve ce matin sans horizon. Je me dis que le mieux est de foutre en l’air mes souvenirs qui iront dans quel lointain après ce qui va se passer ? Et que moi, j’aille me foutre à l’eau.
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Un bœuf à l’abattoir. C’était pour nous une fête, un carnaval, avec la mort au bout. Nous suivions le ruminant comme peut-être le peuple suivait la charrette du condamné à mort. Au début avec des rires. Des moqueries envers le supplicié. Et puis, au bout de la rue, la porte ouverte et noire de l’abattoir devenait visible. Alors s’installait un silence d’église. On s’approchait encore, l’odeur du sang et de la charogne empuantissait l’air. Le bœuf refusait d’avancer. Les garçons bouchers le frappaient. Dès que la bête franchissait le seul de la porte noire, un homme caché derrière celle-ci lui donnait un grand coup avec une espère de masse. En principe, le bœuf, le crâne défoncé, s’écroulait d’un bloc. Mais une fois, il fit demi-tour sur lui-même, avant de s’affaisser sur les pattes antérieures. Le boucher se pencha sur lui, et lui ouvrit la gorge. Normal. Mais l’énorme bête se releva et sortit de l’abattoir. Le sang sortait de son cou, comme d’un tuyau sectionné. Le bœuf ne fit sûrement que quelques mètres. Mais nous, la mort agrippée à la nuque, nous courions. Nous courons encore.
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C’était un drôle de type. Ma mère racontait qu’une fois, elle avait dix ans, il l’avait obligée à retourner au village, seule, et à la nuit tombante, parce qu’elle avait oublié le tabac dans ses courses. Il faut ajouter qu’avec sa famille, elle habitait l’été dans une maison isolée à deux heures de marche du village, que c’était en 1920 et qu’il circulait encore des histoires de loup. Elle disait aussi qu’il rentrait souvent saoul à la maison, que dans ces cas-là, il battait sa femme, ma grand-mère, morte de fatigue, de coups et de pauvreté, bien avant ma naissance. Mais je crois qu’en 1820, c’était comme ça pour beaucoup de femmes de Villars mon village.
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Ça n’avait pas dû être tout rose pour lui. Il était né quelque part en Angleterre et peu après abandonné à l’Assistance Publique française. Son nom : John Carney. Un petit Anglais perdu à Nice, et élevé par des paysans. Tout jeune, il avait travaillé dans uen boucherie. C’est ce qui avait dû lui sauver la vie en 14-18. Des Grandes Vacances, au village, ils furent peu à revenir. Faut dire aussi que John Carney avait eu la chance de s’entraîner, lors d’un voyage précédent, en 1898, à Fachoda, au Soudan. Avec la mission Marchand. Pourtant, 35 ans après la grande guerre, cette brute criait toujours les mots d’ordre : La Marne, L’Eyser… à intervalles réguliers. Réminiscence de cauchemars.
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Les soirs d’été, dans les rues, sur les placettes, les villageois se réunissaient. C’étaient les veillées. L’idéologie qui se transmettait le long de ces soirées était plus réactionnaire, plus débile, plus con que celle qui passe lors de la plus nulle des émissions télé.
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Mon frère a un regard fait de rire et d’attention. C’était… C’est toujours, une des plus belles choses du monde.
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Aujourd’hui des hommes meurent dans un enfer fabriqué par d’autres hommes.
Je hais cette tuerie.
Je déteste presque autant l’anachronisme de la chose.
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