Citations sur Si tout n'a pas péri avec mon innocence (29)
... nous les enfants, nous sommes trop petits et trop faibles pour le sort que nous font les adultes - sans compter celui que nous inflige nos pairs, la meute avide des petits loups pour l'homme.
Je me dresserai sur les décombres de ma propre enfance, qui n'a jamais pu avoir lieu, faute d'adultes raisonnables autour de moi.
Contrairement à beaucoup de mères, qui manifestent pour leurs fils une préférence éhontée, la mienne ne s'est jamais préoccupée de Lorenzo et d'Esteban, comme si elle les avait pondus par inadvertance et se retournait de temps en temps pour leur jeter un coup d'oeil surpris : "Tiens, tiens, mais à qui sont ces petits garçons ?".
- C'était quoi cette manie d'appeler les filles avec des prénoms de garçons, Claudette, Michèle, Françoise, Georgette ?
- Parce qu'on était toutes des déceptions pour nos parents : ils espéraient un garçon, et vlan, ils devaient se contenter d'une fille.
Mais c'est tellement facile d'aimer sa mère, son père ou son frère ! C'est tellement plus simple que de s'amouracher d'un étranger avec qui on ne partage ni gènes, ni langages, ni souvenirs communs ! Comment s'étonner que la plupart des gens choisissent cette facilité, cette sécurité et cette continuité ?
En tout cas, moi ça m'emmerde, la vie, les gens, et la communication, tous ces efforts de communication qu'on est obligé de faire sans cesse tout en étant sûr de ne pas être compris. Tout d'un coup, je suis fatiguée, de moi-même pour commencer, mais aussi de tous les efforts encore à faire pour maintenir un semblant de vie sociale et de vie tout court.
C’est juste que la vie est trop dure pour moi qui suis trop doux.
- Je suis née à Kouba, moi, vous savez.
- Vous êtes une rapatriée ?
- C'est plutôt l'inverse, mais si vous voulez.
- Comment ça l'inverse ?
- C'est l'Algérie qui était ma patrie.
Sauf que moi, justement, je vais faire très attention : je vais aimer Charonne sans souhaiter sa diminution ; je ne me sentirai pas grandie si elle pleure, si elle souffre, si elle faiblit.
La procréation médicalement assistée, quand on n'aime pas baiser, c'est génial. Ça vous permet d'évincer votre partenaire et de faire ça avec une mère, une sœur, une copine, la personne de votre choix, celle que vous aimez vraiment, et qui n'est pas forcément votre donneur de sperme attitré.
Ça vous permet aussi d'avoir affaire à un cathéter plutôt qu'à un pénis en érection, et ça c'est appréciable si comme la plupart des femmes on a développé une phobie de l'appareil génital masculin.