Alors, Mrs Raisin ? Une déclaration à faire ?
- Oui. Allez vous faire foutre.
- Je vais chercher Bella, dit le colonel avant de disparaître derrière la maison.
- Prenez ceci, ma chère, dit sa femme à la détective en lui tendant une écharpe en soie. Sinon, votre chapeau sera envolé dans deux secondes.
- Un sonore cliquetis mécanique, deux ou trois explosions, et le grondement bruyant d’un moteur annoncèrent l’arrivée imminente de Bella. Un instant plus tard, le colonel apparut au volant d’un vieux coupé de l’entre-deux guerres aux immenses roues à rayons d’acier, sans toit ni fenêtres hormis un minuscule pare-brise et sans beaucoup de carrosserie non plus. La roue de secours était accrochée sur le côté et, montés sur les ailes proéminentes, les énormes phares ressemblaient à des yeux de mouche vus au microscope. C’était le genre d’automobile qu’aurait pu conduire le vaniteux baron Têtard dans le Vent dans les saules. « C’est un coupé Bentley de 1931, cria Jen par-dessus le rugissement du moteur, bien qu’à l’arrêt la cacophonie fut un peu moindre. Un trésor qui fait la joie et la fierté de mon mari.
- Voyez-vous, Tamara, Roy est une sorte de génie de la communication et du marketing. C’est lui qui est derrière le succès de Wizz–Wazz, l’ânesse.
- Je le savais bien, que je vous avais reconnue ! »
- Tamara se tourna vers Agatha, qui vit qu’un déclic s’était fait dans sa tête. « Vous êtes la femme à l’ânesse, la détective qu’on a vue à la télévision crier « Nom d’un salopard à sonn… ».
- Aucun rapport avec notre affaire, coupa sèchement Agatha, qui préférait passer sur le peu glorieux quart d’heure de célébrité que lui avait valu son apparition devant les caméras avec un Wizz-Wazz saisie de flatulences.
« Le fond de la grange est resté un fenil à l’ancienne, expliqua Tamara en la désignait, mais le devant a été transformé en spa.
- Magnifique ! dit Agatha. Se détendre dans un bain bien chaud après avoir été secoué sur une de vos selles, ce doit être un grand soulagement… pour le postérieur !
- Ce n’est pas un spa pour les cavaliers, s’amusa Tamara. C’est pour les chevaux ! »
S'il le faut, tords-leur le bras. Et surtout, n'hésite pas à les embobiner. A mentir. A faire du chantage. La hache de guerre est déterrée. Je veux tout savoir !
- Ne dites rien, l'interrompit Toni, vos excuses sonnent toujours faux.
- Comment ça, elles sonnent faux ? s'insurgea Agatha. Mes excuses sont toujours sincères ! Vous n'en trouverez pas de meilleures sur le marché !