Eh bien, les femmes comme moi, ici dans le nord de l'Ecosse, on passe nos soirées assises devant la télé, à baver devant des gens magnifiques. Magnifiques , et pas pétris de morale. Pas étonnant qu'un jour on finisse par se dire : moi aussi, je veux ma part du gâteau. Sauf que le gâteau, dans le coin, c'est une nuit sordide avec un représentant de commerce.
Hamish jeta un regard lugubre par la fenêtre. Une bruine régulière tombait - voilà ce que les habitants des Highlands, les vrais, appelaient une "belle journée".
Tenez, quand un homme est malade, par exemple, c'est une grippe foudroyante, mais quand c'est une femme, ce n'est rien qu'un mauvais rhume, et puis de quoi elle se plaint, encore ?
- Que s'est-il donc passé à Lochdeube ? demanda-t-elle.
- Lochdubh, rectifia gentiment Hamish. Cela se prononce Lochdou.
Ça, quand on est une jeune fille, pour nous bourrer le crâne de romances, il y a du monde au portillon. Mais pour nous expliquer ce que c'est que la vie, la vraie, c'est une autre histoire.
Tâchant de passer outre sa gueule de bois (...). Il se rasa, s'habilla et jeta deux aspirines dans un verre, grimaçant au son des comprimés qui se dissolvaient dans l'eau. Malgré tout le progrès du monde, ils ne sont pas fichus de fabriquer des comprimés qui la bouclent, pensa-t-il amérement.
On reconnait bien là les villageois qui, quelques années auparavant, avaient délogé les poubelles métalliques du quai pour en faire des casiers à homards.
Les éboueurs, ceux qui ôtent la boue, ramassent la saleté, récoltent la poussière.
- Je ne vois pas ce que tu aurais pu faire d’autre.
Il haussa les sourcils, stupéfait.
- Enfin, Hamish, tu sais bien que tu peux toujours te fier à ton intuition. Bien plus qu’à ton cerveau, ajouta-t-elle.
Il retomba immédiatement de son nuage.